Bioéthique
Euthanasie : quelques « modèles » à méditer
L’euthanasie est au programme de la présidence Macron 2 (cf. LSDJ n°1556). Emmanuel Macron s'est engagé à organiser une convention citoyenne sur la fin de vie et l'euthanasie durant son second mandat, tout en déclarant son penchant pour le « modèle belge ». Il a confirmé cette intention en choisissant Brigitte Bourguignon comme nouveau ministre de la Santé. Celle-ci, ex-socialiste puis présidente LREM de la Commission des affaires sociales, avait cosigné une proposition de loi en faveur d'une « aide active à mourir » en 2017. Elle avait aussi milité activement pour instaurer une « exception d'euthanasie » en France au côté de Marie Humbert (décédée en 2018), qui était devenue une figure de la lutte pour la légalisation de l'euthanasie après avoir aidé son fils Vincent, tétraplégique, à mourir en 2003.
Cette nomination a été aussitôt saluée par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) mais elle inquiète la Société Française d'Accompagnement et de Soins palliatifs (SFAP). Sa présidente, Claire Fourcade, rappelle qu’« à titre personnel, Brigitte Bourguignon a eu des prises de position très claires dans le passé. » Elle ajoute : « Nous espérons que le débat pourra se dérouler de manière ouverte et dans l'optique d'une solution partagée par tous (…) C'est une question de société sur laquelle les soignants doivent être entendus ». La SFAP souligne à ce propos que l'offre en soins palliatifs reste aujourd'hui encore « inaccessible pour deux tiers des Français qui en auraient besoin ». (Le Figaro, 23 mai)
Alors que nous nous préparons à élire nos députés, posons-nous et posons aux candidats cette question cruciale « de société » : l’euthanasie est-elle vraiment la fin de vie que nous voulons ? Et puisque d’autres pays ont ouvert cette voie, en Belgique depuis vingt ans, regardons comment cela se passe chez eux. En Belgique, désignée explicitement par Emmanuel Maceron comme « modèle », les euthanasies ont décuplé en 20 ans de légalisation. Le pays a recensé 2699 euthanasies en 2021 soit une euthanasie sur quarante décès. C’est dire combien les « situations exceptionnelles » annoncées en 2002 pour autoriser l’euthanasie se sont banalisées. « L’exception euthanasique » n’a cessé de s’élargir, en particulier aux personnes atteintes de pathologies mentales (y compris des cas de dépression, d’autisme…) ou de polypathologies dont certaines ne sont en rien mortelles (une euthanasie sur cinq en 2021). En outre, la loi a été élargie aux mineurs en 2014, contre l’avis de nombreux pédiatres. Et il est question à présent de l’étendre aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (cf. Alliance Vita, 25 mai 2022). En 2020, la loi a contraint les établissements de santé à accepter la pratique d’euthanasies en leur sein. La machine s’est emballée, comme on pouvait s’y attendre, une fois transgressé l’interdit de tuer. On constate le même emballement au Pays-Bas, où le Conseil d’État vient de critiquer un projet de loi visant à autoriser les personnes âgées de plus de 75 ans qui sont simplement « fatiguées de la vie », à recourir à l’euthanasie…
Autre exemple : le Canada. En à peine 6 ans d’application de la loi fédérale autorisant les euthanasies (2016), celles-ci concernent déjà 2% des décès. En 2021, la loi a été élargie, permettant l’euthanasie et le suicide assisté même si la mort n’est pas raisonnablement prévisible. Au Québec, pour rendre la loi québécoise conforme à cette dernière évolution de la loi fédérale, un projet de loi a été déposé par le ministre de la Santé et des Services sociaux le 25 mai. Ce texte propose d’élargir l’euthanasie aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Les malades pourront faire une demande anticipée d’ « aide médicale à mourir »(AMM) tandis qu’à l’heure actuelle, l’aptitude à consentir est requise au moment d’obtenir l’AMM, « sauf exception ». Un autre article du projet de loi prévoit l’obligation de pratiquer l’AMM dans les centres de soins palliatifs, assortie de la suppression de la « protection de conscience ». Sur 35 maisons de soins palliatifs, 9 ont choisi de ne pas pratiquer l’euthanasie : cela leur serait désormais interdit ! La présidente de l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec déplore que « ses membres n’aient jamais été consultés ». Là-bas aussi, tout se passe comme s’il fallait marcher, bon gré, mal gré, « dans le sens de l’Histoire », l’adoption du projet de loi étant prévue le 10 juin prochain, dernier jour de la session parlementaire, dans une précipitation dénoncée par l’opposition et les associations (cf. Gènéthique, 30 mai). Au Québec comme ailleurs, une dérive totalitaire est en marche.
