International
La démission du directeur de Frontex, symptôme des contradictions européennes
Le directeur général de l’agence européenne des gardes-frontières et gardes-côtes européens Frontex, le Français Fabrice Leggeri, a démissionné de son poste le 29 avril dernier. Il était en fonction depuis 2015 et son mandat avait été renouvelé en 2019 par la précédente Commission européenne, que dirigeait Jean-Claude Juncker, auquel a succédé Ursula von der Leyen. Frontex est supervisée par un conseil d’administration qui comprend un représentant de chaque État membre et deux de la Commission. Comme tous les organes de l’UE, Frontex peut faire l’objet d’audits de la Cour des comptes ou d’enquêtes de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). Fabrice Leggeri a démissionné alors que le conseil d’administration de Frontex examinait un rapport rédigé par l’OLAF à l’encontre de trois membres du personnel de Frontex, dont lui-même.
OLAF porte contre le directeur général de Frontex trois accusations : 1°) Il aurait été déloyal envers les institutions européennes en critiquant ses représentants dans un commentaire privé posté sur WhatsApp ; 2°) Il aurait tardé à transmettre des informations à « l’officier des droits fondamentaux » de la Commission à propos d’une suspicion d’infraction ; 3°) Il aurait couvert des actions de gardes-frontières grecs contraires au droit de l'Union et au droit international. Fabrice Leggeri conteste ces accusations, sauf la première, qui concerne un échange privé, confidentiel, sur une application cryptée.
Derrière ces infractions supposées (le rapport de l’Olaf daté du début de 2022 n’a toujours pas été publié) se cache un profond désaccord sur les missions de Frontex entre les 26 États européens membres ou associés à l’espace Schengen (22 des 27 membres de l'UE et 4 États associés : Islande, Norvège, Suisse, Liechtenstein). Cette agence doit-elle privilégier la protection des migrants ou celle des frontières communes ? Ce qui est au fond reproché à Fabrice Leggeri, c’est d’avoir rendu l’agence Frontex (créée en 2004 et basée à Varsovie) plus efficace dès son arrivée en 2015, année du grand afflux de réfugiés et de migrants économiques en Europe. La lutte contre l’immigration irrégulière est devenue le cheval de bataille de Frontex qui emploie aujourd’hui plus de 700 permanents et qui prévoit le recrutement d’ici cinq ans de quelque 10 000 agents opérationnels avec un budget annuel de près d’un milliard d’euros (98 millions d’euros en 2014).
L’évolution impulsée par Fabrice Leggeri n’est pas du goût de fonctionnaires et d’élus européens, partisans d’une Europe ouverte aux flux migratoires, ou soumis aux injonctions d’ONG « no-border ». Frontex, selon eux, doit privilégier les droits des migrants plutôt que la protection des frontières européennes. Dans cette affaire comme en d’autres, c’est la Commission européenne qui donne le la aux 26 représentants des pays membres composant le conseil d’administration de l’agence. Pour Fabrice Leggeri, le mandat de Frontex c’est de protéger les frontières. Pour Ylva Johansson, la commissaire européenne (suédoise) aux Affaires intérieures qui exerce la tutelle sur Frontex, la mission de l’agence est de veiller à ce que les États membres de l’UE respectent les droits fondamentaux des migrants. Bien que les événements qui se déroulent dans son propre pays tendent à démontrer le contraire (cf. LSDJ n°1574 ), elle professe que « l'immigration fait partie de ce qui rend notre continent prospère ».
Comme un général soviétique flanqué d’un commissaire politique, Fabrice Leggeri était placé sous la surveillance d’un « officier aux droits fondamentaux ». Face à des injonctions contradictoires et aux tirs croisés d'une partie du Parlement européen, de la Commission, de certains États membres de l'espace Schengen, d’ONG et de médias, il a préféré jeter l’éponge. Pour le directeur général de l'institut Thomas More Jean-Thomas Lesueur interviewé par Le Figaro (en lien ci-dessous), c’est bien une bataille idéologique qui a empêché le directeur général de Frontex d’accomplir sa mission.
OLAF porte contre le directeur général de Frontex trois accusations : 1°) Il aurait été déloyal envers les institutions européennes en critiquant ses représentants dans un commentaire privé posté sur WhatsApp ; 2°) Il aurait tardé à transmettre des informations à « l’officier des droits fondamentaux » de la Commission à propos d’une suspicion d’infraction ; 3°) Il aurait couvert des actions de gardes-frontières grecs contraires au droit de l'Union et au droit international. Fabrice Leggeri conteste ces accusations, sauf la première, qui concerne un échange privé, confidentiel, sur une application cryptée.
Derrière ces infractions supposées (le rapport de l’Olaf daté du début de 2022 n’a toujours pas été publié) se cache un profond désaccord sur les missions de Frontex entre les 26 États européens membres ou associés à l’espace Schengen (22 des 27 membres de l'UE et 4 États associés : Islande, Norvège, Suisse, Liechtenstein). Cette agence doit-elle privilégier la protection des migrants ou celle des frontières communes ? Ce qui est au fond reproché à Fabrice Leggeri, c’est d’avoir rendu l’agence Frontex (créée en 2004 et basée à Varsovie) plus efficace dès son arrivée en 2015, année du grand afflux de réfugiés et de migrants économiques en Europe. La lutte contre l’immigration irrégulière est devenue le cheval de bataille de Frontex qui emploie aujourd’hui plus de 700 permanents et qui prévoit le recrutement d’ici cinq ans de quelque 10 000 agents opérationnels avec un budget annuel de près d’un milliard d’euros (98 millions d’euros en 2014).
L’évolution impulsée par Fabrice Leggeri n’est pas du goût de fonctionnaires et d’élus européens, partisans d’une Europe ouverte aux flux migratoires, ou soumis aux injonctions d’ONG « no-border ». Frontex, selon eux, doit privilégier les droits des migrants plutôt que la protection des frontières européennes. Dans cette affaire comme en d’autres, c’est la Commission européenne qui donne le la aux 26 représentants des pays membres composant le conseil d’administration de l’agence. Pour Fabrice Leggeri, le mandat de Frontex c’est de protéger les frontières. Pour Ylva Johansson, la commissaire européenne (suédoise) aux Affaires intérieures qui exerce la tutelle sur Frontex, la mission de l’agence est de veiller à ce que les États membres de l’UE respectent les droits fondamentaux des migrants. Bien que les événements qui se déroulent dans son propre pays tendent à démontrer le contraire (cf. LSDJ n°1574 ), elle professe que « l'immigration fait partie de ce qui rend notre continent prospère ».
Comme un général soviétique flanqué d’un commissaire politique, Fabrice Leggeri était placé sous la surveillance d’un « officier aux droits fondamentaux ». Face à des injonctions contradictoires et aux tirs croisés d'une partie du Parlement européen, de la Commission, de certains États membres de l'espace Schengen, d’ONG et de médias, il a préféré jeter l’éponge. Pour le directeur général de l'institut Thomas More Jean-Thomas Lesueur interviewé par Le Figaro (en lien ci-dessous), c’est bien une bataille idéologique qui a empêché le directeur général de Frontex d’accomplir sa mission.