Économie
La fin du « Peak oil »
Le « Peak oil » correspond au moment où la production de pétrole (ou de gaz) atteint un plafond et ne peut plus s'accroitre. Il est suivi logiquement par un déclin de cette production du fait de l'épuisement des réserves.
Historiquement cette théorie a été énoncée en 1956, par Marion King Hubbert, lorsqu'il a constaté que la production américaine atteignait un plafond et que les États-Unis allaient devoir dépendre de plus en plus du monde extérieur pour satisfaire leur consommation. Une question de simple logique, qui a conduit les États-Unis à chercher à anticiper.
En 1945, en rentrant de Yalta, Roosevelt rencontre Abdelaziz Al Saoud, sur le croiseur Quincy, pour signer un pacte dans lequel l'Arabie Saoudite s'engageait à fournir les États-Unis en pétrole en contrepartie d'une protection militaire. En fait, il s'agissait d'un accord à long terme pour la gestion de la ressource au niveau mondial.
Pendant les années qui suivent, le marché sera géré par les « 7 sœurs » (les 7 grandes compagnies anglo-saxonnes). Le développement exponentiel de la consommation, dû en particulier à un prix trop bas du pétrole, entraîne la création de l'OPEP. La forte hausse des prix qui s'ensuit conduit d'abord à réduire la consommation mondiale avant qu'elle ne croisse de nouveau à un rythme plus acceptable.
Dès 1989, cependant, le biochimiste Colin Campbell tire le signal d'alarme, en affirmant, au vu des connaissances de l'époque, que la production atteindrait inexorablement un pic dans les années 90. La guerre du Golfe de 1990 peut être vue comme une réaction directe des USA, afin de mettre sous cocon la production irakienne pour 10 ans. C'est impressionné par ces raisonnements apparemment sans faille que nous nous sommes lancés dans l'aventure Maurel et Prom pour profiter de cette opportunité… Et les prix du baril montèrent effectivement de 15 à 20 $ début 2000 puis à 50 $ vers 2005 et 100 $ après 2010.
Mais la pénurie annoncée a mis en marche l'intelligence humaine, un instrument redoutable, qui a permis de dévoiler le potentiel des pétroles non conventionnels : pétrole de roche mère, pétrole sous-marin à grande profondeur, pétrole lourd dont l'exploitation devenait rentable grâce aux progrès technologiques et à la hausse des prix. Ceci a multiplié par 5 ou 10 les réserves sur lesquelles raisonnaient Hubbert ou Campbell. Cela rendait le futur plus confortable mais la consommation des nouveaux venus (Chine, Inde) et les besoins de l'industrie chimique soutenaient la demande.
Inversement, divers groupes de pression ont eu tendance à rendre difficile le financement des recherches nouvelles et leur développement. Seules les compagnies bien établies (ou les États qui leur sont liés) ont les moyens de le faire, en profitant des réserves accumulées dans le passé. Il y a là pour eux des sources de profits considérables et les embargos ou interdictions à géométrie variable servent également aux acteurs dominants pour ajuster le marché et défendre leurs intérêts.
Les États-Unis, quant à eux, ont mis au point une nouvelle technique d'extraction dans les années 2000. Elle consiste à forer de longs drains dans les réservoirs de pétrole immatures (shale oil) et à les faire produire en les fracturant avec diverses méthodes : les fameux pétroles de schiste. Ces gisements plus ou moins faciles à exploiter ont un profil de production toujours semblable : immédiatement après le forage, on produit plusieurs centaines de barils/jour de pétrole léger et la production chute de 90 % en moins d'un an. En revanche, ce puit va produire du gaz pendant de nombreuses années.
Ce pétrole de schiste change aujourd'hui complètement la donne. La production américaine est passée de 7 millions de barils jours en 2007 à 13 millions de barils jours aujourd'hui, et leur production de gaz a doublé, les faisant passer d'importateur à exportateur. Leurs sept installations d'importation de gaz naturel liquéfié sont converties rapidement et à faible coût en port d'exportation par l'installation de compresseurs pour liquéfier le gaz.
La vision américaine est simple : ils voulaient leur indépendance énergétique. Pour pouvoir produire suffisamment de pétrole il faut donc, soit que le prix du pétrole soit très élevé et brûler le gaz en excédent, soit maintenir un prix du pétrole raisonnable avec un export de gaz à un prix satisfaisant. Ils exportent ainsi aujourd'hui du pétrole léger (pétrole de schiste) et importent du pétrole lourd pour ne pas avoir à modifier leurs raffineries. La crise en Ukraine permet un développement considérable des exportations de gaz, ce qui assure, et pour longtemps, la rentabilité de la production de pétrole au prix actuel. En parallèle, pour satisfaire les « farmers » le niveau raisonnable du prix du pétrole permet de transformer une bonne partie de la récolte de maïs en pétrole vert.
