
Les mises en garde d’un écrivain et journaliste algérien
-L’islamisme est l’allié objectif des régimes dictatoriaux comme celui qui est au pouvoir en Algérie : « car il est plus facile de gouverner des croyants que des citoyens. Il y a en Algérie une sorte de deal à la pakistanaise avec une caste qui garde le pouvoir politique et délègue la gestion de l'espace public aux islamistes parce qu'ils permettent d'immobiliser la société. » Kamel Daoud dénonce un effet miroir : «Les islamistes expliquent qu'ils sont la solution car le régime est corrompu tandis que le régime se pose en rempart face aux islamistes … ». Cependant, prévient-il : « On ne peut pas jouer avec le diable car le diable gagne toujours à la fin. » (Heureusement, non, à la fin, il perd…mais après quels dégâts !)
Ses espoirs en un « mouvement coraniste » qu’il compare à l'émergence du protestantisme semblent décalés et utopiques. Kamel Daoud est plus réaliste quand il déplore le silence des musulmans de France qui « laissent le monopole de l'islam aux islamistes », la « myopie » et la « complaisance des élites françaises vis-à-vis de l'islamisme», ou encore quand il constate à propos du statut de la femme dans les pays islamiques : « La femme donne la vie. Si vous avez un rapport pathologique à la femme, c'est que vous avez un rapport pathologique à la vie. »
« La dimension totalitaire de cette idéologie est ignorée ou minorée » conclut-il. Elle est nourrie par « une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives » qui trouvent un terreau fertile chez ceux qui ont « le sentiment d'être rejetés par la société, les échecs personnels ou l'ennui ». Terminons avec cet avertissement : « Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des djihadistes mais ils renaîtront dans les prochaines générations, nourris des mêmes livres. »