Sciences
D'Apollo à Artémis : la fin d'une éclipse lunaire de 50 ans
Voilà un demi-siècle que l’homme n’a pas remis les pieds sur la Lune… La dernière mission Apollo 17 a amerri dans le Pacifique Sud le 19 décembre 1972 avec 3 astronautes à son bord. Le 16 novembre 2022, Artémis I quittait son pas de lancement vers la Lune. Un voyage inhabité mais qui a amené le vaisseau à moins de 100 km de la surface lunaire avant de tourner en orbite lointaine autour de notre satellite. Jamais un vaisseau spatial conçu pour transporter des êtres humains n’est parti aussi loin de la Terre… où il est revenu sans problème le 11 décembre. Une longue nuit lunaire de 50 ans touche à sa fin, se félicite Alex Dubin pour The New Atlantis (voir l’essai en lien). Il faut dire que le temps presse : les Américains se rendent compte que, s’ils ne reprennent pas l’initiative, la Chine pourrait devenir la première puissance spatiale au plus tard en 2045. Gratter la surface lunaire, martienne ou des astéroïdes promet des découvertes sensationnelles avec des conséquences multiples pour la vie sur Terre.
Pourquoi un si long intermède ? En 1970, alors que les États-Unis entraient dans une grande dépression liée à la fin de la guerre du Vietnam, la NASA a annulé les missions Apollo 18, 19 et 20. Le retour d’Apollo 17 en décembre 1972 s’est fait dans un climat d’indifférence alors que le Président Nixon avait donné à la NASA une nouvelle mission. Plus question de foncer vers Mars, l’objectif était de concevoir une navette pour tourner autour de la Terre. À quoi bon envoyer des hommes sur la Lune puisque l’Amérique avait gagné cette compétition face aux Soviétiques ? De grandes avancées ont eu lieu pendant cette période d’éclipse lunaire : des sondes sont parties visiter les profondeurs de l’espace, des astronautes gravitent en continu autour de la Terre, et Hubble renvoie des images magnifiques des galaxies lointaines… Mais la Lune, comme première étape pour une exploration humaine, est restée ignorée à cause des divisions politiques et d’un manque de vision à long terme.
Une suite d’atermoiements… La NASA s’est d’abord lancée dans la station Skylab en orbite basse autour de la Terre. Trop basse : elle a fini en boule de feu en 1979 au-dessus de l’Australie. La navette spatiale devant la remorquer vers une orbite plus haute avait pris du retard. En 1981, le Président Reagan lançait le projet de l’ISS (Station Spatiale Internationale) devant accueillir une présence ininterrompue d’astronautes. Mais le désastre de Challenger en 1986 (7 morts) allait sceller le sort d’un projet déjà condamné par des coûts exorbitants. Le Président Georges Bush annonçait un nouveau grand projet : une station (« Freedom ») et un retour sur la Lune, puis une mission martienne. La NASA a demandé 500 milliards de dollars mais le gouvernement n’a pas donné suite. Sous Bill Clinton, l’impératif était « plus vite, mieux et moins cher » : abandon de missions humaines au-delà de l’orbite terrestre et construction d’une navette internationale. La navette allait montrer ses limites jusqu’à la catastrophe de Columbia en 2003 qui tua ses 7 occupants. Nouveau projet en 2005 lancé par Georges W. Bush avec une vision plus ambitieuse et le retour sur la Lune « en 2020 » avant de viser Mars. Le programme « Constellation » allait vite connaître de sérieux retards sans être appuyé par un effort budgétaire suffisant. Il fut annulé par le Président Obama. Mais le Congrès avait fait de la résistance pour conserver le projet de construction d’une fusée lourde (« SLS ») et de la capsule Orion. L’administration Trump allait enfin donner des buts clairs (retour sur la Lune en 2024) : Artémis a vu le jour sous le parrainage du Vice-Président Mike Pence. L’administration Biden a maintenu les mêmes priorités en continuant à renforcer le budget de la NASA (après des années de stagnation, il devrait atteindre 25 à 26 milliards en 2023)…
Quels objectifs pour Artémis ? L’appui politique est de nouveau là mais Artémis poursuit un objectif à long-terme alors qu’Apollo était conçu pour une course contre les Soviets. Revenir d’abord sur la Lune et y établir une présence continue pour y conduire des expériences et explorations (2025). Construire une station spatiale en orbite lunaire (le « Gateway ») – sorte de relai permettant des départs plus lointains vers Mars… Cette partie est controversée, certains demandant plutôt la construction d’une base sur le sol lunaire. La dernière étape d’Artémis est un voyage habité sur Mars dans la décennie 2030.
