Société
Des infos dignes de confiance, vraiment ?
La Trusted News Initiative (TNI), fondée en 2019, regroupe de grands organismes de presse et entreprises technologiques, dont l'objectif affiché est de lutter contre « la désinformation là où il existe un risque de dommages réels à l’échelle planétaire. »
La liste des partenaires impressionne : AP, AFP, BBC, Union européenne de radio-télévision (UER), Facebook, Google/YouTube, Microsoft, Reuters, Twitter, Washington Post… En décembre 2020, la TNI a lancé une campagne ciblant la désinformation 'anti-vaccin', déclarant selon l’UER que « les partenaires de la TNI s’alerteront mutuellement en cas de désinformation présentant une menace vitale imminente, afin que les contenus visés puissent être examinés rapidement par les responsables des plateformes. »
Ostensiblement, les membres de la TNI défendent le public contre les fake news, étant des « militants de l'impartialité », selon le directeur de la BBC Tim Davie. Mais comment se présente cette « impartialité » dans la pratique ? La campagne contre la « désinformation anti-vaccin » est-elle exempte de conflits d'intérêts ? Tim Davie parlait dans le contexte de l’événement Reuters Next en janvier 2021, mais que penser du fait que le président de Thomson Reuters James C. Smith est également membre du conseil d'administration de Pfizer ? Dans la même veine, factcheck.org, partenaire de Facebook, est financé par la Fondation Robert Wood Johnson, dont le PDG Richard Besser dirigeait auparavant le CDC (Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies). Cette fondation, qui détient près de 2 milliards de dollars d'actions du producteur de vaccins Johnson & Johnson, a directement financé les activités de SciCheck au sein de factcheck.org au sujet des vaccins.
La suppression de la « désinformation » des ‘anti-vaccins’, s'est avérée controversée. D’un côté, la TNI admet l’importance « d’examiner minutieusement le fondement scientifique des nouveaux vaccins COVID-19 et de faire entendre les préoccupations légitimes des personnes qui s’interrogent sur la signification d’un vaccin contre le coronavirus. » Cependant, dans les faits, la politique de YouTube (en particulier) a notamment conduit à la censure de scientifiques qui ont contesté le discours des autorités de santé publique (par exemple en préconisant l'ivermectine comme moyen de traitement précoce du covid-19, pourtant utilisé avec succès dans plusieurs pays). D’autres membres de la TNI ont utilisé des tactiques similaires. Comme l'ont révélé des documents internes divulgués à Project Veritas par Morgan Kahmann, employé de Facebook, la plateforme a développé des algorithmes pour détecter et rétrograder les commentaires des utilisateurs jugés « hésitants à l'égard des vaccins. »
La légalité de telles actions fait l'objet d'un débat, et les opinions semblent diverger entre tribunaux américains et européens quant à la mesure dans laquelle les médias sociaux doivent respecter la liberté d'expression de leurs utilisateurs. En 2020, une cour à San Francisco a donné raison à YouTube dans un contexte non-médical contre l'université Prager, qui accusait YT de violer le premier amendement de la Constitution américaine en supprimant ses vidéos. La cour américaine a jugé que YT était dans son droit, n'étant pas un « forum public ». Toutefois, YT vient de perdre deux procès similaires en Allemagne. Un tribunal de Dresde a infligé une amende de 100 000 € à YT pour avoir refusé de se conformer à un ordre de réintégrer immédiatement une vidéo qu’elle avait supprimée d'une manifestation suisse contre le confinement. Puis, ce mois-ci, un tribunal de Cologne a donné raison au collectif d'artistes #allesaufdentisch (« tout sur la table ») concernant la suppression par YouTube d'entretiens avec le mathématicien Stephan Luckhaus et le neurobiologiste Gerald Hüther, censure justifiée par YT en disant que les propos à l’égard des vaccins contredisaient le « consensus d'experts des autorités sanitaires locales ou de l'OMS ». Les artistes Volker Bruch et Jeana Paraschiva ont déclaré : « Nous essayons de dialoguer avec les gens. C'est cela la démocratie. Eteindre nos voix en est le triste opposé. » Commentant la décision de la cour, l'avocat Joachim Steinhöfel a expliqué que « le tribunal régional de Cologne a fait comprendre en quelques heures à la machine de censure du monopoliste YouTube que les limites légales ont été dépassées ici. »
Pour certains, la campagne du TNI contre la « désinformation » ne va pas assez loin et doit être renforcée (le 29 septembre 2021, YouTube a encore élargi sa politique, supprimant les chaînes des critiques notoires de la vaccination Robert F Kennedy Jr. et Joseph Mercola).
