Quand l'Iran s'éveillera : la clé d'une paix durable au Moyen-Orient
Avant la révolution de 1979, Israël et l'Iran avaient tissé des liens étroits, un partenariat stratégique en ligne avec la « doctrine de la périphérie ». Le Premier Ministre israélien Ben Gourion fut l'instigateur de cette politique visant à rapprocher l'État hébreu avec des pays non arabes de la région. L'Iran était un grand importateur d'armes israéliennes et vendait son pétrole à Israël en retour… Pendant 3 décennies, les relations diplomatiques furent amicales. L'arrivée de Khomeiny au pouvoir renversa la situation : Israël est depuis qualifié de « petit Satan », le pion régional du « grand Satan » américain. Le régime islamiste chiite a pris fait et cause pour la Palestine. Les commandos de la Quds Force (Quds signifiant Jérusalem) sont l'élite des Gardes Révolutionnaires et leur mission (inscrite dans leur nom) est la prise de Jérusalem.
La stratégie des mollahs, perses et chiites, était d'exporter la révolution islamique chez leurs voisins arabes et sunnites selon Armin Navabi pour Quillette (voir l'article en lien). L'expansion idéologique était un enjeu de survie pour Téhéran : il ne fallait pas ajouter à l'ennemi occidental la masse sunnite entourant l'Iran. Comment faire oublier l'inimitié sanglante entre Perses et Arabes, Chiites et Sunnites ? L'intervention israélienne au Sud-Liban en 1982, où réside une forte communauté libanaise chiite, a ouvert la porte au développement du Hezbollah, véritable armée aux ordres de Téhéran tout près de la Palestine… La stratégie d'influence iranienne a permis d'aller au-delà de la communauté chiite en se rapprochant des Palestiniens sunnites du Hamas, du Jihad Islamique et des Houthis yéménites (membres d'une secte affiliée au chiisme). L'antisémitisme virulent est le point commun, le bas-fond idéologique permettant de lier ces groupes différents. Comme tout régime dictatorial, l'Iran des mollahs est obsédé par sa survie qu'il pense assurée par une déstabilisation de la région.
Malgré la propagande omniprésente dès les premières années scolaires, la jeunesse iranienne a changé et défie ouvertement le pouvoir. La révolte des femmes contre le port du voile a ouvert la voie. Le refus ostensible de plus en plus de jeunes à accepter la rhétorique anti-israélienne du régime est une nouvelle étape. Si l'opposition exilée est en première ligne, les témoignages affluent du pays montrant des élèves qui refusent de chanter « Mort à Israël », allant jusqu'à crier « à bas la Palestine », des passants qui enjambent ostensiblement les drapeaux israéliens dessinés sur le sol pour éviter de marcher dessus… Le 9 octobre dernier, des supporters de football iraniens ont rejeté les drapeaux palestiniens distribués par des agents du régime. « Vous savez où vous pouvez vous les mettre… » ont-ils scandé dans le stade.
Le régime iranien est fermement accroché au pouvoir mais il y a un volcan sous ses fondations. Les islamistes promeuvent une culture qui vénère la mort. Ils méprisent les Occidentaux pour leur « amour de la vie ». La culture iranienne résiste à cette vision apocalyptique : les traditions perses préislamiques n'ont pas disparu et fragilisent l'emprise des mollahs. De plus en plus de jeunes Iraniens affichent leur soutien à Israël comme un allié dans la lutte contre les islamistes. Mais ce n'est pas en écrasant Gaza avec les bombes qu'on peut espérer affaiblir l'internationale islamiste, insiste Navabi. On fournit au contraire un terreau fertile à ceux qui propagent une culture mortifère. L'influence de l'extrême-droite israélienne, juive orthodoxe, est un puissant fortifiant pour les mollahs de Téhéran – et l'attitude jusqu'au-boutiste du gouvernement de Netanyahu l'est en corollaire.
La solution des « deux États » entre Israël et la Palestine, longtemps prônée par la communauté internationale, parait inatteignable aujourd'hui. La seule voie permettant d'espérer une paix durable au Moyen-Orient est d'aider le peuple iranien à briser ses chaînes, selon Navabi. Ce faisant, on aiderait aussi les Palestiniens à se libérer de la terreur du Hamas (et les Libanais de la tumeur du Hezbollah, véritable État dans l'État). Les pays du Golfe, Saoudiens et Émiratis en tête, ont fait une partie du chemin en rétablissant des liens avec Tel Aviv. Le temps presse puisqu'on sait que Téhéran pourrait bientôt obtenir l'arme nucléaire. Or, les meilleurs ennemis de la République Islamique d'Iran, le gouvernement israélien actuel et l'administration interventionniste à Washington, ont besoin de compter Téhéran dans « l'axe du Mal ». Le premier pour se maintenir au pouvoir, la seconde pour assurer sa domination sur le « camp du Bien ». Au grand désespoir des femmes iraniennes, méprisées par tant de féministes occidentales et des jeunes Iraniens de plus en plus nombreux à risquer leur vie pour gagner leur liberté. Aidons-les ! supplie Navabi. Les jeunes Palestiniens comme les jeunes Israéliens seront eux aussi libérés du jeu mortel qui ravage le Moyen-Orient.