Pour rompre le silence et sortir d’une apathie générale en France, l’association Alliance Vita, propose d’interpeller les candidats aux élections législatives, et Tugdual Derville résume les enjeux de « la bataille de l’euthanasie » (vidéo en lien ci-dessous).
Cette nomination a été aussitôt saluée par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) mais elle inquiète la Société Française d'Accompagnement et de Soins palliatifs (SFAP). Sa présidente, Claire Fourcade, rappelle qu’« à titre personnel, Brigitte Bourguignon a eu des prises de position très claires dans le passé. » Elle ajoute : « Nous espérons que le débat pourra se dérouler de manière ouverte et dans l'optique d'une solution partagée par tous (…) C'est une question de société sur laquelle les soignants doivent être entendus ». La SFAP souligne à ce propos que l'offre en soins palliatifs reste aujourd'hui encore « inaccessible pour deux tiers des Français qui en auraient besoin ». (Le Figaro, 23 mai)
Alors que nous nous préparons à élire nos députés, posons-nous et posons aux candidats cette question cruciale « de société » : l’euthanasie est-elle vraiment la fin de vie que nous voulons ? Et puisque d’autres pays ont ouvert cette voie, en Belgique depuis vingt ans, regardons comment cela se passe chez eux. En Belgique, désignée explicitement par Emmanuel Maceron comme « modèle », les euthanasies ont décuplé en 20 ans de légalisation. Le pays a recensé 2699 euthanasies en 2021 soit une euthanasie sur quarante décès. C’est dire combien les « situations exceptionnelles » annoncées en 2002 pour autoriser l’euthanasie se sont banalisées. « L’exception euthanasique » n’a cessé de s’élargir, en particulier aux personnes atteintes de pathologies mentales (y compris des cas de dépression, d’autisme…) ou de polypathologies dont certaines ne sont en rien mortelles (une euthanasie sur cinq en 2021). En outre, la loi a été élargie aux mineurs en 2014, contre l’avis de nombreux pédiatres. Et il est question à présent de l’étendre aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (cf. Alliance Vita, 25 mai 2022). En 2020, la loi a contraint les établissements de santé à accepter la pratique d’euthanasies en leur sein. La machine s’est emballée, comme on pouvait s’y attendre, une fois transgressé l’interdit de tuer. On constate le même emballement au Pays-Bas, où le Conseil d’État vient de critiquer un projet de loi visant à autoriser les personnes âgées de plus de 75 ans qui sont simplement « fatiguées de la vie », à recourir à l’euthanasie…
Autre exemple : le Canada. En à peine 6 ans d’application de la loi fédérale autorisant les euthanasies (2016), celles-ci concernent déjà 2% des décès. En 2021, la loi a été élargie, permettant l’euthanasie et le suicide assisté même si la mort n’est pas raisonnablement prévisible. Au Québec, pour rendre la loi québécoise conforme à cette dernière évolution de la loi fédérale, un projet de loi a été déposé par le ministre de la Santé et des Services sociaux le 25 mai. Ce texte propose d’élargir l’euthanasie aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Les malades pourront faire une demande anticipée d’ « aide médicale à mourir »(AMM) tandis qu’à l’heure actuelle, l’aptitude à consentir est requise au moment d’obtenir l’AMM, « sauf exception ». Un autre article du projet de loi prévoit l’obligation de pratiquer l’AMM dans les centres de soins palliatifs, assortie de la suppression de la « protection de conscience ». Sur 35 maisons de soins palliatifs, 9 ont choisi de ne pas pratiquer l’euthanasie : cela leur serait désormais interdit ! La présidente de l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec déplore que « ses membres n’aient jamais été consultés ». Là-bas aussi, tout se passe comme s’il fallait marcher, bon gré, mal gré, « dans le sens de l’Histoire », l’adoption du projet de loi étant prévue le 10 juin prochain, dernier jour de la session parlementaire, dans une précipitation dénoncée par l’opposition et les associations (cf. Gènéthique, 30 mai). Au Québec comme ailleurs, une dérive totalitaire est en marche.
Pour rompre le silence et sortir d’une apathie générale en France, l’association Alliance Vita, propose d’interpeller les candidats aux élections législatives, et Tugdual Derville résume les enjeux de « la bataille de l’euthanasie » (vidéo en lien ci-dessous).
La sélection
La bataille de l’euthanasie
Alliance Vita