Demain, un monde sans enfants ?
Nous dirigeons-nous vers un monde, une France sans enfants ? Les chiffres parlent hélas d'eux-mêmes ... D'une part, la chute de la natalité se poursuit en France, avec une baisse de 7 % du nombre de naissances au cours des sept premiers mois de 2023, par rapport à la même période en 2022. D'autre part, le nombre d'avortements a historiquement augmenté en 2022, atteignant son plus haut niveau depuis trente ans, culminant à 234 300 IVG pratiquées l'an passé. Il faut dire que la mode ne semble pas aux familles nombreuses, voire aux familles tout court. Les Unes de magazines sur le sujet se multiplient, outre-Atlantique comme en France : plus personne, ou presque, ne voudrait avoir d'enfant. Dans Le Monde, la vétérinaire Hélène Gâteau explique comment elle a préféré avoir un chien qu'un enfant. Selon elle, « une femme sans enfant est déjà mise dans une case, si en plus elle affirme préférer avoir un chien, c'est la double peine ». Le très branché magazine Society fait carrément sa une sur « faut-il être fou pour avoir des enfants ? », « Pas d'enfant, pas de problème », titre le magazine. Ceux que l'on appelle les « childfree » seraient, selon toutes les études, les adultes les plus épanouis du monde actuel ».
Si l'on se fie à un sondage IFOP réalisé en 2022 pour le magazine Elle, 30 % des Françaises entre 18 et 49 ans se diraient concernées par cette « infécondité volontaire ». Il était sans doute important de trouver une nouvelle façon de dire « ne pas vouloir avoir d'enfants ». Dans ce sondage choc, on apprend que 13 % des sondées disent ne pas vouloir d'enfant. À la même question, en 2006, elles n'étaient que 2 %… Qui répond cela ? Les plus jeunes, les parisiennes, les plus féministes, les militantes EELV et les personnes aux revenus les plus faibles. Ce choix de ne pas avoir d'enfants semble se diffuser. Et si tel n'était pas le cas, on l'y aide, entre témoignages largement médiatisés et désormais programmes scolaires dès le plus jeune âge : en Belgique, les très critiquées séances EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) s'intéressent également, au-delà d'une éducation sexuelle non hétéronormée dès le plus jeune âge, aux normes de la société, à la « santé sexuelle et reproductive ». Ainsi, le thème du « désir ou du non désir d'avoir des enfants » est proposée pour les 9-11 ans, le professeur devant parler durant ces séances de « la parentalité » et de « la pression sociale ».
Pendant ce temps, outre-Atlantique, les projections de Morgan Stanley parlent de 45 % de femmes célibataires et sans enfant en 2030. « Notre culture nous dit qu'une femme célibataire et sans enfants est autonome et responsable de sa propre vie, explique ainsi le Washington Post. En échappant au fardeau inutile d'élever une famille et d'être l'esclave de son mari. C'est du moins ce dont notre société nous a convaincu. Malheureusement, de nombreuses femmes ont adopté le mode de vie féministe moderne et ont choisi d'avorter si elles tombent enceintes de manière inattendue et de renoncer au mariage. Mais ces tendances culturelles vont avoir un impact considérable sur l'avenir de la société américaine. » Ainsi, le nombre de femmes célibataires aux États-Unis devrait augmenter de 1,2 % chaque année entre 2018 et 2030. Il semble qu'il y aura de moins en moins de mères au cours des deux prochaines décennies aux États-Unis, celles-ci choisissant de se concentrer sur leur travail plutôt que de fonder une famille.
Reste la question de fond : pourquoi soudain ne plus vouloir d'enfant ? Aux yeux de certains, stress climatique oblige, les raisons écologiques (surpopulation, peur de laisser un enfer sur terre à leur progéniture), priment même désormais sur les raisons financières et familiales. Mais, à l'heure actuelle, entre inflation, charges excessives et revenus insuffisants, avoir un enfant, et plus encore une famille nombreuse, devient hélas un luxe. La faute à l'absence totale de politique pro famille en France depuis les années Hollande, peut-être ? Si l'on donnait aux parents potentiels les moyens d'avoir autant d'enfants qu'ils en rêveraient, les résultats des sondages seraient sans aucun doute bien différents.
Mais les raisons hédonistes de ne pas avoir d'enfants ne manquent pas non plus. Ne leur dites pas qu'ils sont individualistes, égocentriques, égoïstes... Ces non parents par choix se disent avant tout adeptes de développement personnel, d'épanouissement de soi. Un état plus facile à réaliser, c'est certain, quand on n'a qu'à s'occuper que de soi. D'ailleurs, cette quasi détestation sociale de l'enfant se répand. Elle mène également à l'apparition de zones réservées aux adultes, ou plus prosaïquement interdites aux petits, synonymes de bruit, de décors. Hôtel, restaurants, parcs, et maintenant compagnies aériennes… Ces allergiques aux enfants auront le plaisir, au passage, de payer plus pour ne pas voir de petits. « Quand je fais la liste des pour et des contre, je vois tous les désavantages à avoir un enfant, mais pas les plus », témoigne un converti dans Society. Normal que cela échappe aux égoïstes : on appelle cela l'amour, celui que l'on donne et celui que l'on reçoit.