La « dame de fer » de Caracas : l'espoir renaît au Vénézuela
Le dictateur Nicolas Maduro et ses sbires du PSUV (Parti Socialiste Unifié du Vénézuela) avaient vu juste : la menace la plus sérieuse viendrait d'une femme… Maria Corina Machado est aujourd'hui vue comme la « dame de fer » qui ose s'opposer frontalement aux héritiers du chavisme qui ont plongé un pays extraordinairement riche (pétrole, gaz et métaux précieux) dans la ruine économique et sociale. Le Vénézuela est devenu un champion de l'inflation et de l'insécurité – en ayant reproduit l'enfer du « communisme tropical » cubain… Le 30 juin 2023, la Justice vénézuélienne aux ordres avait déclaré Madame Machado inéligible pour 15 ans. On l'accusait d'avoir trahi son pays en contestant les résultats (déjà falsifiés) de l'élection présidentielle de 2019… Elle a néanmoins gagné les primaires de l'opposition en octobre 2023 avec 93 % de voix. C'était un signe que - pour la première fois depuis le règne d'Hugo Chavez (de 1999 jusqu'à sa mort en 2013) – une opposition réelle se levait. Edmundo Gonzalez Urrutia est son candidat officiel pour empêcher Maduro de faire un troisième mandat consécutif car Maria Corina Machado ne pouvait pas se présenter aux élections du 28 juillet dernier. Mais c'est son visage qui est partout dans les rues du pays depuis qu'en masse les Vénézuéliens protestent contre le mensonge du pouvoir qui prétend que Maduro a remporté les élections avec 7 points d'avance sur Urrutia (51 % contre 44 %). Signe de la panique qui gagne le PSUV, cette annonce a été précipitée sans produire le moindre document chiffré à l'appui. Les observateurs occidentaux sont unanimes pour dénoncer une des pires violations d'un processus démocratique – même en Amérique Latine. Car les quelques chiffres qui ont filtré vont dans le sens d'une large victoire de l'opposition.
Le dernier scrutin de 2019 avait déjà fait l'objet de contestations mais la clique chaviste les avaient fait taire en jetant en prison les opposants les plus dangereux et en faisant descendre dans les rues des gangs armés. La situation est différente aujourd'hui – selon Juan Villasmil pour Quillette (voir en lien) car les masses laborieuses sur lesquelles le pouvoir chaviste comptait sont elles aussi dans les rues. « Venezuela ha perdido el miedo” (“Le Vénézuela n'a plus peur”) et “Libertad !” sont les cris que poussent des centaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale. Les réseaux sociaux et surtout la très importante communauté expatriée (près d'un quart des Vénézuéliens ont quitté leur pays) ont mis à nu les mensonges du gouvernement… Non, la situation catastrophique n'est pas due aux « Yankees » ni aux « fascistes » cachés à tous les coins de rue : c'est la corruption et l'incompétence du pouvoir. Au point que - si Maduro n'avait pas l'appui d'une armée pléthorique (elle compte un nombre record de généraux) qui le protège dans son luxueux palais Miraflores, il serait lynché par la foule. Mais le pays est à un tournant dangereux : Maduro a déjà annoncé qu'il ne cèderait pas et la Cour Suprême s'est empressée de confirmer sa "victoire". Il a même demandé la mise en place de programmes de rééducation et de camps de travail forcé alors que les manifestants ne désarment pas. Même les leaders de gauche en Amérique Latine ne sont plus prêts à soutenir Caracas – tant la fraude est évidente. Au Chili, Gabriel Boric a clairement dénoncé l'attitude de Maduro. D'autres, comme Lula au Brésil et Gustavo Petro en Colombie, ont appelé à un « respect de la démocratie » et à la tenue de nouvelles élections. Cette dernière idée a été fermement rejetée par l'opposition vénézuélienne. À ce jour, on ne trouve que la Russie, l'Iran, la Chine, la Corée du Nord et bien sûr Cuba comme soutiens du régime…
On peut donc craindre une répression sanglante tant le régime est aux abois. Maria Corina Machado présente une alternative idéologique claire et frontalement opposée au chavisme car libérale. Ce qui n'a pas été le cas depuis 1999 tant le régime avait bâillonné toute contestation en construisant un véritable culte autour d'Hugo Chavez. Avant 2019, les rivaux lors des scrutins ne remettaient pas en cause le système : ils se contentaient de critiquer l'autoritarisme du pouvoir. Le pays est parsemé de statues à l'image du chef « intergalactique » : on s'en rend compte aujourd'hui alors que les réseaux sociaux montrent les foules qui les abattent. Des peintures murales montrent le fondateur du pays, le révolutionnaire Bolivar, tenant dans ses bras un petit Chavez – à l'image d'un vierge tenant Jésus dans ses bras. Car l'emprise chaviste est partout : on a rendu les plus pauvres dépendants de l'aide d'État tout en gonflant les effectifs militaires. Des aides qui échappaient aux citoyens dont la loyauté au régime était jugée fragile… Maduro avait déclaré avoir vu Chavez en rêve peu après sa mort en 2013 lui donnant sa bénédiction pour poursuivre le combat contre les « impérialistes et les sionistes ». Chavez reste une icône pour une bonne partie de la gauche occidentale (en France notamment). Madame Machado a osé le traiter de voleur de son vivant. C'est elle qui représente le meilleur espoir des Vénézuéliens aujourd'hui…