International
Guerre en Ukraine : le rêve afghan d'Oncle Sam
Il y a 81 ans, la loi sur le prêt bail, au bénéfice des Britanniques puis des Soviétiques, était approuvée par le Président Franklin D. Roosevelt et constituait un premier pas vers l’engagement américain face à l’Allemagne nazie. Le Président Joe Biden a signé une loi similaire le 9 mai dernier, à la différence qu’elle vise à soutenir l’ennemi ukrainien de Moscou. Cette étape marque un tournant car elle démontre à quel point les États-Unis sont impliqués dans le conflit qui ensanglante les confins orientaux de l’Europe. Comme en 1941, ce programme de prêt militaire vise à éliminer un certain nombre d’étapes d’approbation auprès du Congrès pour accélérer les livraisons d’armes. Ce n’est pas tout ! Joe Biden a proposé une aide militaire et humanitaire à l’Ukraine de 33 milliards de dollars – somme que le camp Démocrate du Congrès veut augmenter de 7 milliards supplémentaires… Il a aussi envoyé la Première Dame en mission secrète dans la zone de guerre. Des indiscrétions relevées par le New York Times (voir l’article en lien) provenant de responsables du Renseignement américain, ont de plus révélé que les Ukrainiens avaient bénéficié de leur appui pour éliminer une douzaine de généraux russes et couler le Moskva, le vaisseau amiral russe en Mer Noire.
Joe Biden et le Parti Démocrate voient dans les pertes sanglantes subies par les Russes dans la plaine ukrainienne une aubaine inespérée. Les élections de mi-mandat s’annoncent comme un désastre pour le parti au pouvoir qui devrait perdre le contrôle de la Chambre des Représentants. Voilà de quoi faire oublier les graves difficultés intérieures et tâcher de limiter les dégâts en novembre prochain. D’autant plus qu’il y a un quasi-consensus politique. Le Parti Républicain voit plutôt d’un bon œil le renforcement des dépenses (et ventes) militaires puisque le complexe militaro-industriel est un de ses soutiens traditionnels. Alors qu’on parlait du déclin inéluctable de l’empire américain face au réveil de l’ours russe et à la montée inexorable de la Chine sur la scène mondiale, voilà que la Russie apparaît comme un tigre de papier et que le maître de Pékin se retrouve bien embarrassé… Back to the 80s baby ! Washington rêve de revenir à la période bénie des décennies 80 et 90 quand aucune autre puissance ne lui faisait de l’ombre. Les faucons américains sentent l’odeur du sang russe en Ukraine, un parfum qui leur rappelle l’Afghanistan et les a convaincus de tout faire pour transformer la plaine ukrainienne en bourbier pour Moscou.
Une ligne a été franchie : il ne s’agit plus juste d’aider Kiev à se défendre mais à soutenir un effort de guerre visant la défaite de Moscou. Les fuites concernant l’aide apportée pour tuer des généraux russes en première ligne et couler le Moskva ont fortement embarrassé la Maison Blanche alors que le Secrétaire d’État à la Défense Lloyd Austin III affirmait il y a deux semaines lors d’une visite à Kiev : « Nous voulons affaiblir la Russie jusqu’à la rendre incapable d’une nouvelle action militaire. » La Sénatrice Démocrate Pelosi a surenchéri : « Nous soutiendrons l’Ukraine jusqu’à la victoire ». Cette attitude publiquement agressive de membres éminents de l’administration est contestée. L’ancien ambassadeur en Russie Michael A. Mc Faul fait partie de ceux qui disent que l’esprit va-t-en-guerre de l’administration démocrate dessert les intérêts américains : on renforce le discours de Poutine qui dit à son peuple que la Russie est en guerre contre l’OTAN. Une ancienne gradée du Renseignement U.S., Angela Stent, ajoute que c’est contre-productif alors que les diplomates essaient de gagner le soutien de la Chine, de l’Inde et d’autres pays qui affirment leur neutralité… Certains analystes affirment au contraire que Washington a été trop pusillanime. Qu’il ne faut plus laisser Poutine dicter les règles du jeu en fixant lui-même les lignes à ne pas franchir...
