Société
Facebook, Google, Twitter… De « fact checkers » à nouveaux censeurs
On n'arrête pas le progrès... Twitter affiche désormais sur les profils de certains médias, notamment russes ou chinois, qu’il s’agit là de médias affiliés à des États. Le sous-entendu est clair : ils ne sont ni objectifs, ni fiables. Sans en censurer directement le contenu, l'avertissement est transparent. Bien entendu, l’Agence France Presse ne se voit pas infliger une telle marque d’infâmie. Quasiment au même moment, une avanie touche, fort heureusement serait-on tenté de dire, une publication sur Facebook d’un journaliste aussi expérimenté que connu pour son ouverture d’esprit, Jean-Pierre Denis, il y a peu encore à la tête de l’hebdomadaire La Vie. "Chers amis, il m’est arrivé une drôle d’histoire. Une histoire qui m’a complètement stupéfait, au point que j’ai mis plusieurs jours à réagir, alors même qu’elle vient confirmer tout ce que je redoute depuis des années", confie-t-il. En effet, en postant un document officiel, "un article de la loi dite de bioéthique que l’Assemblée nationale venait d’adopter nuitamment", il a vu son post censuré par Facebook. Son crime : avoir souligné que l’amendement socialiste inscrivant la "détresse psycho-sociale" comme motif légal d’interruption médicale de grossesse, permettait de "contourner le délai légal de l’IVG en passant par la voie de l’interruption médicale de grossesse, qui peut avoir lieu jusqu’au terme." Une vérité qui dérange, semble-t-il. "Par un canal que je ne connais pas et sans que j’en sois averti, mon post a été dénoncé à Libération par un courageux anonyme. (…) Tous ceux ayant partagé mon post (NDLR : dont l’auteur de ces lignes) ont reçu un avertissement de Facebook en forme de marque d’infamie gravée au fer rouge : « Information partiellement fausse - vérifié par des médias de vérification (re-sic) indépendants (re-re-sic). On les invite à « en savoir plus » en lisant… Libération !"
Sans la vive réaction, largement partagée, de Jean-Pierre Denis, cette forme insidieuse de censure, de police de la pensée du politiquement correct n’aurait pu être aussi bien mise en lumière. "On me demande comment fonctionne le "tribunal" de Facebook, a expliqué le journaliste. Cette multinationale placée sous le contrôle exclusif d'une seule personne (c'est rarement le cas, contrairement à ce que l'on peut croire) délègue sa police politique à des sous-traitants privés de pays satellites, pompeusement appelés « vérificateurs de vérifications »." (…) Ce tribunal international délocalisé dans un pays tiers ne connaît pas d'avocat et n'instruit pas de procès public. Je n'ai jamais été contacté par Libé, ni évidemment par Facebook. Je n'ai pas même été averti de la procédure, ni informé de la sentence, puisqu'elle n'apparaît pas sur ma page mais sur celle des internautes qui ont partagé mon post."
Erwan Le Morhedec, alias Koz, a consacré à cette nouvelle forme de censure en ligne un long billet, clairement intitulé « Mon opinion en liberté conditionnelle ». Cette tendance à vouloir, via les réseaux sociaux, imposer en ligne une sorte d’information officielle est digne de Georges Orwell, et très préoccupante pour les années à venir. Même Caroline Fourest, sur Twitter, a réagi en estimant que "c’est un sujet pour tous les amoureux de la liberté d’expression. Il faut mieux signaler les « fake news » et sanctionner l’incitation à la haine, absolument. Mais le "fact checking" ne doit pas servir à discréditer des opinions contraires." Comme l’a très bien résumé Mathieu Bock-Côté dans sa chronique récemment parue dans Le Figaro, "les « vérificateurs » ne sont pas toujours neutres et certains se comportent objectivement comme une police de la pensée. Certains, qui revendiquent le titre de correcteurs au service de l’exactitude factuelle, sont des militants qui entendent surtout déterminer le sens des événements."
Sans la vive réaction, largement partagée, de Jean-Pierre Denis, cette forme insidieuse de censure, de police de la pensée du politiquement correct n’aurait pu être aussi bien mise en lumière. "On me demande comment fonctionne le "tribunal" de Facebook, a expliqué le journaliste. Cette multinationale placée sous le contrôle exclusif d'une seule personne (c'est rarement le cas, contrairement à ce que l'on peut croire) délègue sa police politique à des sous-traitants privés de pays satellites, pompeusement appelés « vérificateurs de vérifications »." (…) Ce tribunal international délocalisé dans un pays tiers ne connaît pas d'avocat et n'instruit pas de procès public. Je n'ai jamais été contacté par Libé, ni évidemment par Facebook. Je n'ai pas même été averti de la procédure, ni informé de la sentence, puisqu'elle n'apparaît pas sur ma page mais sur celle des internautes qui ont partagé mon post."
Erwan Le Morhedec, alias Koz, a consacré à cette nouvelle forme de censure en ligne un long billet, clairement intitulé « Mon opinion en liberté conditionnelle ». Cette tendance à vouloir, via les réseaux sociaux, imposer en ligne une sorte d’information officielle est digne de Georges Orwell, et très préoccupante pour les années à venir. Même Caroline Fourest, sur Twitter, a réagi en estimant que "c’est un sujet pour tous les amoureux de la liberté d’expression. Il faut mieux signaler les « fake news » et sanctionner l’incitation à la haine, absolument. Mais le "fact checking" ne doit pas servir à discréditer des opinions contraires." Comme l’a très bien résumé Mathieu Bock-Côté dans sa chronique récemment parue dans Le Figaro, "les « vérificateurs » ne sont pas toujours neutres et certains se comportent objectivement comme une police de la pensée. Certains, qui revendiquent le titre de correcteurs au service de l’exactitude factuelle, sont des militants qui entendent surtout déterminer le sens des événements."
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Quand le “fact checking” cache la censure
Le Figaro