Au final, la hausse des prix actuelle a un effet très clair : c'est qu'il n'y a plus de « peak oil ». Car, même si ce n'est concevable qu'à un coût élevé et moyennant des investissements colossaux, à partir d'un certain niveau de prix on peut produire autant d'énergie dite « renouvelable » que l'on veut. Le paysage du monde énergétique est donc aujourd'hui complètement transformé…
Historiquement cette théorie a été énoncée en 1956, par Marion King Hubbert, lorsqu'il a constaté que la production américaine atteignait un plafond et que les États-Unis allaient devoir dépendre de plus en plus du monde extérieur pour satisfaire leur consommation. Une question de simple logique, qui a conduit les États-Unis à chercher à anticiper.
En 1945, en rentrant de Yalta, Roosevelt rencontre Abdelaziz Al Saoud, sur le croiseur Quincy, pour signer un pacte dans lequel l'Arabie Saoudite s'engageait à fournir les États-Unis en pétrole en contrepartie d'une protection militaire. En fait, il s'agissait d'un accord à long terme pour la gestion de la ressource au niveau mondial.
Pendant les années qui suivent, le marché sera géré par les « 7 sœurs » (les 7 grandes compagnies anglo-saxonnes). Le développement exponentiel de la consommation, dû en particulier à un prix trop bas du pétrole, entraîne la création de l'OPEP. La forte hausse des prix qui s'ensuit conduit d'abord à réduire la consommation mondiale avant qu'elle ne croisse de nouveau à un rythme plus acceptable.
Dès 1989, cependant, le biochimiste Colin Campbell tire le signal d'alarme, en affirmant, au vu des connaissances de l'époque, que la production atteindrait inexorablement un pic dans les années 90. La guerre du Golfe de 1990 peut être vue comme une réaction directe des USA, afin de mettre sous cocon la production irakienne pour 10 ans. C'est impressionné par ces raisonnements apparemment sans faille que nous nous sommes lancés dans l'aventure Maurel et Prom pour profiter de cette opportunité… Et les prix du baril montèrent effectivement de 15 à 20 $ début 2000 puis à 50 $ vers 2005 et 100 $ après 2010.
Mais la pénurie annoncée a mis en marche l'intelligence humaine, un instrument redoutable, qui a permis de dévoiler le potentiel des pétroles non conventionnels : pétrole de roche mère, pétrole sous-marin à grande profondeur, pétrole lourd dont l'exploitation devenait rentable grâce aux progrès technologiques et à la hausse des prix. Ceci a multiplié par 5 ou 10 les réserves sur lesquelles raisonnaient Hubbert ou Campbell. Cela rendait le futur plus confortable mais la consommation des nouveaux venus (Chine, Inde) et les besoins de l'industrie chimique soutenaient la demande.
Inversement, divers groupes de pression ont eu tendance à rendre difficile le financement des recherches nouvelles et leur développement. Seules les compagnies bien établies (ou les États qui leur sont liés) ont les moyens de le faire, en profitant des réserves accumulées dans le passé. Il y a là pour eux des sources de profits considérables et les embargos ou interdictions à géométrie variable servent également aux acteurs dominants pour ajuster le marché et défendre leurs intérêts.
Les États-Unis, quant à eux, ont mis au point une nouvelle technique d'extraction dans les années 2000. Elle consiste à forer de longs drains dans les réservoirs de pétrole immatures (shale oil) et à les faire produire en les fracturant avec diverses méthodes : les fameux pétroles de schiste. Ces gisements plus ou moins faciles à exploiter ont un profil de production toujours semblable : immédiatement après le forage, on produit plusieurs centaines de barils/jour de pétrole léger et la production chute de 90 % en moins d'un an. En revanche, ce puit va produire du gaz pendant de nombreuses années.
Ce pétrole de schiste change aujourd'hui complètement la donne. La production américaine est passée de 7 millions de barils jours en 2007 à 13 millions de barils jours aujourd'hui, et leur production de gaz a doublé, les faisant passer d'importateur à exportateur. Leurs sept installations d'importation de gaz naturel liquéfié sont converties rapidement et à faible coût en port d'exportation par l'installation de compresseurs pour liquéfier le gaz.
La vision américaine est simple : ils voulaient leur indépendance énergétique. Pour pouvoir produire suffisamment de pétrole il faut donc, soit que le prix du pétrole soit très élevé et brûler le gaz en excédent, soit maintenir un prix du pétrole raisonnable avec un export de gaz à un prix satisfaisant. Ils exportent ainsi aujourd'hui du pétrole léger (pétrole de schiste) et importent du pétrole lourd pour ne pas avoir à modifier leurs raffineries. La crise en Ukraine permet un développement considérable des exportations de gaz, ce qui assure, et pour longtemps, la rentabilité de la production de pétrole au prix actuel. En parallèle, pour satisfaire les « farmers » le niveau raisonnable du prix du pétrole permet de transformer une bonne partie de la récolte de maïs en pétrole vert.
Au final, la hausse des prix actuelle a un effet très clair : c'est qu'il n'y a plus de « peak oil ». Car, même si ce n'est concevable qu'à un coût élevé et moyennant des investissements colossaux, à partir d'un certain niveau de prix on peut produire autant d'énergie dite « renouvelable » que l'on veut. Le paysage du monde énergétique est donc aujourd'hui complètement transformé…