International
Hongkong derrière Jimmy Lai, héros de la liberté
L’arrestation à Hongkong, lundi 10 août, du patron de presse Jimmy Lai est un nouveau défi de Pékin au monde libre. Sa libération sous caution, vers minuit le 11 août, montre que l’onde de choc mondiale provoquée par son arrestation est revenue en boomerang sur les autorités communistes !
Bête noire de la presse officielle chinoise, Jimmy Lai est le seul patron de presse hongkongais qui tienne tête au pouvoir central. Son quotidien Apple Daily et son magazine Next ont continué de critiquer la politique répressive menée par Xi Jinping, après la promulgation, le 30 juin, d’une loi prétendument de « sécurité nationale ». Elle donne aux autorités hongkongaises de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de « crimes contre la sécurité de l’État » : « la subversion », « le séparatisme », « le terrorisme » et « la collusion avec des forces extérieures ». Peine encourue : la prison à vie. Cette loi liberticide avait déjà permis l’arrestation de 22 opposants à la dictature. En même temps que Jimmy Lai, 71 ans, sept autres personnalités avaient été arrêtées, dont deux de ses fils, et le PDG du groupe média Next Digital auquel appartient Apple Daily. Trois autres arrestations distinctes ont eu lieu ce même lundi, dont celle de la militante pro-démocratie Agnes Chow (catholique, comme Jimmy Lai), elle aussi libérée sous caution. Lundi matin, Jimmy Lai, sorti menotté de son domicile, avait été emmené au siège d’Apple Daily perquisitionné par deux cents policiers (photo postée sur Facebook par les journalistes d’Apple Daily).
Le message est clair : Pékin ne cherche plus à donner le change à l’Occident. C’est sa réponse aux condamnations par les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l’Union européenne du coup de force du 30 juin qui a enterré le principe « un pays, deux systèmes » ayant présidé à la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997. « Profondément préoccupé » par l’arrestation de Jimmy Lai, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo y a vu « une preuve supplémentaire que le Parti communiste chinois a éviscéré les libertés de Hongkong et les droits de son peuple ». Le vice-président américain Mike Pence a évoqué sur Twitter « un affront aux gens épris de liberté à travers le monde » en assurant que « les Etats-Unis continueront à soutenir Jimmy Lai et tous les Hongkongais épris de liberté ». L’Union européenne a elle aussi dénoncé cette utilisation de la nouvelle loi sur la sécurité pour « étouffer la liberté d'expression ».
Jimmy Lai cumule ce que Pékin déteste : débarqué clandestinement à Hongkong avec sa famille à bord d’un bateau venu de Canton alors qu’il avait 12 ans, il y a fait fortune, d’abord dans le textile avant d’investir dans la presse sans passer par les fourches caudines du Parti communiste. Milliardaire comme d’autres Chinois, certes, mais rebelle ! Son groupe Next Digital est devenu un empire qui compte désormais une dizaine de titres et plusieurs sites web mobilisés pour dénoncer les offensives chinoises contre les libertés à Hongkong. « Tant que je serai en vie, Next Media ne changera pas », confiait à l'AFP il y a quelques années ce père et grand-père de famille nombreuse. « Je ne veux pas que mes enfants, mes petits-enfants, se disent que leur père et grand-père était riche, mais qu'il était un trou du cul (sic). Je ne peux pas compter sur mon argent pour être heureux ». Pire, aux yeux de Pékin : ses allers et retours à Washington lui avaient permis de nouer langue avec le vice-président des États-Unis, Mike Pence, le secrétaire d’État Mike Pompeo et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, pour les convaincre de soutenir le mouvement pro-démocratie hongkongais. Dans la pure tradition communiste, les médias chinois rivalisent d’insultes à l’encontre du « sécessionniste », du « traître », de cette « force du mal ». Conscient qu’il risquait à tout moment d’être une nouvelle fois arrêté (comme en avril dernier, pour avoir soutenu une manifestation commémorant le massacre de Tiananmen), Jimmy Lai est resté crânement à Hongkong. Deux semaines avant que la loi sur la sécurité soit imposée à Hongkong, Jimmy Lai s’était dit prêt à aller en prison. « Je me battrai jusqu’au dernier jour pour tout ce que cet endroit m’a donné. Ce sera un honneur si je dois me sacrifier » avait-il déclaré en mai dernier dans une interview à l’agence Reuters. Les Hongkongais ont rendu hommage à son sacrifice en s’arrachant mardi 11 août la nouvelle édition d’Apple Daily (tirée exceptionnellement à 550 000 exemplaires, contre 70 000 en temps normal) dont la une titrait « Nous nous battrons ! », et en faisant grimper vertigineusement en Bourse le groupe de presse Next Digital. Quelques heures plus tard, c’est un Jimmy Lai plus déterminé que jamais à « se battre » pour la liberté de la presse qui était relâché sous les acclamations de la foule : « Nous avons le soutien des habitants de Hongkong, nous ne pouvons pas les laisser tomber. »
Bête noire de la presse officielle chinoise, Jimmy Lai est le seul patron de presse hongkongais qui tienne tête au pouvoir central. Son quotidien Apple Daily et son magazine Next ont continué de critiquer la politique répressive menée par Xi Jinping, après la promulgation, le 30 juin, d’une loi prétendument de « sécurité nationale ». Elle donne aux autorités hongkongaises de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de « crimes contre la sécurité de l’État » : « la subversion », « le séparatisme », « le terrorisme » et « la collusion avec des forces extérieures ». Peine encourue : la prison à vie. Cette loi liberticide avait déjà permis l’arrestation de 22 opposants à la dictature. En même temps que Jimmy Lai, 71 ans, sept autres personnalités avaient été arrêtées, dont deux de ses fils, et le PDG du groupe média Next Digital auquel appartient Apple Daily. Trois autres arrestations distinctes ont eu lieu ce même lundi, dont celle de la militante pro-démocratie Agnes Chow (catholique, comme Jimmy Lai), elle aussi libérée sous caution. Lundi matin, Jimmy Lai, sorti menotté de son domicile, avait été emmené au siège d’Apple Daily perquisitionné par deux cents policiers (photo postée sur Facebook par les journalistes d’Apple Daily).