Cette nouvelle loi de prêt bail a donc été signée le 9 mai alors même que Moscou célébrait le 77ème anniversaire de sa victoire sur l’Allemagne nazie. Une victoire permise en bonne partie par une autre loi de prêt bail américaine datant de 1941. Les Américains jouent aussi sur les symboles en utilisant les mêmes références que Vladimir Poutine. Un jeu dangereux certes – mais une occasion en or pour Oncle Sam de retrouver sa place incontestée de première puissance mondiale. Et une bouée inespérée pour l’administration démocrate en place qui est engluée dans le bourbier de ses échecs domestiques…
Joe Biden et le Parti Démocrate voient dans les pertes sanglantes subies par les Russes dans la plaine ukrainienne une aubaine inespérée. Les élections de mi-mandat s’annoncent comme un désastre pour le parti au pouvoir qui devrait perdre le contrôle de la Chambre des Représentants. Voilà de quoi faire oublier les graves difficultés intérieures et tâcher de limiter les dégâts en novembre prochain. D’autant plus qu’il y a un quasi-consensus politique. Le Parti Républicain voit plutôt d’un bon œil le renforcement des dépenses (et ventes) militaires puisque le complexe militaro-industriel est un de ses soutiens traditionnels. Alors qu’on parlait du déclin inéluctable de l’empire américain face au réveil de l’ours russe et à la montée inexorable de la Chine sur la scène mondiale, voilà que la Russie apparaît comme un tigre de papier et que le maître de Pékin se retrouve bien embarrassé… Back to the 80s baby ! Washington rêve de revenir à la période bénie des décennies 80 et 90 quand aucune autre puissance ne lui faisait de l’ombre. Les faucons américains sentent l’odeur du sang russe en Ukraine, un parfum qui leur rappelle l’Afghanistan et les a convaincus de tout faire pour transformer la plaine ukrainienne en bourbier pour Moscou.
Une ligne a été franchie : il ne s’agit plus juste d’aider Kiev à se défendre mais à soutenir un effort de guerre visant la défaite de Moscou. Les fuites concernant l’aide apportée pour tuer des généraux russes en première ligne et couler le Moskva ont fortement embarrassé la Maison Blanche alors que le Secrétaire d’État à la Défense Lloyd Austin III affirmait il y a deux semaines lors d’une visite à Kiev : « Nous voulons affaiblir la Russie jusqu’à la rendre incapable d’une nouvelle action militaire. » La Sénatrice Démocrate Pelosi a surenchéri : « Nous soutiendrons l’Ukraine jusqu’à la victoire ». Cette attitude publiquement agressive de membres éminents de l’administration est contestée. L’ancien ambassadeur en Russie Michael A. Mc Faul fait partie de ceux qui disent que l’esprit va-t-en-guerre de l’administration démocrate dessert les intérêts américains : on renforce le discours de Poutine qui dit à son peuple que la Russie est en guerre contre l’OTAN. Une ancienne gradée du Renseignement U.S., Angela Stent, ajoute que c’est contre-productif alors que les diplomates essaient de gagner le soutien de la Chine, de l’Inde et d’autres pays qui affirment leur neutralité… Certains analystes affirment au contraire que Washington a été trop pusillanime. Qu’il ne faut plus laisser Poutine dicter les règles du jeu en fixant lui-même les lignes à ne pas franchir...
Cette nouvelle loi de prêt bail a donc été signée le 9 mai alors même que Moscou célébrait le 77ème anniversaire de sa victoire sur l’Allemagne nazie. Une victoire permise en bonne partie par une autre loi de prêt bail américaine datant de 1941. Les Américains jouent aussi sur les symboles en utilisant les mêmes références que Vladimir Poutine. Un jeu dangereux certes – mais une occasion en or pour Oncle Sam de retrouver sa place incontestée de première puissance mondiale. Et une bouée inespérée pour l’administration démocrate en place qui est engluée dans le bourbier de ses échecs domestiques…