Politique
France/Algérie : Un président ne devrait pas dire ça ! (bis)
Dans un entretien accordé à des journalistes dans l’avion qui le ramenait d’Israël, le 23 janvier, Emmanuel Macron a réactivé une bombe. En 2017, pendant la campagne pour l’élection présidentielle, il avait qualifié la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ». Malgré le tollé qu’il avait alors provoqué, il affirme aujourd’hui qu’il « ne regrette pas » cette expression, bien qu’il ait renoncé à l’employer. « J’ai crispé des gens » reconnaît-il, mais, ajoute-t-il dans une nouvelle application du célèbre « en même temps », « je pense que je les ai ramenés, maintenant, dans une capacité à dialoguer ».
Afin sans doute de vérifier sans plus tarder cette capacité au dialogue, le président de la République s’aventure ensuite à relier la colonisation française en Algérie à la shoah, sujet à l’ordre du jour puisqu’il revient de la commémoration en Israël du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Son but, dit-il, est de mettre un terme au « conflit mémoriel » de la guerre d’Algérie, en donnant à celle-ci « à peu près le même statut que ce qu’avait la Shoah pour Chirac en 1995 ». Autrement dit, le président de la République met en parallèle la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs de France telle que l’avait reconnue Jacques Chirac, et celle de la France dans la colonisation de l’Algérie. Serait-il donc possible d’établir une équivalence entre l’extermination du peuple juif par les nazis (et non, rappelons-le tout de même au passage, par des Français) et la conquête d’un territoire et sa colonisation, parmi beaucoup d’autres au XIXe siècle ? Peut-on rapprocher en quelque manière un génocide sans équivalent dans l’Histoire par son ampleur et sa planification méthodique par l’un des deux molochs totalitaires du XXe siècle, et cent trente-deux années de présence française ? Cette « relecture mémorielle » par un homme politique est ardue, reconnaît Emmanuel Macron « avec beaucoup d’humilité » (sic). En effet, explique-t-il, « c’est très dur de faire de la politique quand vous avez encore la justice et l’Histoire qui n’ont pas fait leur travail. » Les juristes et les historiens auront apprécié…
« C’est de la folie sur tous les plans : historique, politique et diplomatique » a aussitôt réagi dans une tribune cinglante publiée par Le Figaro (en lien ci-dessous) l’essayiste et historien Jean Sévillia auquel on doit notamment un très remarquable ouvrage sur « Les vérités cachées de la guerre d’Algérie » (Fayard). Non seulement les propos du président sont historiquement des plus contestables, mais lancés dans le contexte actuel des fractures de la société française et de l’islamisme conquérant, ils sont de « la nitroglycérine politique ». À quelle fin ? On se perd en conjectures sur les motivations de cette nouvelle « sortie » du chef de l’État.
Afin sans doute de vérifier sans plus tarder cette capacité au dialogue, le président de la République s’aventure ensuite à relier la colonisation française en Algérie à la shoah, sujet à l’ordre du jour puisqu’il revient de la commémoration en Israël du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Son but, dit-il, est de mettre un terme au « conflit mémoriel » de la guerre d’Algérie, en donnant à celle-ci « à peu près le même statut que ce qu’avait la Shoah pour Chirac en 1995 ». Autrement dit, le président de la République met en parallèle la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs de France telle que l’avait reconnue Jacques Chirac, et celle de la France dans la colonisation de l’Algérie. Serait-il donc possible d’établir une équivalence entre l’extermination du peuple juif par les nazis (et non, rappelons-le tout de même au passage, par des Français) et la conquête d’un territoire et sa colonisation, parmi beaucoup d’autres au XIXe siècle ? Peut-on rapprocher en quelque manière un génocide sans équivalent dans l’Histoire par son ampleur et sa planification méthodique par l’un des deux molochs totalitaires du XXe siècle, et cent trente-deux années de présence française ? Cette « relecture mémorielle » par un homme politique est ardue, reconnaît Emmanuel Macron « avec beaucoup d’humilité » (sic). En effet, explique-t-il, « c’est très dur de faire de la politique quand vous avez encore la justice et l’Histoire qui n’ont pas fait leur travail. » Les juristes et les historiens auront apprécié…
« C’est de la folie sur tous les plans : historique, politique et diplomatique » a aussitôt réagi dans une tribune cinglante publiée par Le Figaro (en lien ci-dessous) l’essayiste et historien Jean Sévillia auquel on doit notamment un très remarquable ouvrage sur « Les vérités cachées de la guerre d’Algérie » (Fayard). Non seulement les propos du président sont historiquement des plus contestables, mais lancés dans le contexte actuel des fractures de la société française et de l’islamisme conquérant, ils sont de « la nitroglycérine politique ». À quelle fin ? On se perd en conjectures sur les motivations de cette nouvelle « sortie » du chef de l’État.