
La qualité de l’eau, défi sanitaire et économique mondial
La Banque mondiale rejoint les associations écologistes en pointant l’azote utilisé comme engrais comme l’une des principales causes de la mauvaise qualité de l’eau. La santé en pâtit : « La conjonction de bactéries, d’eaux usées et de produits chimiques et plastiques peut extirper l’oxygène de l’approvisionnement en eau et transformer l’eau en poison pour les êtres humains et les écosystèmes ». Les enfants, notamment, exposés aux nitrates dès leur plus jeune âge, souffrent souvent de problèmes de croissance et de développement cérébral. Alors qu’un kilogramme d’engrais azoté par hectare augmente les rendements agricoles d’environ 5 %, le ruissellement et les rejets qui l’accompagnent risquent de retarder de 19 % la croissance des enfants. Ces répercussions sur leur santé affecteront plus tard leur capacité à gagner leur vie, explique le rapport. Outre l’impact de cette pollution sur la santé, la salinité croissante de l’eau et des sols causée par la surexploitation agricole affecte les rendements agricoles. Parmi les régions les plus touchées, plusieurs pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Au Maroc, au Niger, au Nigéria, au Sénégal, au Liban, la quantité de nitrate dans les eaux dépasse souvent les seuils de sécurité conventionnels.
La Banque centrale appelle donc les pouvoirs publics, souvent plus sensibles aux arguments économiques qu’écologiques, à prendre d’urgence des mesures efficaces : établissement de normes environnementales, construction d’infrastructures de traitement des eaux. Dans chaque pays et quel que soit son niveau de développement, assainir l’eau est un défi de taille, mais pas « insurmontable », conclut la BM, pourvu que l’on combine l’information, la prévention et l’investissement.