Etats-Unis : le Russiagate revient en boomerang
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Etats-Unis : le Russiagate revient en boomerang

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1513, Publiée le 18/02/2022
Le « Russiagate » a été lancé dès septembre 2016 par l’équipe d’Hillary Clinton, lors de la campagne présidentielle américaine qui allait se conclure par l’élection de Donald Trump. Les Démocrates accusaient ce dernier d’être de mèche avec Vladimir Poutine. Cette affaire a empoisonné le mandat Trump puisqu’il a fallu attendre mars 2019 pour qu’elle fasse « pschitt » : le procureur spécial Robert Mueller conclut alors qu’il n’y avait aucune preuve de collusion. Un nouveau procureur spécial, John Durham, a été chargé par l’administration Trump de faire la lumière sur la genèse de cette affaire. En novembre dernier (voir LSDJ 1434), il a mis en examen plusieurs personnes liées au Parti Démocrate et soupçonnées d’avoir influencé le FBI et la CIA pour les inciter à lancer des enquêtes contre Donald Trump et son équipe de campagne.

Les nouveaux documents présentés la semaine dernière à la Justice par John Durham contiennent des éléments encore plus graves, selon l’éditorial du National Review (voir l’article en lien). Non seulement le clan Clinton aurait ourdi le « Russiagate » pendant la campagne et jusqu’à la période de transition de janvier 2017, mais la nouvelle opposition démocrate aurait aussi espionné les échanges de courriels de Donald Trump pendant son mandat. Les éléments sont les suivants : un informaticien, dénommé Rodney Joffe, aurait utilisé son accès privilégié aux serveurs DNS de la présidence pour rechercher des communications entre la Russie et Donald Trump. Il faut préciser qu’il travaillait pour une société de cybersécurité dûment missionnée par la Maison Blanche pour protéger ses réseaux informatiques. Durham explique que des informations ont été relevées et sorties de leur contexte dans le but de présenter des « preuves » que Donald Trump était une marionnette aux mains de Vladimir Poutine. L’espionnage informatique concernait aussi bien les connexions aux domiciles du Président que celles de son bureau de la Maison Blanche.

Joffe est un militant démocrate qui espérait obtenir un poste haut placé au sein de l’administration d’Hillary Clinton. C’est là que le lien avec les précédentes révélations se fait : Michael Sussmann, un avocat qui travaillait pour l’équipe de campagne Clinton, aurait communiqué ces « renseignements » au FBI et même à la CIA dans l’espoir de provoquer une enquête officielle. En novembre dernier, Durham a mis en examen Sussmann pour avoir menti au FBI en cachant son conflit d’intérêt. Durham démontre que Joffe a continué à espionner le trafic internet de Donald Trump même après son intronisation. Durham entend maintenant prouver que Sussmann aurait livré les mêmes informations tronquées à la CIA en février 2017, c’est-à-dire alors que Donald Trump était président en exercice. En d’autres termes, l’opposition au nouveau locataire de la Maison Blanche aurait utilisé des accès privilégiés à des données confidentielles pour manipuler les agences de renseignement et espionner le Président en exercice.

Ces détails corroborent ce qui a déjà été révélé publiquement : le FBI et le Département de la Justice avaient obtenu des mandats d’une cour fédérale secrète pour surveiller des membres de la campagne républicaine soupçonnés de collusion avec Moscou. Malgré la fragilité des éléments mis sur la table et les doutes sur les sources, cette surveillance a duré plus de 6 mois après l’installation de Trump à la Maison Blanche. Comme on l’a rappelé plus haut, ces mandats ont conduit à la nomination de Robert Mueller, procureur spécial, qui finira par conclure à l’absence de preuves en mars 2019. Depuis lors, Donald Trump ne cessait de clamer que l’équipe Clinton l’avait espionné avec l’appui du FBI. Les grands médias pro-démocrates (CNN et NBC entre autres) n’ont eu de cesse de répondre avec mépris : « Encore un mensonge complotiste ! ». Force est de constater qu’ils sont très silencieux quant aux révélations de Durham, préférant annoncer tous les jours que les chars russes sont sur le point d’envahir l’Ukraine…

Il faut préciser enfin qu’à ce jour, John Durham n’accuse personne d’avoir commis un crime. L’avocat Sussmann n’a été mis en examen que pour avoir menti au FBI concernant l’origine des informations qu’il apportait. Ni le fait d’avoir communiqué les éléments rassemblés grâce à Joffe, ni même leur contenu exact ne font pour l’instant l’objet d’une plainte. L’angle de Durham est de démontrer que l’équipe de campagne de Clinton a manipulé les agences de renseignement. Cette accusation porte un discrédit terrible au FBI et à la CIA dont les dirigeants auraient été influencés par leur parti-pris politique. Ce biais les a conduits à prendre au sérieux des indices qu’ils auraient dû rejeter après examen.

Pour le moment, on ne doit pas attendre de mises en examen concernant les donneurs d’ordre. Mais la situation se retournera si les Républicains obtiennent la majorité lors des élections législatives de novembre prochain. Le scandale pourrait alors prendre l’allure d’un Watergate 2.0…
La sélection
Etats-Unis : le Russiagate revient en boomerang
Durham's jaw-dropping revelation
National Review
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