Économie
La guerre du champagne est déclarée
C’est une question de principe avant même d’être une question d’argent : Moscou vient de décider de réserver l’appellation champagne aux vins russes et de déclasser les bouteilles produites en France en « vin mousseux ». Les maisons de champagne française sont vent debout, tandis que le gouvernement demande la suspension de cette loi. Signée le 2 juillet dernier, elle oblige en effet désormais les distributeurs de champagne à remplacer le terme « champagne » par celui de « vin pétillant » sur la contre-étiquette des bouteilles écrites en cyrillique. Dans ce pays qui a toujours, des tsars à nos jours, été amateur de bulles, la dénomination « champanskoïe » serait désormais réservée aux producteurs russes de vins pétillants.
Alors que la Russie représente seulement le quinzième marché du Champagne à l’export, avec environ 1,8 million de bouteilles sur les 150 millions exportées chaque année, l’Union des Maisons de Champagne ne souhaite pas partir en guerre contre « des amis du champagne ». Pour autant, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne conseille aux producteurs de ne pas se plier à la nouvelle loi russe, quitte à suspendre temporairement les exportations. Pas question pour les marques françaises d’adapter les étiquettes, alors qu’elles commencent à préparer les expéditions en vue des fêtes de fin d’année.
À l’heure actuelle, 120 pays reconnaissent l’AOC champagne, alors que le Comité Champagne défend vertement son terroir, ses vignes et son appellation. Pour autant, nombre de pays ne se gênent pas pour baptiser leurs mousseux produits en cuve Champagne, tels les États-Unis, l’Argentine et certains pays de l’est. Mais pourquoi interdire soudain aux Français d’utiliser le terme en Russie ? Il faut sans doute voir là une pure question de nationalisme économique, alors qu’une partie du raisin servant à produire le shampanskoye vient de la péninsule de Crimée, rattachée à l’Ukraine et annexée en 2014. À noter qu’au moins, cette nouvelle loi réservera l’appellation shampanskoye aux vins élaborés avec la méthode traditionnelle de fermentation en bouteille. Ce qui ne changera rien au fait qu’une bouteille de shampanskoye vaudra toujours dix fois moins cher qu’un champagne français, proposé à environ 15 000 roubles. Peut-être faudra-t-il compter sur l’art de la négociation de Bernard Arnault, dont le groupe LVMH détient plus de la moitié du marché du champagne, pour régler ce casus bulleux avec la Russie ?
Les Russes peuvent de toutes façons compter sur leurs propres productions. Ainsi, Abrau-Durso, le plus prestigieux des « champagnes » russes, était jadis bu par les tsars et est aujourd’hui servi au Kremlin. Produit au bord du lac Abrau, dans la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, Nicolas II ayant ordonné de bâtir un domaine viticole sur les bords de la mer Noire, il a remporté différentes prix lors de compétitions internationales. Dès sa création, ce sont d’ailleurs des experts français qui veilleront sur le développement du domaine aux côtés de vignerons russes. C’est un directeur d’Abrau-Durso, Anton Frolov-Bargueïe qui inventera le Sovetskoïé champanskoïé, le « Champagne soviétique » cher à Staline. En 2006, le domaine sera racheté par l’oligarque russe Boris Titov, ses vins disposant désormais d’une indication géographique. Un oligarque qui, en 2010, a également racheté le Château d’Avize, où il produit du champagne issu de l’agriculture biologique. Faut-il y voir un hasard ? Vladimir Poutine a déclaré en janvier dernier qu’une fois sa carrière politique achevée, il se verrait bien travailler chez… Abrau-Durso !
Alors que la Russie représente seulement le quinzième marché du Champagne à l’export, avec environ 1,8 million de bouteilles sur les 150 millions exportées chaque année, l’Union des Maisons de Champagne ne souhaite pas partir en guerre contre « des amis du champagne ». Pour autant, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne conseille aux producteurs de ne pas se plier à la nouvelle loi russe, quitte à suspendre temporairement les exportations. Pas question pour les marques françaises d’adapter les étiquettes, alors qu’elles commencent à préparer les expéditions en vue des fêtes de fin d’année.
À l’heure actuelle, 120 pays reconnaissent l’AOC champagne, alors que le Comité Champagne défend vertement son terroir, ses vignes et son appellation. Pour autant, nombre de pays ne se gênent pas pour baptiser leurs mousseux produits en cuve Champagne, tels les États-Unis, l’Argentine et certains pays de l’est. Mais pourquoi interdire soudain aux Français d’utiliser le terme en Russie ? Il faut sans doute voir là une pure question de nationalisme économique, alors qu’une partie du raisin servant à produire le shampanskoye vient de la péninsule de Crimée, rattachée à l’Ukraine et annexée en 2014. À noter qu’au moins, cette nouvelle loi réservera l’appellation shampanskoye aux vins élaborés avec la méthode traditionnelle de fermentation en bouteille. Ce qui ne changera rien au fait qu’une bouteille de shampanskoye vaudra toujours dix fois moins cher qu’un champagne français, proposé à environ 15 000 roubles. Peut-être faudra-t-il compter sur l’art de la négociation de Bernard Arnault, dont le groupe LVMH détient plus de la moitié du marché du champagne, pour régler ce casus bulleux avec la Russie ?
Les Russes peuvent de toutes façons compter sur leurs propres productions. Ainsi, Abrau-Durso, le plus prestigieux des « champagnes » russes, était jadis bu par les tsars et est aujourd’hui servi au Kremlin. Produit au bord du lac Abrau, dans la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, Nicolas II ayant ordonné de bâtir un domaine viticole sur les bords de la mer Noire, il a remporté différentes prix lors de compétitions internationales. Dès sa création, ce sont d’ailleurs des experts français qui veilleront sur le développement du domaine aux côtés de vignerons russes. C’est un directeur d’Abrau-Durso, Anton Frolov-Bargueïe qui inventera le Sovetskoïé champanskoïé, le « Champagne soviétique » cher à Staline. En 2006, le domaine sera racheté par l’oligarque russe Boris Titov, ses vins disposant désormais d’une indication géographique. Un oligarque qui, en 2010, a également racheté le Château d’Avize, où il produit du champagne issu de l’agriculture biologique. Faut-il y voir un hasard ? Vladimir Poutine a déclaré en janvier dernier qu’une fois sa carrière politique achevée, il se verrait bien travailler chez… Abrau-Durso !