Esclavagisme en Libye : non, ce n’est pas une surprise !
La chaîne américaine CNN a diffusé le 13 novembre un reportage choc montrant la vente de migrants dans un « marché aux esclaves » près de Tripoli, en Libye. Le scandale a fait sortir de sa léthargie la communauté internationale. Le 22 novembre, Emmanuel Macron a qualifié ces pratiques de « crimes contre l’humanité » après une rencontre à l’Elysée avec le président de la Guinée et de l’Union africaine, et a demandé la réunion expresse du Conseil de sécurité des Nations unies. Les Européens, qui fermaient les yeux sur des exactions susceptibles de tarir l’émigration, et les chefs d’Etat africains qui ne pouvaient les ignorer, rivalisent d’indignation. Il n’y a pourtant rien de nouveau sous le soleil, explique Hamidou Anne, membre du cercle de réflexion L’Afrique des idées, dans une chronique publié par Le Monde. Il y dénonce « la négrophobie » qui sévit dans l’ensemble du Maghreb.
Les « marchés aux esclaves », les abus sexuels et les travaux forcés dont sont victimes les migrants dans cette partie septentrionale de l’Afrique avaient déjà été dénoncés en avril dernier dans un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations. En Libye, mais aussi en Mauritanie, les Noirs subissent l’esclavage. Le racisme s’étale ouvertement en Algérie, où la campagne « Non aux Africains en Algérie » a fait des ravages, au Maroc où le journal Maroc Hebdo a fait sa une sur « Le péril noir » en ciblant les étudiants, immigrés économiques ou migrants en transit. Les assassinats de Subsahariens sont récurrents et restent impunis.
Que faire ? Il ne suffit pas de manifester devant les représentations libyennes, conclut Hamidou Anne. Les Etats européens qui ont passé de «petits arrangements contre les migrants », telle l’Italie avec la Libye, ainsi que ceux de l’Union africaine (UA) doivent « réagir face à la désacralisation de la vie des pauvres et des exilés par une action courageuse contre le traitement de nos compatriotes au Maghreb ».