Politique
La grande misère de l’armée française
Après la démission retentissante du général de Villiers, chef d’état-major des Armées (CMA) (cf. SLDJ du 19 juillet), France Info a mené une enquête approfondie sur l’état de notre armée. Les militaires et spécialistes de la défense sont unanimes : « Matériel vieilli, usé, dépassé, troupes fatiguées, épuisées ... une armée à bout de souffle » !
Sur les dépenses d’équipement, d’abord : véhicules (bateaux, engins terrestres ou aériens) vieillissant au point que 50% seulement sont disponibles (contre 80% il y a six ans). Dans l’armée de l’air, la « cannibalisation » est devenue une pratique courante : sur « dix appareils sur une base aérienne : la moitié vole... et l'autre sert à fournir des pièces de rechange. » La marine n’est pas mieux lotie avec « des bateaux rouillés au point de devoir rester à quai ».
Etre en opération n’est pas une garantie d’être bien équipé : « Au Mali, les forces armées circulent à bord de VAB ("véhicules de l'avant blindés") qui peuvent avoir plus de 30 ans, et ne sont pas climatisés ». « Je suis de la nouvelle génération, j'ai huit ans de service. Il faut savoir que mon grand-père travaillait sur le même véhicule il y a trente ans » témoigne un sous-officier de l'armée de terre. Le rutilant défilé du 14-Juillet ne doit pas faire illusion : « C'est comme "Tintin au pays des Soviets" : on voit le décor mais pas l'arrière, qui est très dégradé. »
S’agissant des effectifs, « en dix ans, l'armée a perdu pas moins de 65 000 postes. C'est le plus grand plan social de l'administration française. » Manque d'effectifs, de réserves stratégiques, de matériel opérationnel … on est au bord des « ruptures capacitaires » : « Il y a un moment où sur des théâtres d'opération, des pans de la mission ne pourront pas être remplis. »
Autre conséquence de ce manque de moyens : « l'impact direct sur l'entraînement des troupes. » Un membre des forces spéciales confie ainsi que pendant deux ans, son service n'a pas pu s'entraîner avec des hélicoptères. Quant aux munitions, leur rationnement drastique réduit dangereusement les entraînements en tir réel … « Il n’y a même pas de quoi actuellement faire tirer une roquette par an et par tireur dans l’armée de terre ... »
Si les moyens se sont dégradés, les missions, elles, se sont multipliées. Conséquence : les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles (permissions réduites, gradés effectuant des semaines de 60 à 70 heures). L'opération Sentinelle, déclenchée après les attentats de janvier 2015, ne permet plus aux soldats d’alterner des phases d'entraînement, de déploiement et de repos. Ceux-ci sont en outre mal hébergés, loin des centres villes en raison de la vente massive des casernes urbaines et de l’état «proche de l'insalubrité» du patrimoine immobilier de l'armée comme le pointe un rapport de la commission des Finances du Sénat dont Le Parisien (20 juillet) vient de révéler le contenu consternant.
Sur les dépenses d’équipement, d’abord : véhicules (bateaux, engins terrestres ou aériens) vieillissant au point que 50% seulement sont disponibles (contre 80% il y a six ans). Dans l’armée de l’air, la « cannibalisation » est devenue une pratique courante : sur « dix appareils sur une base aérienne : la moitié vole... et l'autre sert à fournir des pièces de rechange. » La marine n’est pas mieux lotie avec « des bateaux rouillés au point de devoir rester à quai ».
Etre en opération n’est pas une garantie d’être bien équipé : « Au Mali, les forces armées circulent à bord de VAB ("véhicules de l'avant blindés") qui peuvent avoir plus de 30 ans, et ne sont pas climatisés ». « Je suis de la nouvelle génération, j'ai huit ans de service. Il faut savoir que mon grand-père travaillait sur le même véhicule il y a trente ans » témoigne un sous-officier de l'armée de terre. Le rutilant défilé du 14-Juillet ne doit pas faire illusion : « C'est comme "Tintin au pays des Soviets" : on voit le décor mais pas l'arrière, qui est très dégradé. »
S’agissant des effectifs, « en dix ans, l'armée a perdu pas moins de 65 000 postes. C'est le plus grand plan social de l'administration française. » Manque d'effectifs, de réserves stratégiques, de matériel opérationnel … on est au bord des « ruptures capacitaires » : « Il y a un moment où sur des théâtres d'opération, des pans de la mission ne pourront pas être remplis. »
Autre conséquence de ce manque de moyens : « l'impact direct sur l'entraînement des troupes. » Un membre des forces spéciales confie ainsi que pendant deux ans, son service n'a pas pu s'entraîner avec des hélicoptères. Quant aux munitions, leur rationnement drastique réduit dangereusement les entraînements en tir réel … « Il n’y a même pas de quoi actuellement faire tirer une roquette par an et par tireur dans l’armée de terre ... »
Si les moyens se sont dégradés, les missions, elles, se sont multipliées. Conséquence : les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles (permissions réduites, gradés effectuant des semaines de 60 à 70 heures). L'opération Sentinelle, déclenchée après les attentats de janvier 2015, ne permet plus aux soldats d’alterner des phases d'entraînement, de déploiement et de repos. Ceux-ci sont en outre mal hébergés, loin des centres villes en raison de la vente massive des casernes urbaines et de l’état «proche de l'insalubrité» du patrimoine immobilier de l'armée comme le pointe un rapport de la commission des Finances du Sénat dont Le Parisien (20 juillet) vient de révéler le contenu consternant.