Économie
France/Royaume-Uni : nos pêcheurs se sentent floués
La tension monte dans nos ports flamands, picards, normands et bretons ! Les syndicats de pêcheurs se sont réunis le week-end dernier à Boulogne-sur-Mer pour envisager des actions musclées. Ils voient dans l’annonce d’une indemnisation proposée par Annick Girardin, ministre de la Pêche, la preuve que le gouvernement s’apprête à baisser pavillon face autorités britanniques. Le fait est que, jusqu’à présent, Paris n’a pas réussi à faire plier Londres dans le bras-de-fer engagé depuis près d’un an sur le droit de pêcher dans les eaux anglaises après le Brexit. Les démentis de la ministre, puis l’assurance donnée hier, 21 novembre, par le président de la République que la France «ne lâcherait pas ses pêcheurs », n’ont pas éteint leur suspicion.
Les pêcheurs se souviennent des mesures de rétorsion que les autorités françaises agitaient il y a moins d’un mois contre le Royaume-Uni : Paris menaçait alors de couper l'électricité aux îles anglo-normandes, d'instaurer un contrôle douanier et sanitaire drastique sur tous les produits britanniques, et même d'interdire les ports français aux navires de la perfide Albion… Rodomontades ? Depuis, Paris a voulu jouer la conciliation, et aucune de ces mesures n’a encore été mise en œuvre. Sur ce constat amer, les pêcheurs envisagent de bloquer eux-mêmes les ports français aux navires anglais.
Le feu, qui couvait depuis des mois, est parti de l’évocation, le 18 novembre, aux Assises de la pêche à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), par la ministre de la Mer, Annick Girardin, d’un plan de « sortie de flotte » pour les bateaux français qui resteraient à quai à l’issue des négociations. Ce plan destiné aux professionnels contraints de cesser leur activité et de mettre leur bateau à la casse, n’envoie pas un bon signal sur la combativité du gouvernement et de l’UE. De plus, il est mortifiant pour les pêcheurs auxquels le gouvernement propose de l’argent, selon son habitude, pour détruire leur cher outil de travail, leur bateau. « Un tel plan de sortie de flotte annoncerait le naufrage des discussions entre les Britanniques et l’Union européenne », s’indigne notamment le Comité des pêches maritimes de Bretagne. Pour son président, Olivier le Nezet, « évoquer un plan de sortie de flotte nous met dans une position de faiblesse dans les négociations face aux Britanniques. » C’est assurément malvenu et de mauvais augure alors que commence à peine la période de transition prévue par l’accord sur la pêche signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles. Cette transition doit durer jusqu’en 2026. Alors, les captures autorisées pour les pêcheurs européens ayant obtenu cette licence d’accès à la zone économique exclusive britannique, diminueront de 25 %.
Fidèles à leur génie national, les Britanniques finassent à propos des pièces justificatives pour délivrer cette précieuse licence. Selon l’accord du Brexit, les pêcheurs de pays membres de l’UE peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques, les plus poissonneuses d’Europe, à condition de pouvoir prouver qu’ils y pêchaient déjà entre 2012 et 2016. Mais les autorités britanniques demandent des preuves de géolocalisation que les petits navires, faute d’équipements, ne peuvent fournir. 150 bateaux français - soit 10 % des demandes d’autorisation que continue de réclamer le gouvernement français (demandes en baisse : c’étaient 170 il y a un mois) - seraient encore en souffrance de licence pour accéder aux eaux britanniques. Les Anglais jouent avec les nerfs des Français et, surtout, testent la solidarité avec la France de l’UE (qu’Emmanuel Macron présidera à partir du 1er janvier prochain).
Paris accuse Londres de mauvaise foi. Rien de nouveau sous le soleil ! Dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand relevait déjà : « Les Anglais n'estiment que la politique positive, celle des intérêts ; la fidélité aux traités et les scrupules moraux leur semblent puérils. » (M.O-T. XIX, 18) Face au froid cynisme britannique, les autorités françaises et celles de l’UE vont-elles se montrer « puériles » ? Elles disposent pourtant d’une arme redoutable : « Avant le Brexit, 75 % de la pêche britannique s’écoulait de l’autre côté de la Manche, dont près de la moitié en France, son premier client », souligne La Croix (en lien ci-dessous).
Les pêcheurs se souviennent des mesures de rétorsion que les autorités françaises agitaient il y a moins d’un mois contre le Royaume-Uni : Paris menaçait alors de couper l'électricité aux îles anglo-normandes, d'instaurer un contrôle douanier et sanitaire drastique sur tous les produits britanniques, et même d'interdire les ports français aux navires de la perfide Albion… Rodomontades ? Depuis, Paris a voulu jouer la conciliation, et aucune de ces mesures n’a encore été mise en œuvre. Sur ce constat amer, les pêcheurs envisagent de bloquer eux-mêmes les ports français aux navires anglais.
Le feu, qui couvait depuis des mois, est parti de l’évocation, le 18 novembre, aux Assises de la pêche à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), par la ministre de la Mer, Annick Girardin, d’un plan de « sortie de flotte » pour les bateaux français qui resteraient à quai à l’issue des négociations. Ce plan destiné aux professionnels contraints de cesser leur activité et de mettre leur bateau à la casse, n’envoie pas un bon signal sur la combativité du gouvernement et de l’UE. De plus, il est mortifiant pour les pêcheurs auxquels le gouvernement propose de l’argent, selon son habitude, pour détruire leur cher outil de travail, leur bateau. « Un tel plan de sortie de flotte annoncerait le naufrage des discussions entre les Britanniques et l’Union européenne », s’indigne notamment le Comité des pêches maritimes de Bretagne. Pour son président, Olivier le Nezet, « évoquer un plan de sortie de flotte nous met dans une position de faiblesse dans les négociations face aux Britanniques. » C’est assurément malvenu et de mauvais augure alors que commence à peine la période de transition prévue par l’accord sur la pêche signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles. Cette transition doit durer jusqu’en 2026. Alors, les captures autorisées pour les pêcheurs européens ayant obtenu cette licence d’accès à la zone économique exclusive britannique, diminueront de 25 %.
Fidèles à leur génie national, les Britanniques finassent à propos des pièces justificatives pour délivrer cette précieuse licence. Selon l’accord du Brexit, les pêcheurs de pays membres de l’UE peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques, les plus poissonneuses d’Europe, à condition de pouvoir prouver qu’ils y pêchaient déjà entre 2012 et 2016. Mais les autorités britanniques demandent des preuves de géolocalisation que les petits navires, faute d’équipements, ne peuvent fournir. 150 bateaux français - soit 10 % des demandes d’autorisation que continue de réclamer le gouvernement français (demandes en baisse : c’étaient 170 il y a un mois) - seraient encore en souffrance de licence pour accéder aux eaux britanniques. Les Anglais jouent avec les nerfs des Français et, surtout, testent la solidarité avec la France de l’UE (qu’Emmanuel Macron présidera à partir du 1er janvier prochain).
Paris accuse Londres de mauvaise foi. Rien de nouveau sous le soleil ! Dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand relevait déjà : « Les Anglais n'estiment que la politique positive, celle des intérêts ; la fidélité aux traités et les scrupules moraux leur semblent puérils. » (M.O-T. XIX, 18) Face au froid cynisme britannique, les autorités françaises et celles de l’UE vont-elles se montrer « puériles » ? Elles disposent pourtant d’une arme redoutable : « Avant le Brexit, 75 % de la pêche britannique s’écoulait de l’autre côté de la Manche, dont près de la moitié en France, son premier client », souligne La Croix (en lien ci-dessous).