L’écosystème a été bouleversé par l’arrivée d’acteurs privés. Elon Musk veut lancer une mission orbitale lunaire de son Starship dès le début 2023. D’autres acteurs avancent très vite (Boeing, Sierra Nevada, Blue Origin) avec pour corollaire une chute spectaculaire des coûts par rapport aux développements de la NASA (SLS et Orion). Cette révolution promet une base bien plus solide pour les programmes spatiaux. C’est une nouvelle ère de partenariat public-privé permettant d’échapper à l’orbite des disputes politiques.
Pourquoi un si long intermède ? En 1970, alors que les États-Unis entraient dans une grande dépression liée à la fin de la guerre du Vietnam, la NASA a annulé les missions Apollo 18, 19 et 20. Le retour d’Apollo 17 en décembre 1972 s’est fait dans un climat d’indifférence alors que le Président Nixon avait donné à la NASA une nouvelle mission. Plus question de foncer vers Mars, l’objectif était de concevoir une navette pour tourner autour de la Terre. À quoi bon envoyer des hommes sur la Lune puisque l’Amérique avait gagné cette compétition face aux Soviétiques ? De grandes avancées ont eu lieu pendant cette période d’éclipse lunaire : des sondes sont parties visiter les profondeurs de l’espace, des astronautes gravitent en continu autour de la Terre, et Hubble renvoie des images magnifiques des galaxies lointaines… Mais la Lune, comme première étape pour une exploration humaine, est restée ignorée à cause des divisions politiques et d’un manque de vision à long terme.
Une suite d’atermoiements… La NASA s’est d’abord lancée dans la station Skylab en orbite basse autour de la Terre. Trop basse : elle a fini en boule de feu en 1979 au-dessus de l’Australie. La navette spatiale devant la remorquer vers une orbite plus haute avait pris du retard. En 1981, le Président Reagan lançait le projet de l’ISS (Station Spatiale Internationale) devant accueillir une présence ininterrompue d’astronautes. Mais le désastre de Challenger en 1986 (7 morts) allait sceller le sort d’un projet déjà condamné par des coûts exorbitants. Le Président Georges Bush annonçait un nouveau grand projet : une station (« Freedom ») et un retour sur la Lune, puis une mission martienne. La NASA a demandé 500 milliards de dollars mais le gouvernement n’a pas donné suite. Sous Bill Clinton, l’impératif était « plus vite, mieux et moins cher » : abandon de missions humaines au-delà de l’orbite terrestre et construction d’une navette internationale. La navette allait montrer ses limites jusqu’à la catastrophe de Columbia en 2003 qui tua ses 7 occupants. Nouveau projet en 2005 lancé par Georges W. Bush avec une vision plus ambitieuse et le retour sur la Lune « en 2020 » avant de viser Mars. Le programme « Constellation » allait vite connaître de sérieux retards sans être appuyé par un effort budgétaire suffisant. Il fut annulé par le Président Obama. Mais le Congrès avait fait de la résistance pour conserver le projet de construction d’une fusée lourde (« SLS ») et de la capsule Orion. L’administration Trump allait enfin donner des buts clairs (retour sur la Lune en 2024) : Artémis a vu le jour sous le parrainage du Vice-Président Mike Pence. L’administration Biden a maintenu les mêmes priorités en continuant à renforcer le budget de la NASA (après des années de stagnation, il devrait atteindre 25 à 26 milliards en 2023)…
Quels objectifs pour Artémis ? L’appui politique est de nouveau là mais Artémis poursuit un objectif à long-terme alors qu’Apollo était conçu pour une course contre les Soviets. Revenir d’abord sur la Lune et y établir une présence continue pour y conduire des expériences et explorations (2025). Construire une station spatiale en orbite lunaire (le « Gateway ») – sorte de relai permettant des départs plus lointains vers Mars… Cette partie est controversée, certains demandant plutôt la construction d’une base sur le sol lunaire. La dernière étape d’Artémis est un voyage habité sur Mars dans la décennie 2030.
L’écosystème a été bouleversé par l’arrivée d’acteurs privés. Elon Musk veut lancer une mission orbitale lunaire de son Starship dès le début 2023. D’autres acteurs avancent très vite (Boeing, Sierra Nevada, Blue Origin) avec pour corollaire une chute spectaculaire des coûts par rapport aux développements de la NASA (SLS et Orion). Cette révolution promet une base bien plus solide pour les programmes spatiaux. C’est une nouvelle ère de partenariat public-privé permettant d’échapper à l’orbite des disputes politiques.
La sélection
The long delay is nearly over
The New Atlantis