Politique
Du « communautarisme » aux « séparatismes », attention, ça glisse !
Ce n’est pas d’aujourd’hui que le choix des mots est essentiel en démocratie. Les Athéniens en avaient fait un art, la rhétorique, vite dégénéré en sophistique. Celle-ci consiste à utiliser les mots dans un but exclusivement pragmatique, sans se soucier de leur rapport avec la réalité. En d’autres termes, pour un sophiste, seule compte l’efficacité du discours, et non la recherche d’une improbable vérité. Socrate, dont toute la vie était tournée vers la quête de la vérité, fut condamné à mort pour son opposition ironique à ce dévoiement de la parole publique.
Il faut donc tendre l’oreille quand apparaît un mot nouveau. Celui de cette rentrée est le mot « séparatisme », désormais préféré au « communautarisme ». Pour bien marquer la différence, le gouvernement l’emploie de préférence au pluriel : sus aux « séparatismes » ! Selon Le Parisien (13 septembre), c’est en effet une loi contre « les séparatismes » que le gouvernement concocte actuellement. Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, a annoncé sur Europe 1 (13 septembre) le lancement dès la semaine prochaine d'une vaste consultation sur ce thème auprès des représentants religieux, élus et « experts ». Mais il n’est pas sûr que leurs avis aient une grande importance : toujours selon Le Parisien, cette consultation est supposée durer jusqu’à la fin de l’année, alors que le projet de loi est « promis pour l’automne » et qu’Emmanuel Macron devrait en dévoiler les contours lors d’un voyage dans la région de Montpellier, et notamment à Lunel, foyer de djihadistes partis se battre en Irak et en Syrie, les 22 et 23 septembre…
Revenons au mot. La République serait-elle menacée par des « séparatistes » ? Les indépendantistes corses, basques ou bretons auraient-ils repris du poil de la bête à la faveur du confinement ? Mais non, mais non, s’agace le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, « tout le monde sait bien que le problème principal de ce séparatisme, c'est l'islamisme radical ». Mais alors, pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi préparer une loi contre « les séparatismes », sinon pour noyer le poisson sous prétexte de non-discrimination ? On répète souvent ces temps-ci la phrase d’Albert Camus : « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. » Mais quand l’embrouillamini linguistique vient du sommet de l’État, c’est que des sophistes y préparent un coup tordu …
Comment en effet nommer autrement ce qui se profile derrière cette loi, si l’on en croit les informations du Parisien ? « De peur d'être accusé de stigmatiser une religion, Emmanuel Macron veut élargir à d'autres domaines. À l'Elysée, on cite les dérives de ces « établissements scolaires catholiques qui nient le pacte républicain ». Nous y voilà, la fausse fenêtre pour la symétrie est ouverte ! Cela saute aux yeux, les cathos menacent la République ! Quel serait donc leur crime « séparatiste » ? demande Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire (en lien ci-dessous) : « De ne pas enseigner l’Histoire façon Benjamin Stora ou l’éducation sexuelle comme au Planning familial ? » Si les cathos n’existaient plus (n’ont-ils pas rejoint dans l’esprit du président « les gens qui ne sont rien » ?), il faudrait les ressusciter : comme boucs émissaires, aujourd’hui comme sous l’Empire romain, on n’a jamais trouvé mieux !
Il faut donc tendre l’oreille quand apparaît un mot nouveau. Celui de cette rentrée est le mot « séparatisme », désormais préféré au « communautarisme ». Pour bien marquer la différence, le gouvernement l’emploie de préférence au pluriel : sus aux « séparatismes » ! Selon Le Parisien (13 septembre), c’est en effet une loi contre « les séparatismes » que le gouvernement concocte actuellement. Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, a annoncé sur Europe 1 (13 septembre) le lancement dès la semaine prochaine d'une vaste consultation sur ce thème auprès des représentants religieux, élus et « experts ». Mais il n’est pas sûr que leurs avis aient une grande importance : toujours selon Le Parisien, cette consultation est supposée durer jusqu’à la fin de l’année, alors que le projet de loi est « promis pour l’automne » et qu’Emmanuel Macron devrait en dévoiler les contours lors d’un voyage dans la région de Montpellier, et notamment à Lunel, foyer de djihadistes partis se battre en Irak et en Syrie, les 22 et 23 septembre…
Revenons au mot. La République serait-elle menacée par des « séparatistes » ? Les indépendantistes corses, basques ou bretons auraient-ils repris du poil de la bête à la faveur du confinement ? Mais non, mais non, s’agace le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, « tout le monde sait bien que le problème principal de ce séparatisme, c'est l'islamisme radical ». Mais alors, pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi préparer une loi contre « les séparatismes », sinon pour noyer le poisson sous prétexte de non-discrimination ? On répète souvent ces temps-ci la phrase d’Albert Camus : « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. » Mais quand l’embrouillamini linguistique vient du sommet de l’État, c’est que des sophistes y préparent un coup tordu …
Comment en effet nommer autrement ce qui se profile derrière cette loi, si l’on en croit les informations du Parisien ? « De peur d'être accusé de stigmatiser une religion, Emmanuel Macron veut élargir à d'autres domaines. À l'Elysée, on cite les dérives de ces « établissements scolaires catholiques qui nient le pacte républicain ». Nous y voilà, la fausse fenêtre pour la symétrie est ouverte ! Cela saute aux yeux, les cathos menacent la République ! Quel serait donc leur crime « séparatiste » ? demande Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire (en lien ci-dessous) : « De ne pas enseigner l’Histoire façon Benjamin Stora ou l’éducation sexuelle comme au Planning familial ? » Si les cathos n’existaient plus (n’ont-ils pas rejoint dans l’esprit du président « les gens qui ne sont rien » ?), il faudrait les ressusciter : comme boucs émissaires, aujourd’hui comme sous l’Empire romain, on n’a jamais trouvé mieux !