Société

Pourquoi de plus en plus d'hommes se font-ils stériliser ?

Par Judikael Hirel. Synthèse n°2246, Publiée le 17/07/2024 - Visuel d'illustration : Pixabay
En France, le nombre de vasectomies, multiplié par 15 en 12 ans, a dépassé celui des stérilisations féminines pour la deuxième année consécutive, avec plus de 30 000 opérations en 2022. Même s'il reste rare et ne concerne que 0,15 % des hommes de moins de 70 ans en 2022, ce choix est souvent justifié par des considérations de partage de la charge contraceptive ou de santé, dans un contexte de déprime et de baisse générale de la natalité en France.

C'est une tendance française, rare à travers le monde : avec plus de 30 000 vasectomies pratiquées en 2022, le nombre de stérilisations masculines est désormais supérieur à celles demandées par les femmes, et ce pour la deuxième année consécutive. Les courbes ont fini par se croiser à la fois du fait de la forte augmentation de la vasectomie en France, multipliée par quinze en douze ans, et de la baisse des demandes de stérilisation féminine : en 2022, trois stérilisations masculines ont été pratiquées pour deux stérilisations féminines, souligne le rapport commun sur la santé sexuelle des Français et leur contraception de l'Assurance maladie et de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) tout juste publié. En parallèle, le nombre de stérilisations féminines (ligature des trompes comme implant) a été divisé par deux entre 2013 et 2022.

Plus largement, il faut sans doute réinscrire ce phénomène dans un désir d'enfant en berne en France. Hormis à Mayotte et en Corse, les Français font de moins en moins d'enfants, c'est un fait, alors que l'Hexagone était l'un des pays d'Europe où la natalité était l'une des plus élevée. Les raisons en sont sans doute multiples : fin de l'universalité de la politique familiale, désormais conditionnée aux revenus, peur environnementale, guerre en Ukraine mais aussi inflation et hausse du coût de la vie… Maternité tardive oblige, désormais, seul progresse encore légèrement le nombre de naissances issues de mères de 40 ans et plus. À ces naissances en chute libre s'ajoute, ou se soustrait, un nombre d'avortement battant lui aussi des records : avec 234 000 IVG en 2022, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse a atteint son plus haut niveau depuis 1990…

Au total, 30 292 hommes ont eu recours à la vasectomie en 2022, à la ligature des canaux transportant les spermatozoïdes vers les testicules, soit 149,5 hommes pour 100 000 âgés de 18 à 70 ans. Les hommes ayant recours à la vasectomie sont de plus en plus jeunes. L'âge moyen a diminué d'environ trois ans, passant de 44,1 en 2010 à 40,7 en 2022. Rapporté à la population d'hommes de 20 à 70 ans, les Pays de la Loire et la Bretagne sont les régions où les taux de pratique de vasectomie ont été les plus élevés sur les 13 années étudiées. À l'inverse, les taux ont été nettement plus faibles en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Hauts-de-France, Corse et en Île-de-France. La simplicité de l'opération, un geste chirurgical rapide ne nécessitant souvent qu'une anesthésie locale, aura contribué à simplifier le recours des hommes à la vasectomie. En effet, quand elle supposait jadis une anesthésie générale, elle ne nécessite plus aujourd'hui qu'un passage en ambulatoire, soit une journée à l'hôpital.

Pour autant, cette pratique reste globalement marginale : seuls 0,15 % des hommes de moins de 70 ans ont fait ce choix en 2022. Il faut dire que cette mesure de contraception radicale qu'est la vasectomie, autorisée seulement depuis 2001, revient ni plus ni moins à se faire stériliser, et ce même si l'opération est potentiellement réversible. Les hommes tentés par cette opération disposent d'ailleurs d'un délai de réflexion de quatre mois. Si l'argument du coût de la paternité revient souvent dans le discours de ceux qui ne souhaitent pas d'enfant, c'est au fond avant tout l'absence d'espérance, de confiance en l'avenir qui semble jouer. Pour François Bayrou, actuel commissaire au plan, « le discours catastrophiste est l'une des causes de l'effondrement démographique ». Pour autant, certains hommes décident néanmoins d'y avoir recours pour une raison plus positive : le souci de la santé de leur compagne. En effet, alors que la contraception féminine peut être vue comme une forme de charge mentale constante reposant principalement sur les femmes, en parallèle, la prise de conscience des dangers de la prise régulière de la pilule pour leur santé physique et mentale ne cesse de croître.

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Contraception : le recours à la vasectomie est en nette progression en France
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