Culture
La langue « inclusive » ? On y perd son français !
Les féministes ont entrepris de « féminiser » la langue française en n’hésitant pas à la « déconstruire ». Partant du constat qu’il serait impossible à des femmes de s’identifier à des mots grammaticalement masculins, tels que « auteur », « médecin » ou « jardinier », les féministes veulent imposer des termes malséants ou malsonnants, tels que « auteure », « autrice », ou rendus équivoques tels que « médecine », malaisément applicable à une personne, ou « jardinière » réservé jusqu’à présent à des garnitures, récipients ou tables.
Cette tentative dictée par l’idéologie serait vouée à l’échec si elle n’était favorisée par une inculture qui n’épargne plus les élites. On ne sait plus distinguer le genre grammatical du genre sexuel. L’une des particularités de la langue française est en effet qu’elle regorge de termes grammaticalement genrés, mais sémantiquement neutres, décorrélés du sexe de la personne qu’ils désignent ou qualifient. Ainsi de nombreux noms de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Un homme peut être une personne, une recrue, une sentinelle, une vedette, une vigie, une étoile, une lumière, une sommité, une nullité, une canaille, une fripouille, ou encore son excellence l’ambassadeur, son altesse royale…sans provoquer l’émoi des féministes (le respect de la sacro-sainte « parité » n’exigerait-il pas d’imposer « un recru », « un sentinel » « un canail » ?) Mais appeler une femme « madame le ministre », en dissociant la personne de sa fonction, devient un crime de lèse-féminité (il semble néanmoins encore permis de dire d’une femme qu’elle est un génie ou un prodige, plus délicat d’affirmer qu’elle est un vrai tyran !). Par ailleurs, est-il vraiment plus gratifiant pour une femme d’être qualifiée de « meilleure des chercheuses » plutôt que « des chercheurs », ou « des cheffes d’orchestre » (« cheffes », « chèfes », « cheftaines » ?) plutôt que « des chefs d’orchestre », hommes et femmes confondus ?
Les féministes dénoncent aussi la règle de la prétendue « supériorité » du masculin qui impose le pluriel « ils » pour désigner une assemblée mixte. Horreur : le masculin l’emporterait sur le féminin ! Mais en réalité, ce « ils » a une valeur neutre tout comme l’expression « les personnes présentes » désignant sous une forme féminine indifféremment des hommes, des femmes, ou une assemblée mixte. Cette règle du pluriel neutre nous épargnait jusqu’à ces temps derniers les fastidieux « celles et ceux », « toutes et tous » auxquels ne dérogent pas les tenants du « socialement correct », personnel politique en tête.
Cette prétendue « supériorité » du masculin s’est imposée au fil de siècles. Les linguistes féministes y voient un obscurantisme propice aux « stéréotypes de genre » imposés par des grammairiens misogynes au XVIIème siècle. C’est leur prêter un pouvoir créateur de la langue qui n’appartient qu’au peuple, collectivement, de génération en génération. Il n’y a en réalité aucune conclusion idéologique à tirer de la prééminence du masculin sur le féminin ou du féminin sur le masculin. Le « bon usage » résulte… de l’usage, non d’un dictat de grammairiens. C’est l’usage qui fait émerger peu à peu des noms de métier sous une forme féminine : « une pianiste », « une avocate », « une directrice », « une aviatrice » sont entrés sans heurts dans notre langue avec la présence croissante des femmes dans ces métiers ou fonctions. En revanche « proviseuse », « gardienne des Sceaux », « officière » ou « commandeuse » de la Légion d’Honneur, nous font grincer les oreilles, c’est ainsi. En violant la langue, on ne lui fait pas de beaux enfants ! Laissons donc libre cours au génie de la langue en lui donnant du temps pour féminiser ou non, des noms de métiers, de fonctions ou de dignités, selon son bon plaisir.
Terminons sur ce paradoxe : la tentative actuelle de féminisation forcée de la langue aboutit en réalité à sa « genrisation » tout comme la traque d’un prétendu « racisme systémique » conduit au « racialisme » qui empoisonne aujourd’hui l’université et rend maboule le syndicat étudiant UNEF (cf. LSDJ n°1231). La même remarque s’applique à l’écriture « inclusive », comme le pointait en septembre dernier un manifeste de 32 linguistes publié par l’hebdomadaire Marianne (en lien ci-dessous). L’écriture inclusive n’a pas pour seuls défauts d’entraver la lecture et d’être imprononçable avec ses points médians et parenthèses (comment prononcer cher.e.s ?) : elle détruit le neutre qui, lui, est en réalité véritablement inclusif ! En introduisant la spécification forcée du sexe, l’écriture dite « inclusive » consacre une dissociation sexiste ! Autant de bonnes raisons de dire zut aux « inclusivistes » ! Non à la police de la langue ! Vive le français libre !
