International
La défaite de l’Etat islamique ne mettra pas fin au terrorisme
Cette fois, c’est la chute finale ! La victoire militaire est totale sur Daech, alias l'État islamique, alias le Califat. Son dernier bastion, le bourg de Baghouz, sur l'Euphrate, à l'extrême-est de la Syrie, vient de tomber au prix de combats acharnés : les Forces démocratiques syrienne (FDS) ont annoncé ce samedi matin, 23 mars, « la totale élimination du prétendu Califat et une défaite territoriale à 100% de l'EI », confirmant ainsi l’annonce faite la veille par Donald Trump (mise en doute aussitôt par certains commentateurs qui dénient par principe toute véracité aux propos du président américain). Bien qu’ayant annoncé le retrait de leurs troupes, les Etats-Unis continuent en effet de diriger la coalition internationale (dont des soldats français) appuyant l'alliance arabo-kurde combattant les djihadistes de l'État islamique.
Ainsi s’achève une guerre de près de cinq ans qui aura vu les pires atrocités commises par les islamistes de Daesh sur le vaste territoire qu’ils avaient conquis en Syrie et en Irak, depuis la proclamation du « califat islamique », le 29 juin 2014. Frappés dès le mois d’août 2014 par les bombardements de la coalition internationale, les djihadistes avaient été chassés de la ville de Kobané, en Syrie, le 26 janvier 2015. Ces premiers revers n’avaient pas empêché l’Etat islamique de fomenter des attentats, dont ceux du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, dont 90 au Bataclan). En mars 2017, les islamistes de l’EI, confrontés au troupes syriennes épaulées par les Russes, avaient perdu Palmyre, la cité antique qu’ils avaient dévastée. Le 10 juillet 2017, ils perdaient Mossoul, en Irak, et le 17 octobre Raqqa, en Syrie. Ils se sont vengés en multipliant les attentats en Irak et en Syrie et en incitant des musulmans à frapper les « infidèles » partout dans le monde. Acculés depuis septembre 2018 dans leur dernier bastion de Baghouz, les combattants de l’EI auront résisté six mois aux Forces démocratiques syriennes et à leurs alliés. Des milliers d’entre eux ont perdu la vie ou ont été fait prisonniers.
Mais la victoire sur l’EI ne marque pas la fin du terrorisme islamique au Moyen Orient et dans le monde, loin de là. Profitant de l’évacuation des dizaines de milliers d’habitants des villes et villages successivement repris à l’EI sur l’immense territoire de l’ex-califat, des djihadistes sont arrivés à fuir, dont vraisemblablement le calife autoproclamé de l’EI, Abou Baqr al-Baghdadi. Ils constituent une menace permanente, surtout en Irak où ils bénéficient de nombreuses complicités dans la population sunnite (le pouvoir ayant été imprudemment dévolu aux chiites par les Américains). En Syrie, la menace djihadiste reste présente sporadiquement dans le désert de la Badya entre Der Ezzor et Palmyre, mais se concentre dans la province d'Idlib, à l'ouest du pays, encore contrôlée par un groupe d’opposants à Bachar el-Assad, des islamistes proches d'Al-Qaida qui a repris du poil de la bête à la faveur de la déconfiture de son rival. Ceux-là sont actuellement confrontés à l’armée syrienne appuyée par les bombardements de son allié russe. Leur défaite, elle aussi inéluctable, ne mettra pas davantage fin au terrorisme que celle de Daech.
« Le califat c'est d'abord une idéologie qui risque de survivre » : sur France Info (en lien), ce 23 mars, Vincent Desportes (général en retraite, ancien directeur du Collège interarmées de défense, enseignant stratégies à HEC), David Rigoulet-Roze (rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques et chercheur à l'Institut d'analyse stratégique) et d'Asiem El-Difraoui (politologue, spécialiste du monde arabe et du djihadisme) appellent à la prudence après la victoire annoncée sur le groupe État islamique.
Ainsi s’achève une guerre de près de cinq ans qui aura vu les pires atrocités commises par les islamistes de Daesh sur le vaste territoire qu’ils avaient conquis en Syrie et en Irak, depuis la proclamation du « califat islamique », le 29 juin 2014. Frappés dès le mois d’août 2014 par les bombardements de la coalition internationale, les djihadistes avaient été chassés de la ville de Kobané, en Syrie, le 26 janvier 2015. Ces premiers revers n’avaient pas empêché l’Etat islamique de fomenter des attentats, dont ceux du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, dont 90 au Bataclan). En mars 2017, les islamistes de l’EI, confrontés au troupes syriennes épaulées par les Russes, avaient perdu Palmyre, la cité antique qu’ils avaient dévastée. Le 10 juillet 2017, ils perdaient Mossoul, en Irak, et le 17 octobre Raqqa, en Syrie. Ils se sont vengés en multipliant les attentats en Irak et en Syrie et en incitant des musulmans à frapper les « infidèles » partout dans le monde. Acculés depuis septembre 2018 dans leur dernier bastion de Baghouz, les combattants de l’EI auront résisté six mois aux Forces démocratiques syriennes et à leurs alliés. Des milliers d’entre eux ont perdu la vie ou ont été fait prisonniers.
Mais la victoire sur l’EI ne marque pas la fin du terrorisme islamique au Moyen Orient et dans le monde, loin de là. Profitant de l’évacuation des dizaines de milliers d’habitants des villes et villages successivement repris à l’EI sur l’immense territoire de l’ex-califat, des djihadistes sont arrivés à fuir, dont vraisemblablement le calife autoproclamé de l’EI, Abou Baqr al-Baghdadi. Ils constituent une menace permanente, surtout en Irak où ils bénéficient de nombreuses complicités dans la population sunnite (le pouvoir ayant été imprudemment dévolu aux chiites par les Américains). En Syrie, la menace djihadiste reste présente sporadiquement dans le désert de la Badya entre Der Ezzor et Palmyre, mais se concentre dans la province d'Idlib, à l'ouest du pays, encore contrôlée par un groupe d’opposants à Bachar el-Assad, des islamistes proches d'Al-Qaida qui a repris du poil de la bête à la faveur de la déconfiture de son rival. Ceux-là sont actuellement confrontés à l’armée syrienne appuyée par les bombardements de son allié russe. Leur défaite, elle aussi inéluctable, ne mettra pas davantage fin au terrorisme que celle de Daech.
« Le califat c'est d'abord une idéologie qui risque de survivre » : sur France Info (en lien), ce 23 mars, Vincent Desportes (général en retraite, ancien directeur du Collège interarmées de défense, enseignant stratégies à HEC), David Rigoulet-Roze (rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques et chercheur à l'Institut d'analyse stratégique) et d'Asiem El-Difraoui (politologue, spécialiste du monde arabe et du djihadisme) appellent à la prudence après la victoire annoncée sur le groupe État islamique.