Le message est clair : Pékin ne cherche plus à donner le change à l’Occident. C’est sa réponse aux condamnations par les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l’Union européenne du coup de force du 30 juin qui a enterré le principe « un pays, deux systèmes » ayant présidé à la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997. « Profondément préoccupé » par l’arrestation de Jimmy Lai, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo y a vu « une preuve supplémentaire que le Parti communiste chinois a éviscéré les libertés de Hongkong et les droits de son peuple ». Le vice-président américain Mike Pence a évoqué sur Twitter « un affront aux gens épris de liberté à travers le monde » en assurant que « les Etats-Unis continueront à soutenir Jimmy Lai et tous les Hongkongais épris de liberté ». L’Union européenne a elle aussi dénoncé cette utilisation de la nouvelle loi sur la sécurité pour « étouffer la liberté d'expression ».
Jimmy Lai cumule ce que Pékin déteste : débarqué clandestinement à Hongkong avec sa famille à bord d’un bateau venu de Canton alors qu’il avait 12 ans, il y a fait fortune, d’abord dans le textile avant d’investir dans la presse sans passer par les fourches caudines du Parti communiste. Milliardaire comme d’autres Chinois, certes, mais rebelle ! Son groupe Next Digital est devenu un empire qui compte désormais une dizaine de titres et plusieurs sites web mobilisés pour dénoncer les offensives chinoises contre les libertés à Hongkong. « Tant que je serai en vie, Next Media ne changera pas », confiait à l'AFP il y a quelques années ce père et grand-père de famille nombreuse. « Je ne veux pas que mes enfants, mes petits-enfants, se disent que leur père et grand-père était riche, mais qu'il était un trou du cul (sic). Je ne peux pas compter sur mon argent pour être heureux ». Pire, aux yeux de Pékin : ses allers et retours à Washington lui avaient permis de nouer langue avec le vice-président des États-Unis, Mike Pence, le secrétaire d’État Mike Pompeo et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, pour les convaincre de soutenir le mouvement pro-démocratie hongkongais. Dans la pure tradition communiste, les médias chinois rivalisent d’insultes à l’encontre du « sécessionniste », du « traître », de cette « force du mal ». Conscient qu’il risquait à tout moment d’être une nouvelle fois arrêté (comme en avril dernier, pour avoir soutenu une manifestation commémorant le massacre de Tiananmen), Jimmy Lai est resté crânement à Hongkong. Deux semaines avant que la loi sur la sécurité soit imposée à Hongkong, Jimmy Lai s’était dit prêt à aller en prison. « Je me battrai jusqu’au dernier jour pour tout ce que cet endroit m’a donné. Ce sera un honneur si je dois me sacrifier » avait-il déclaré en mai dernier dans une interview à l’agence Reuters. Les Hongkongais ont rendu hommage à son sacrifice en s’arrachant mardi 11 août la nouvelle édition d’Apple Daily (tirée exceptionnellement à 550 000 exemplaires, contre 70 000 en temps normal) dont la une titrait « Nous nous battrons ! », et en faisant grimper vertigineusement en Bourse le groupe de presse Next Digital. Quelques heures plus tard, c’est un Jimmy Lai plus déterminé que jamais à « se battre » pour la liberté de la presse qui était relâché sous les acclamations de la foule : « Nous avons le soutien des habitants de Hongkong, nous ne pouvons pas les laisser tomber. »