La réponse à cette question est complexe en raison d'une diversité inédite parmi les cardinaux. Le pape François avait souhaité accorder une attention particulière aux « périphéries » de l'Église, en nommant des pasteurs issus de pays tels que la Mongolie, l'Algérie, le Maroc, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou le Laos. Parmi les cardinaux électeurs (ceux âgés de moins de 80 ans), 71 pays sont représentés, ce qui signifie qu'une grande partie d'entre eux ne se connaissent pas personnellement. De plus, à ce jour, le pape François avait nommé environ 80 % des cardinaux électeurs : 110 au total, tandis que 23 ont été créés par Benoît XVI et 5 par Jean-Paul II.

Nous présentons huit profils de cardinaux considérés comme ayant de réelles chances d'être élu pape.

Le cardinal Parolin, 70 ans, Italie
Au milieu des grands doutes suscités par la situation actuelle de l'Église, le cardinal Pietro Parolin, actuel secrétaire d'État, diplomate de carrière du Saint-Siège, est considéré comme un nom de consensus. Il est connu pour son esprit missionnaire, qu'il a démontré lorsqu'il était nonce apostolique au Venezuela. Parmi les principaux arguments contre lui, il est à noter qu'il a été le plus haut responsable du Secrétariat d'État du Vatican au moment où des scandales financiers ont été constatés, bien que la responsabilité de ceux-ci soit revenue à ses subordonnés.

Cardinal Pizzaballa, 59 ans, Jérusalem
Au milieu de la crise entre Israéliens et Palestiniens, la figure du cardinal Pierbattista Pizzaballa, actuel patriarche latin de Jérusalem, frère franciscain né dans le nord de l'Italie, s'est imposée avec force. Le monde a découvert sa personnalité en octobre 2023, lorsqu'il a fait part au Hamas de sa volonté de se porter otage en échange de la libération des enfants israéliens enlevés lors des attentats du 7 octobre de cette même année. Le principal argument contre son élection est sa relative jeunesse. Avec l'espérance de vie actuelle, un pape élu à 59 ans pourrait rester pendant de longues décennies à la tête de la barque de Pierre.

Le cardinal Zuppi, 69 ans, Italie
Le cardinal Matteo Zuppi, actuel président de la Conférence épiscopale italienne et archevêque de Bologne, a fait preuve d'engagement envers les personnes marginalisées et défavorisées. Son travail au sein de la Communauté de Sant'Egidio reflète son dévouement au dialogue interreligieux. Le pape François lui a confié des missions délicates, comme la direction des efforts de paix dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine.

Le cardinal Ambongo, 65 ans, République démocratique du Congo
L'Afrique est le continent où la croissance de l'Église catholique est la plus surprenante. Au début du XXe siècle, l'Afrique comptait environ 1,9 million de catholiques ; aujourd'hui, ils sont 272 millions. Si les cardinaux cherchaient un fils de ce continent, leurs yeux pourraient s'arrêter sur le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa. En tant que président du Symposium des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), il a rassemblé les évêques africains autour de l'opposition à la bénédiction des couples de même sexe, sans rompre le dialogue et la communion avec le pape François.

Cardinal Péter Erdő, 72 ans, Hongrie
Parmi les cardinaux européens « conservateurs », on peut citer le cardinal Péter Erdő, archevêque d'Esztergom-Budapest et primat de Hongrie. Il a occupé des postes de direction, comme la présidence du Conseil des conférences épiscopales d'Europe. Il est connu pour son adhésion aux enseignements de l'Église, ainsi que pour son expérience sous la répression communiste en Hongrie.

Cardinal Wim Eijk, 71 ans, Pays-Bas : ancien médecin, archevêque d'Utrecht, expert en bioéthique, fervent défenseur de l'enseignement de l'Église dans une société hautement sécularisée.

Cardinal Luis Antonio Tagle, 67 ans, Philippines : pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation, évêque émérite de Manille, il est connu pour sa capacité à établir des relations pastorales avec les jeunes.

Cardinal Jean-Marc Aveline, 66 ans, France : archevêque de Marseille, promoteur de l'approche pastorale d'une « Église ouverte » et moins européocentrée, impulsée par le pape François. Homme de consensus, réputé fin politique et proche du pape, Mgr Aveline a réussi à convaincre le pontife argentin de venir dans la cité phocéenne, ce qu'il a fait lors d'une visite historique en 2023. Il partage avec lui un même souci des plus pauvres, en particulier des migrants.