Les gens de Dublin sont en colère
13h30 le jeudi 23 novembre : un homme poignarde sauvagement trois enfants et une adulte à la sortie d'une école catholique de Parnell Street dans les quartiers défavorisés du nord de Dublin. Au moins une petite fille de 5 ans est encore dans un état grave. L'assaillant a été arrêté par l'intervention courageuse de quelques passants dont un jeune Français travaillant à proximité. Les nouvelles de cet attentat contre de jeunes enfants se sont répandues comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. La « rumeur » selon les grands médias était fondée : le criminel est un Algérien récemment naturalisé. La réaction a été extrêmement violente : des centaines de personnes se sont rassemblées près des lieux du drame. Les cris « Mettez les dehors » ont été suivis par les pires émeutes que la capitale de la République d'Irlande ait connues. Un tramway, des bus ont été incendiés et des magasins pillés. Un hôtel hébergeant des « migrants » a été assiégé… La Garda (police irlandaise) semblait totalement dépassée par le déchainement de rage dans la rue, que même l'Irlande du Nord n'avait pas connu depuis longtemps.
La rue irlandaise est une bombe à retardement prévient Ian O'Doherty, journaliste à l'Irish Independent dans les colonnes de The Spectator (voir en lien). Les années du « tigre celtique », du miracle économique irlandais nourri de subventions européennes et d'avantages fiscaux pour attirer les multinationales, sont déjà loin. C'est une période prospère qui ne doit pas faire oublier la violence de la société irlandaise, qui n'est pas confinée dans les frontières de l'Ulster. Le quartier de Dublin où l'attaque a été commise est depuis plusieurs années ce qu'on appelle en France une « zone de non droit », abandonnée par les gouvernements successifs. Après la guerre entre les gangs mafieux Kinahan et Hutch, le trafic de drogue, vols et agressions sont devenus courants sur des trottoirs délaissés par la police. Son chef, Drew Harris, s'est contenté de dénoncer les actions d'une « poignée de dingues racistes ». Le gouvernement irlandais, toujours à la pointe quand il s'agit de devancer son maitre, la Commission Européenne, a déclaré vouloir des lois permettant une censure plus efficace des réseaux sociaux : le combat contre la « haine »… Champion du libre marché pour attirer les multinationales américaines sur son sol, il a abandonné ses classes populaires. Les émeutes n'ont pas été organisées par des mouvements d'extrême-droite agissant dans l'ombre… C'est ce petit peuple qui est descendu dans la rue – rappelant à son gouvernement « d'extrême-centre » la tourbe brûlante qui a fait l'humus de la nation irlandaise, loin de l'image joyeuse et accueillante de Dublin la cosmopolite…
Derrière la rage de la rue, c'est le désespoir des laissés-pour-compte qui s'estiment défavorisés par rapport à la masse des réfugiés et migrants qui ont afflué dans cette île d'à peine plus de 5 millions d'habitants. Le coût de la vie est très élevé à Dublin. L'accès à la propriété est devenu totalement hors d'atteinte pour de nombreux Dublinois. Les cadres expatriés des grandes multinationales ont été rejoints par une foule de migrants qui – eux – bénéficient d'aides de l'Etat. En 2022, les étrangers étaient plus de 700 000, soit près de 14 % de la population totale. En 2022, c'est une vague de 120 700 nouvelles arrivées, soit 85% de plus que l'année précédente. Plus d'1 million d'immigrants en une décennie sont arrivés sans le consentement démocratique des Irlandais. 20 % des résidents en Irlande sont nés à l'étranger, c'est plus que le « melting-pot » américain (14 %). En fait, la situation de l'Eire est comparable à la Suède – pays jadis tranquille qui affiche aujourd'hui le taux de meurtres le plus élevé d'Europe. Même les 100 000 Ukrainiens d'abord accueillis avec le sourire ne sont plus les bienvenus…
Quelles suites politiques ? C'est bien le problème : le système politique irlandais est verrouillé. Il n'y a pas de parti politique prônant un contrôle strict de l'immigration (à l'inverse des Pays-Bas par exemple). Dans ces conditions, la violence aveugle dans la rue risque de s'amplifier. Le seul mouvement puissant nationaliste est le Sinn Fein qui a d'ailleurs réclamé la démission du gouvernement. Mais son idéologie est d'extrême-gauche – et il a affiché son soutien au Hamas. Sur ce point, il est aligné sur les positions du gouvernement libéral au pouvoir. Le Premier Ministre Leo Varadkar vient de provoquer la fureur de Tel Aviv. Il avait salué par un « tweet » la libération d'une petite Irlandaise « qui avait été perdue » depuis sa capture par le Hamas – passant sous silence sa condition d'otage. Le peuple irlandais ne peut rien attendre du Sinn Fein : il soutient les islamistes comme il a comploté avec les Nazis pendant la 2ème guerre mondiale. Les préoccupations des gens de Dublin n'intéressent pas le seul mouvement qui se dise « nationaliste ». Le slogan « Free Palestine » a la priorité…