COVID-19 : Une étude britannique remet en cause l’intérêt du confinement national
Santé

COVID-19 : Une étude britannique remet en cause l’intérêt du confinement national

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1134, Publiée le 01/12/2020
Le 29 novembre, The Spectator, plus ancien magazine britannique, a publié un article rédigé par Tim Spector, Professeur en Epidémiologie Génétique (en lien ci-dessous). Juste quatre semaines après le début du confinement au Royaume-Uni, son étude chiffrée remet en question la stratégie du gouvernement. La mise en place d’un nouveau confinement à partir du 5 novembre était justifiée alors, selon le Premier Ministre Boris Johnson, par les projections alarmistes qui annonçaient « plusieurs milliers de morts par jour » en décembre, une mortalité pire qu’en avril. Le gouvernement britannique avertissait que les médecins auraient à choisir qui allait vivre ou mourir…

Tim Spector gère depuis mars une application appelée ZOE, avec le soutien du King’s College London, dont l’objectif est de suivre au plus près l’évolution de l’épidémie et de prédire le nombre de cas positifs au Royaume-Uni. Chaque semaine, plus d’un million de personnes nourrissent cette application en déclarant des symptômes. Cet outil complète d’autres analyses conduites par exemple par l’Office des Statistiques Nationales, qui teste au hasard des foyers britanniques à travers le pays.

ZOE et les autres études nationales tendent à démontrer la même chose : le pic était déjà passé avant le début du deuxième confinement. L’article du Spectator contient des graphiques tout à fait parlants (voir lien en bas). Aujourd’hui, les chiffres montrent une baisse dans presque toutes les régions britanniques. Alors, bien sûr, le gouvernement et les membres de l’opposition en faveur du confinement, claironnent que les mesures font sentir leurs effets (en oubliant par contre les effets négatifs pour d’autres maladies). L’effet d’un confinement devait se faire sentir sous deux à trois semaines, or les chiffres d’hospitalisations montrent qu’ils ont atteint un pic le 11 novembre précisément. Après le 11 novembre, la baisse est nette et elle ne peut que refléter des infections antérieures au confinement national. Le nombre de décès s’est stabilisé depuis le 11 novembre, ce qui, là aussi, confirme que cette amélioration trouve sa source dans la période d’avant le deuxième confinement puisqu’il faut compter au moins 3 semaines entre une infection et l’éventuel décès du malade.

Les mesures régionalisées, adaptées à la situation locale sanitaire, ont montré qu’elles suffisaient à enrayer la progression du virus dans la population. L’agglomération de Londres est moins touchée par cette deuxième vague, à l’image de la région parisienne, ce qui semble indiquer un degré d’immunité collective, et devrait logiquement conduire à des restrictions moindres dans ces régions. Tim Spector insiste sur l’autre effet pervers d’un confinement strict national : on perd l’adhésion de la population en risquant le développement de comportements irrationnels et à risque. Convaincre fonctionne bien mieux que la coercition. Pour convaincre, les autorités doivent se concentrer sur la communication de données transparentes, locales et mises à jour régulièrement.

Les conclusions de cette étude britannique doivent nous interpeller car elles sont cohérentes avec des observations critiques faites en France. La défiance est grande dans la population car le manque de transparence est patent concernant la fiabilité des chiffres officiels et la réalité locale est peu prise en compte. En France aussi, le gouvernement, par la voix de son Président, a prévenu, que sans le confinement, nous aurions « quoi que nous fassions » près de 9 000 patients en réanimation mi-novembre, et même 400 000 morts « dans les prochains mois ». Nous en sommes loin, heureusement. Les projections gouvernementales, catastrophiques, ne se sont pas vérifiées, tout comme lors du premier confinement. On se rappellera aussi l'étude rapportée par l’équipe du Professeur Raoult le 25 novembre sur la base des données recueillies par les pompiers de Marseille suite à des prélèvements dans les égouts : les traces du virus permettent de prévoir l’évolution locale. Et on note que la quantité virale dans les égouts marseillais a commencé à diminuer avant la mise en place du nouveau confinement. Pire, il y a eu un rebond viral juste après le début du confinement suite à l’enfermement des individus et donc un risque accru de contaminations domestiques. En paraphrasant Tim Spector, si l’on veut éviter que le traitement soit plus nocif que la maladie elle-même, la transparence et la fiabilité des chiffres, la gestion adaptée à la situation locale, renforcent l’adhésion de la population et donc la responsabilité de tous, afin, pour un coût bien moindre, de juguler l’épidémie.
La sélection
COVID-19 : Une étude britannique remet en cause l’intérêt du confinement national
The second wave appears to have peaked before lockdown
The Spectator
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