Élection présidentielle américaine : le match retour Biden-Trump se précise
L'ancien président Donald Trump n'a jamais paru plus proche d'obtenir l'investiture du Parti républicain pour l'élection présidentielle de novembre 2024. Le système américain repose sur des grands électeurs qui vont décider de la « couleur » (rouge pour républicain et bleu pour démocrate) de chaque État. Et leur nombre dépend de leur poids démographique. Mais pour arriver à cette dernière étape – l'élection d'un président – les 2 grands partis doivent investir leurs candidats respectifs. Là aussi, les concurrents font le tour des États pour gagner le soutien de délégués qui désigneront au niveau fédéral celui ou celle qui aura le droit de porter le sceau de leur parti. Le Parti républicain vient d'engager ce processus en commençant par l'Iowa le 15 janvier, État du Midwest toujours regardé de près car considéré comme modéré. Or, Donald Trump a écrasé ses rivaux en emportant 51 % des voix. Son plus proche concurrent, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a obtenu 21 % et il a jeté l'éponge après cette première étape tout en lui apportant son soutien. Le dernier du vote de l'Iowa, Vivek Ramaswamy (7,7 % des voix) a aussi rallié le tempétueux milliardaire. Or, Trump vient de remporter la deuxième étape – le New Hampshire - haut la main face à la concurrente restante, Nikki Haley – avec 55 % des voix. Si l'écart n'est pas aussi large que prévu par les sondages, cette nette victoire est parlante dans un État du Nord-Est qu'on n'associe pas avec le mouvement populiste MAGA ( « Make America Great Again »).
La route est encore longue mais ces 2 premières victoires sont prometteuses : elles ont toujours garanti l'investiture aux précédents candidats. Trump a d'ailleurs fait monter la pression auprès de l'électorat républicain : « Soit nous gagnons, soit notre pays est fini ». Nikki Haley fait de la résistance en refusant de jeter le gant.
L'ancienne ambassadrice U.S. auprès de l'ONU reste un obstacle en réunissant les républicains anti-Trump. Sa défaite a été nette mais pas aussi écrasante que le prédisaient les sondages. Elle représente l'aile « néo-conservatrice » du Parti à l'éléphant, et adhère largement à l'interventionnisme de l'administration Biden. Son pari : renverser la table dans les États qui autorisent les primaires « ouvertes » - c'est-à-dire non limitées aux militants républicains. Elle peut espérer la participation de démocrates voulant empêcher le retour de Donald Trump. Le « super Tuesday » du 5 mars sera décisif avec les nominations de délégués dans 11 États… Et avant cette date, le vote pour l'investiture dans son État de la Caroline du Sud (24 février) sera un test majeur. L'élection dans « l'État de granite » (le New Hampshire) est un avertissement pour l'équipe de Trump : l'étendard MAGA ne rallie pas tout l'électorat républicain. La moitié des votants du New Hampshire considèrent l'élection de Biden en 2020 comme légitime, contre à peine un tiers dans l'Iowa rappelle le Washington Examiner (voir l'article en lien)…
L'acharnement judiciaire contre Donald Trump n'a fait que renforcer le soutien de la base républicaine. Le 8 février prochain, il va plaider devant la Cour suprême fédérale pour contester le jugement de la Cour suprême du Colorado (État démocrate) qui a statué (à 4 contre 3) qu'il ne pouvait participer à la course présidentielle dans cet État. L'argument des juges : sa candidature va à l'encontre du 14e amendement de la Constitution qui disqualifie un candidat ayant « participé à une insurrection » - faisant référence aux événements du 6 janvier 2021. Or, les Cours du Michigan et du Minnesota ont déjà statué qu'un tel garde-fou ne s'appliquait pas aux anciens présidents. Les spécialistes de droit constitutionnel s'accordent pour dire que la Cour suprême ne pourra pas permettre une interprétation différente entre les États.
La base républicaine s'est renforcée dénonçant l'acharnement d'un appareil judiciaire militant pour le parti opposé. Si Trump gagne en novembre, c'est une quarantaine de procès attentés contre lui qui devraient être annulés alors que Joe Biden pourrait être à son tour inquiété pour des soupçons de corruption. Paradoxalement, la nouvelle ascension de Trump favorise le président Joe Biden qui veut une nouvelle investiture. La base démocrate férocement anti-Trump voit dans Biden la promesse d'envoyer Trump en prison… Et d'empêcher que les enquêtes affectant sa famille (son fils Hunter en particulier) ne l'atteignent. Qu'importe son bilan, son âge et surtout les signes inquiétants de démence sénile qui s'accumulent…
On assiste à une dérive qui mine la « première démocratie du monde » : la judiciarisation de la politique. Des juges en viennent à décider qui peut se présenter à une élection quand les politiques utilisent l'appareil judiciaire pour abattre des concurrents…