Fake news : des bobards moins à craindre que la censure étatique !
Politique

Fake news : des bobards moins à craindre que la censure étatique !

Par Philippe Oswald. Synthèse n°242, Publiée le 06/01/2018
Lors de ses vœux à la presse, le 3 janvier, le président de la République a affirmé sa volonté de contrer les « fake news », visant en particulier les réseaux sociaux et, sans les nommer, la nouvelle chaîne de télévision RT (Russia Today) et Sputnik. L’Etat s’est déjà arrogé le contrôle de l’histoire par les lois dites « mémorielles ». Emmanuel Macron veut à présent « certifier déontologiquement » les médias, en particulier au moment des campagnes électorales, par une nouvelle loi qui devrait entrer en application avant les élections européennes de 2019.

Une telle loi pourrait être mise à mal lors du débat parlementaire et faire l’objet d’un recours devant le Conseil constitutionnel. En attendant, elle est largement désapprouvée par des journalistes de tous bords, bien que tout le monde soit d’accord pour dénoncer les fake news comme une menace pour la démocratie. Mais vouloir interdire les « fausses informations » en est une autre, d'essence totalitaire ! Rien ne saurait se substituer à l'éducation aux médias et à l’éveil de l'esprit critique.

Le site Atlantico donne la parole à un universitaire, Vincent Tournier, maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Il explique pourquoi il n’est pas souhaitable, selon lui, de « prohiber le mensonge » par une loi.

Ses arguments :

- Il existe déjà une réglementation avec la loi sur la presse de 1881.

- Rien dans le programme du candidat Macron n’annonçait un tel projet.

- Invoquer le fait d’avoir été lui-même victime de fausses nouvelles (qui ne l’ont pas empêché d’être élu) donne l’impression que Macron règle des comptes…

- La véracité ou la fausseté d’une information n’est pas toujours immédiatement ou rapidement vérifiable. Exemples : les maladies de Georges Pompidou ou de François Mitterrand, le compte suisse de Jérôme Cahuzac. Autre exemple, cité par Charlotte d’Ornellas sur CNews : en 2015, l'infiltration par Daesh des vagues migratoires était qualifiée de fake news par nombre de grands médias avant que l'attentat du Bataclan ne prouve la réalité de cette « filière ».

- Croire qu’il est possible d’expurger le débat politique de toute fausse information relève d’une conception idéalisée (disons même manichéenne) de la politique : il n’y a pas d’un côté le camp du Vrai et du Bien et de l’autre celui de l’Erreur et du Mal… (bien que l’auteur cède lui-même à ce travers à propos des opposants à l’avortement et aux vaccins qu’il accuse en vrac de mentir…)

-Les fake news ont leur utilité dans les débats : elles servent de révélateurs. Les accusations selon lesquelles Macron aurait été financé par l’Arabie Saoudite ou aurait été proche de l’UOIF « ont pris naissance sur les silences et les lacunes du candidat, qui est resté soigneusement dans le flou sur des enjeux importants comme la laïcité et l’islam. »

- La volonté de prohiber le mensonge au nom d’une « vérité » d’Etat est fatalement perçue comme un abus de pouvoir pour réduire au silence les opposants.
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