Etats-Unis : un verdict sans surprise mais non sans influence
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Etats-Unis : un verdict sans surprise mais non sans influence

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1258, Publiée le 24/04/2021
Le procès du policier Derek Chauvin, accusé de la mort de George Floyd, s’est conclu avec un verdict de culpabilité sans surprise. Selon la loi de l’Etat du Minnesota, le jury a désigné Derek Chauvin comme le responsable de la mort de George Floyd. Qu’il soit reconnu comme étant au moins en partie responsable de sa mort ne faisait guère de doute. La défense arguant du fait qu’il suivait le protocole d’intervention du corps de police de Minneapolis en cas de résistance d’un contrevenant apparaissait fragile. Appuyer avec le genou sur le cou d’une personne pendant de longues minutes est un acte évidemment très dangereux. En l’occurrence, ce policier avait un dossier disciplinaire défavorable, et l’on peut légitimement se demander pourquoi on l’avait laissé à son poste. Ce qui frappe néanmoins est que le contexte de l’arrestation du 25 mai 2020, qui a fait le tour du monde, n’a pas été pris en compte. Il a été escamoté par l’intense battage médiatique et les violentes manifestations du mouvement d’extrême-gauche Black Lives Matter.

Les réseaux sociaux montrent une autre facette des risques qu’ils présentent pour une société démocratique. Une vidéo de quelques minutes a fait le tour du monde et si elle montre bien la brutalité d’un policier, elle ne montre pas l’envers du décor, c’est-à-dire le fait que George Floyd, qui avait un lourd passé criminel, avait tenté de résister à son arrestation. Il était aussi bourré de drogue (un cocktail potentiellement mortel de fentanyl et de métamphétamine) alors que son système cardio-vasculaire était gravement affaibli. Tout ceci a été établi par les médecins légistes et le jury aurait pu le prendre en compte et considérer que la responsabilité du policier dans la mort de cet homme n’était que partielle…

Ce procès était une occasion de retrouver une certaine unité après la fièvre des derniers mois. Cela n’a pas été le cas, car la pression exercée sur les jurés était énorme. Avec les nouveaux moyens de communication, il devient très compliqué d’isoler un jury pour qu’il puisse délibérer de manière indépendante. La peur était là, pesante, de voir de nouvelles émeutes se propager si le verdict attendu n’était pas rendu, et aussi d’être poursuivi par des menaces. Un témoin de la défense a par exemple reçu une tête de cochon tranchée. Une représentante de la gauche du Parti Démocrate, Maxine Waters, a carrément appelé à maintenir la pression pour obtenir le verdict souhaité… Le juge Peter Cahill, en colère, a réagi en déclarant à l’avocat de Derek Chauvin que cette seule intervention d’une personnalité politique pouvait, en cas d’appel, annuler le verdict. D’autre part, le Président Joe Biden lui-même s’est impliqué alors que le jury délibérait en appelant de ses vœux « le bon verdict » et en soulignant « qu’il ne fallait pas en rester là ».

Les activistes semblent presque déçus par la conclusion de ce procès. Prenant au mot le Président Biden, ils estiment que la lutte doit continuer pour combattre le « racisme systémique » qui serait la cause sous-jacente de la mort de George Floyd. Rien n’est réglé donc, comme le souligne Miranda Devine du New York Post (voir interview en lien ci-dessous) car l’extrême-gauche ne peut se montrer satisfaite. La Justice, froide et indépendante, ne peut remplir son rôle capital dans une société démocratique si on permet qu’elle soit prise en otage par des groupes violents, a fortiori s’ils sont soutenus par des gouvernants. Les révolutionnaires de Black Lives Matter demandent « d’abolir la police » et de réécrire l’histoire américaine. Or leurs relais médiatiques, des grandes chaînes CNN ou MSNBC aux réseaux sociaux, sont très puissants.

Le concept de « racisme systémique » est un fantasme. Le contexte même de l’arrestation de George Floyd devrait interpeller : les deux collègues de Derek Chauvin était l’un d’origine asiatique, l’autre d’origine moyen-orientale. Depuis le début de 2021, 52 personnes noires (dont 3 désarmées), 109 personnes blanches (dont 5 désarmées) ont été abattues par la police.

Souvenons-nous du procès d’O.J. Simpson, ancienne star du football américain et acteur noir, conclu en janvier 1995. Il était accusé du meurtre de son ex-compagne et de l’amant de cette dernière. Malgré des preuves accablantes (ex : son ADN trouvé sur les lieux du crime, son comportement violent, sa tentative de fuite), le jury l’avait acquitté grâce au bénéfice du doute, monté en épingle par la défense . Mais ce sont surtout les émeutes raciales violentes à Los Angeles qui avaient exercé une pression implacable jusqu’au verdict improbable.

Les jurés, sous pression, ont donc déclaré Derek Chauvin coupable de toutes les charges qui pesaient contre lui, ne laissant aucune place au doute. Gageons que le policier qui a abattu à bout portant la militante pro-Trump Ashli Babbitt lors des émeutes du Capitole, le 6 janvier dernier, sera soumis à la même rigueur, sans intervention politique…
La sélection
Etats-Unis : un verdict sans surprise mais non sans influence
Tucker Carlson : Derek Chauvin verdict « please don’t hurt us »
Fox News
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