Société
La cravate, signe extérieur de rébellion ?
C’est une de ces polémiques vaines et puériles comme la vie politique contemporaine peut nous en réserver de temps à autre : soudain, le port de la cravate devient une quasi affaire d’État. Volontairement, lors de leur entrée à l’Assemblée Nationale, les élus LFI avaient décidé de prendre le contrepied des instructions reçues : au lieu d’un costume cravate pour les hommes, d’une tenue correcte pour les femmes, prière de porter une tenue décontractée, voire négligée… Et quand le député LR Eric Ciotti demande de rendre le port de la cravate obligatoire pour les hommes, le député LFI Louis Boyard réplique en demandant l'interdiction des costumes dits "luxueux" dans l'hémicycle. "Je ne suis pas là pour exercer la police vestimentaire à l’Assemblée, je fais confiance aux parlementaires", a rappelé Yaël Braun-Pivet, sa nouvelle présidente.
Un "débat presque de niveau de cours d’école" pour Hugo, animateur de la chaîne YouTube Discussions Sartoriales. "Un costume n’est pas égal à un autre, rappelle-t-il. Certains peuvent être moins cher qu’un survêtement Adidas avec une paire de Nike. C’est une idée fausse de se dire que porter un costume signifie appartenir à une classe sociale particulière et aisée. Porter une cravate n‘est plus un marqueur social, comme beaucoup de gens le pensent à tort." Pour autant, "tout n’égale pas tout ; il y a des lieux, des occasions où l’on se doit d’être plus élégant."
Au fond, l’idée même d’être un rebelle juste pour avoir ôté sa cravate est plus qu’éculée. Cela traduit également une certaine vision du monde, tel le débraillé revendiqué de la France Insoumise, analysé par le sociologue québecois Mathieu Bock-Côté. "Ils témoignent ici surtout d’une conception plébéienne du peuple », estime-t-il. Mais « cette petite polémique moins superficielle qu’il n’y paraît cache une grande querelle, celle de l’authenticité. (…) La tenue n’est pas une affaire de coquets. L’élégance est un souci pour l’autre. Qui porte la cravate à l’Assemblée ou même en société envoie le signal qu’il respecte les codes mais aussi qu’il sait distinguer l’intime du public. Il n’est demandé à personne d’être un dandy : il est demandé à tous de faire un effort. »
"Nos révolutionnaires ignorent l'histoire du socialisme français, estimait pour sa part récemment Guy Konopnicki, entré en littérature avec Au chic ouvrier pour premier roman, dans une critique de ce "gauchisme vestimentaire". "Celle de Jules Guesde, député élu par les ouvriers des lainières de Roubaix. Celle de Jaurès, assumant la redingote et le chapeau melon, parfois même le haut de forme. Celle du Front Populaire, conduit par l'élégant Léon Blum, inséparable de son feutre aux larges bords et par Maurice Thorez, qui exigeait une tenue impeccable des représentants de la classe ouvrière." "Je ne puis me taire devant ce gauchisme vestimentaire, qui choisit les oripeaux de la mondialisation contre l'élégance française", dit-il. Et si, au fond, en ces temps de survêtements et de speakers, c’était le fait de porter un costume trois pièces ou une cravate qui constituait un signe extérieur de rébellion ?
Un "débat presque de niveau de cours d’école" pour Hugo, animateur de la chaîne YouTube Discussions Sartoriales. "Un costume n’est pas égal à un autre, rappelle-t-il. Certains peuvent être moins cher qu’un survêtement Adidas avec une paire de Nike. C’est une idée fausse de se dire que porter un costume signifie appartenir à une classe sociale particulière et aisée. Porter une cravate n‘est plus un marqueur social, comme beaucoup de gens le pensent à tort." Pour autant, "tout n’égale pas tout ; il y a des lieux, des occasions où l’on se doit d’être plus élégant."
Au fond, l’idée même d’être un rebelle juste pour avoir ôté sa cravate est plus qu’éculée. Cela traduit également une certaine vision du monde, tel le débraillé revendiqué de la France Insoumise, analysé par le sociologue québecois Mathieu Bock-Côté. "Ils témoignent ici surtout d’une conception plébéienne du peuple », estime-t-il. Mais « cette petite polémique moins superficielle qu’il n’y paraît cache une grande querelle, celle de l’authenticité. (…) La tenue n’est pas une affaire de coquets. L’élégance est un souci pour l’autre. Qui porte la cravate à l’Assemblée ou même en société envoie le signal qu’il respecte les codes mais aussi qu’il sait distinguer l’intime du public. Il n’est demandé à personne d’être un dandy : il est demandé à tous de faire un effort. »
"Nos révolutionnaires ignorent l'histoire du socialisme français, estimait pour sa part récemment Guy Konopnicki, entré en littérature avec Au chic ouvrier pour premier roman, dans une critique de ce "gauchisme vestimentaire". "Celle de Jules Guesde, député élu par les ouvriers des lainières de Roubaix. Celle de Jaurès, assumant la redingote et le chapeau melon, parfois même le haut de forme. Celle du Front Populaire, conduit par l'élégant Léon Blum, inséparable de son feutre aux larges bords et par Maurice Thorez, qui exigeait une tenue impeccable des représentants de la classe ouvrière." "Je ne puis me taire devant ce gauchisme vestimentaire, qui choisit les oripeaux de la mondialisation contre l'élégance française", dit-il. Et si, au fond, en ces temps de survêtements et de speakers, c’était le fait de porter un costume trois pièces ou une cravate qui constituait un signe extérieur de rébellion ?