D'autres y voient une attaque orwellienne contre la liberté d'expression, manipulant l'opinion publique par la suppression du débat médical et scientifique. Il semblerait que la Trusted News Initiative ne bénéficie pas nécessairement d'une confiance aussi large que ses partenaires aimeraient le croire ...
La liste des partenaires impressionne : AP, AFP, BBC, Union européenne de radio-télévision (UER), Facebook, Google/YouTube, Microsoft, Reuters, Twitter, Washington Post… En décembre 2020, la TNI a lancé une campagne ciblant la désinformation 'anti-vaccin', déclarant selon l’UER que « les partenaires de la TNI s’alerteront mutuellement en cas de désinformation présentant une menace vitale imminente, afin que les contenus visés puissent être examinés rapidement par les responsables des plateformes. »
Ostensiblement, les membres de la TNI défendent le public contre les fake news, étant des « militants de l'impartialité », selon le directeur de la BBC Tim Davie. Mais comment se présente cette « impartialité » dans la pratique ? La campagne contre la « désinformation anti-vaccin » est-elle exempte de conflits d'intérêts ? Tim Davie parlait dans le contexte de l’événement Reuters Next en janvier 2021, mais que penser du fait que le président de Thomson Reuters James C. Smith est également membre du conseil d'administration de Pfizer ? Dans la même veine, factcheck.org, partenaire de Facebook, est financé par la Fondation Robert Wood Johnson, dont le PDG Richard Besser dirigeait auparavant le CDC (Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies). Cette fondation, qui détient près de 2 milliards de dollars d'actions du producteur de vaccins Johnson & Johnson, a directement financé les activités de SciCheck au sein de factcheck.org au sujet des vaccins.
La suppression de la « désinformation » des ‘anti-vaccins’, s'est avérée controversée. D’un côté, la TNI admet l’importance « d’examiner minutieusement le fondement scientifique des nouveaux vaccins COVID-19 et de faire entendre les préoccupations légitimes des personnes qui s’interrogent sur la signification d’un vaccin contre le coronavirus. » Cependant, dans les faits, la politique de YouTube (en particulier) a notamment conduit à la censure de scientifiques qui ont contesté le discours des autorités de santé publique (par exemple en préconisant l'ivermectine comme moyen de traitement précoce du covid-19, pourtant utilisé avec succès dans plusieurs pays). D’autres membres de la TNI ont utilisé des tactiques similaires. Comme l'ont révélé des documents internes divulgués à Project Veritas par Morgan Kahmann, employé de Facebook, la plateforme a développé des algorithmes pour détecter et rétrograder les commentaires des utilisateurs jugés « hésitants à l'égard des vaccins. »
La légalité de telles actions fait l'objet d'un débat, et les opinions semblent diverger entre tribunaux américains et européens quant à la mesure dans laquelle les médias sociaux doivent respecter la liberté d'expression de leurs utilisateurs. En 2020, une cour à San Francisco a donné raison à YouTube dans un contexte non-médical contre l'université Prager, qui accusait YT de violer le premier amendement de la Constitution américaine en supprimant ses vidéos. La cour américaine a jugé que YT était dans son droit, n'étant pas un « forum public ». Toutefois, YT vient de perdre deux procès similaires en Allemagne. Un tribunal de Dresde a infligé une amende de 100 000 € à YT pour avoir refusé de se conformer à un ordre de réintégrer immédiatement une vidéo qu’elle avait supprimée d'une manifestation suisse contre le confinement. Puis, ce mois-ci, un tribunal de Cologne a donné raison au collectif d'artistes #allesaufdentisch (« tout sur la table ») concernant la suppression par YouTube d'entretiens avec le mathématicien Stephan Luckhaus et le neurobiologiste Gerald Hüther, censure justifiée par YT en disant que les propos à l’égard des vaccins contredisaient le « consensus d'experts des autorités sanitaires locales ou de l'OMS ». Les artistes Volker Bruch et Jeana Paraschiva ont déclaré : « Nous essayons de dialoguer avec les gens. C'est cela la démocratie. Eteindre nos voix en est le triste opposé. » Commentant la décision de la cour, l'avocat Joachim Steinhöfel a expliqué que « le tribunal régional de Cologne a fait comprendre en quelques heures à la machine de censure du monopoliste YouTube que les limites légales ont été dépassées ici. »
Pour certains, la campagne du TNI contre la « désinformation » ne va pas assez loin et doit être renforcée (le 29 septembre 2021, YouTube a encore élargi sa politique, supprimant les chaînes des critiques notoires de la vaccination Robert F Kennedy Jr. et Joseph Mercola).
D'autres y voient une attaque orwellienne contre la liberté d'expression, manipulant l'opinion publique par la suppression du débat médical et scientifique. Il semblerait que la Trusted News Initiative ne bénéficie pas nécessairement d'une confiance aussi large que ses partenaires aimeraient le croire ...