Économie
La femme qui fait trembler Google
Mardi 27 juin, la Commission européenne a infligé au géant du Web une amende de 2,42 milliards d'euros pour abus de position dominante. Son crime : avoir favorisé son propre service de comparateur de prix, Google Shopping. Un montant justifié par « l'ampleur et la durée » de l'abus, a indiqué la Commissaire à la Concurrence, Margreth Vestager. Mais qui est-elle ? Les Echos l'avait rencontrée en 2015, et republient ce portrait à l'occasion de cette amende record.
Quand on lui demande si elle ne craint pas de s'attaquer à Google, elle répond : « J'élève trois ados, rien ne me fait peur. » « Elle coche toutes les cases du mythe de la femme politique qui concilie vies professionnelle et familiale avec aisance et simplicité », dit d'elle Olivier Bailly, le chef de cabinet de Pierre Moscovici. Cette fille de pasteur, négociatrice hors pair, s'est d'ailleurs assurée que sa famille, son mari et ses trois filles, soutenaient son choix avant d'accepter le job de commissaire.
Mais d'où lui vient sa discipline, sa détermination, cette capacité à toujours garder la même ligne, même si le monde entier est contre elle ? « A mon avis, d'une dimension religieuse. Pour moi, elle est un vicaire dans les habits d'un responsable politique », estime le professeur de sciences politiques Peter Nedergaard. Où l'on retrouve la fille de Hans et Bodil, deux pasteurs de l'Eglise luthérienne danoise... Une ascendance d'autant moins neutre que le premier maroquin de Margrethe Vestager, au tournant de la trentaine, comprenait à la fois l'Education et... les affaires ecclésiastiques. Pour Lars Nielsen, qui a été pendant sept ans le « spin doctor » de son parti, «son environnement familial, avec de fortes relations à l'Eglise, a de fait façonné sa vision du monde. De là, elle sait qu'il existe toutes sortes de gens. Certains connaissent le succès, d'autres ont des problèmes, elle reconnaît ces différences. »
D'où vient cette sérénité qui émane d'elle et met tout le monde à l'aise ? Peut-être d'une vie très équilibrée, estime, Karl de Meyer, l'auteur de son portrait. Bruno Lasserre, qui préside l'Autorité de la concurrence française et travaille avec elle sur de nombreux dossiers, insiste sur ses capacités d'empathie : « Quelles que soient les circonstances, elle vous fait sentir qu'elle vous parle en tête à tête, sans se laisser distraire.» Ses collaborateurs la voient régulièrement débarquer pour partager des fruits qu'elle a apportés. « Elle écoute toujours tout le monde, explique l'un d'eux, y compris les sans-grades de sa direction ; Almunia, qui se prenait un peu pour un Grand d'Espagne, avait une approche très hiérarchique. » Quant à ses loisirs préférés, en dehors de joggings matinaux, de regarder des films et de twitter, vous ne les imagineriez jamais : « Si vous travaillez à fond tout le temps, vous courez le risque de prendre de très mauvaises décisions. Moi j'aime faire des choses très concrètes, comme cuisiner.» Et tricoter : « en déplacement, ou même en réunion, quand je ne dois pas prendre la parole ou animer. J'écoute très bien quand je tricote. Certains griffonnent, moi je tricote. »
Quand on lui demande si elle ne craint pas de s'attaquer à Google, elle répond : « J'élève trois ados, rien ne me fait peur. » « Elle coche toutes les cases du mythe de la femme politique qui concilie vies professionnelle et familiale avec aisance et simplicité », dit d'elle Olivier Bailly, le chef de cabinet de Pierre Moscovici. Cette fille de pasteur, négociatrice hors pair, s'est d'ailleurs assurée que sa famille, son mari et ses trois filles, soutenaient son choix avant d'accepter le job de commissaire.
Mais d'où lui vient sa discipline, sa détermination, cette capacité à toujours garder la même ligne, même si le monde entier est contre elle ? « A mon avis, d'une dimension religieuse. Pour moi, elle est un vicaire dans les habits d'un responsable politique », estime le professeur de sciences politiques Peter Nedergaard. Où l'on retrouve la fille de Hans et Bodil, deux pasteurs de l'Eglise luthérienne danoise... Une ascendance d'autant moins neutre que le premier maroquin de Margrethe Vestager, au tournant de la trentaine, comprenait à la fois l'Education et... les affaires ecclésiastiques. Pour Lars Nielsen, qui a été pendant sept ans le « spin doctor » de son parti, «son environnement familial, avec de fortes relations à l'Eglise, a de fait façonné sa vision du monde. De là, elle sait qu'il existe toutes sortes de gens. Certains connaissent le succès, d'autres ont des problèmes, elle reconnaît ces différences. »
D'où vient cette sérénité qui émane d'elle et met tout le monde à l'aise ? Peut-être d'une vie très équilibrée, estime, Karl de Meyer, l'auteur de son portrait. Bruno Lasserre, qui préside l'Autorité de la concurrence française et travaille avec elle sur de nombreux dossiers, insiste sur ses capacités d'empathie : « Quelles que soient les circonstances, elle vous fait sentir qu'elle vous parle en tête à tête, sans se laisser distraire.» Ses collaborateurs la voient régulièrement débarquer pour partager des fruits qu'elle a apportés. « Elle écoute toujours tout le monde, explique l'un d'eux, y compris les sans-grades de sa direction ; Almunia, qui se prenait un peu pour un Grand d'Espagne, avait une approche très hiérarchique. » Quant à ses loisirs préférés, en dehors de joggings matinaux, de regarder des films et de twitter, vous ne les imagineriez jamais : « Si vous travaillez à fond tout le temps, vous courez le risque de prendre de très mauvaises décisions. Moi j'aime faire des choses très concrètes, comme cuisiner.» Et tricoter : « en déplacement, ou même en réunion, quand je ne dois pas prendre la parole ou animer. J'écoute très bien quand je tricote. Certains griffonnent, moi je tricote. »