Cette tentative dictée par l’idéologie serait vouée à l’échec si elle n’était favorisée par une inculture qui n’épargne plus les élites. On ne sait plus distinguer le genre grammatical du genre sexuel. L’une des particularités de la langue française est en effet qu’elle regorge de termes grammaticalement genrés, mais sémantiquement neutres, décorrélés du sexe de la personne qu’ils désignent ou qualifient. Ainsi de nombreux noms de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Un homme peut être une personne, une recrue, une sentinelle, une vedette, une vigie, une étoile, une lumière, une sommité, une nullité, une canaille, une fripouille, ou encore son excellence l’ambassadeur, son altesse royale…sans provoquer l’émoi des féministes (le respect de la sacro-sainte « parité » n’exigerait-il pas d’imposer « un recru », « un sentinel » « un canail » ?) Mais appeler une femme « madame le ministre », en dissociant la personne de sa fonction, devient un crime de lèse-féminité (il semble néanmoins encore permis de dire d’une femme qu’elle est un génie ou un prodige, plus délicat d’affirmer qu’elle est un vrai tyran !). Par ailleurs, est-il vraiment plus gratifiant pour une femme d’être qualifiée de « meilleure des chercheuses » plutôt que « des chercheurs », ou « des cheffes d’orchestre » (« cheffes », « chèfes », « cheftaines » ?) plutôt que « des chefs d’orchestre », hommes et femmes confondus ?
Les féministes dénoncent aussi la règle de la prétendue « supériorité » du masculin qui impose le pluriel « ils » pour désigner une assemblée mixte. Horreur : le masculin l’emporterait sur le féminin ! Mais en réalité, ce « ils » a une valeur neutre tout comme l’expression « les personnes présentes » désignant sous une forme féminine indifféremment des hommes, des femmes, ou une assemblée mixte. Cette règle du pluriel neutre nous épargnait jusqu’à ces temps derniers les fastidieux « celles et ceux », « toutes et tous » auxquels ne dérogent pas les tenants du « socialement correct », personnel politique en tête.
Cette prétendue « supériorité » du masculin s’est imposée au fil de siècles. Les linguistes féministes y voient un obscurantisme propice aux « stéréotypes de genre » imposés par des grammairiens misogynes au XVIIème siècle. C’est leur prêter un pouvoir créateur de la langue qui n’appartient qu’au peuple, collectivement, de génération en génération. Il n’y a en réalité aucune conclusion idéologique à tirer de la prééminence du masculin sur le féminin ou du féminin sur le masculin. Le « bon usage » résulte… de l’usage, non d’un dictat de grammairiens. C’est l’usage qui fait émerger peu à peu des noms de métier sous une forme féminine : « une pianiste », « une avocate », « une directrice », « une aviatrice » sont entrés sans heurts dans notre langue avec la présence croissante des femmes dans ces métiers ou fonctions. En revanche « proviseuse », « gardienne des Sceaux », « officière » ou « commandeuse » de la Légion d’Honneur, nous font grincer les oreilles, c’est ainsi. En violant la langue, on ne lui fait pas de beaux enfants ! Laissons donc libre cours au génie de la langue en lui donnant du temps pour féminiser ou non, des noms de métiers, de fonctions ou de dignités, selon son bon plaisir.
Terminons sur ce paradoxe : la tentative actuelle de féminisation forcée de la langue aboutit en réalité à sa « genrisation » tout comme la traque d’un prétendu « racisme systémique » conduit au « racialisme » qui empoisonne aujourd’hui l’université et rend maboule le syndicat étudiant UNEF (cf. LSDJ n°1231). La même remarque s’applique à l’écriture « inclusive », comme le pointait en septembre dernier un manifeste de 32 linguistes publié par l’hebdomadaire Marianne (en lien ci-dessous). L’écriture inclusive n’a pas pour seuls défauts d’entraver la lecture et d’être imprononçable avec ses points médians et parenthèses (comment prononcer cher.e.s ?) : elle détruit le neutre qui, lui, est en réalité véritablement inclusif ! En introduisant la spécification forcée du sexe, l’écriture dite « inclusive » consacre une dissociation sexiste ! Autant de bonnes raisons de dire zut aux « inclusivistes » ! Non à la police de la langue ! Vive le français libre !