Coupe d'Afrique des Nations : des « incidents mineurs », vraiment ?
Société

Coupe d'Afrique des Nations : des « incidents mineurs », vraiment ?

Par Philippe Oswald. Synthèse n°710, Publiée le 23/07/2019
À en croire nombre de médias français, la victoire de l'Algérie sur le Sénégal à l’issue de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), au soir du 19 juillet, aurait été célébrée en France dans une atmosphère « bon enfant » et n’aurait donné lieu qu’à des « incidents mineurs ». Ouf ! On pouvait respirer ! Car la demi-finale, le 14 juillet, qui avait vu l'Algérie l’emporter sur le Nigéria, avait passablement terni notre fête nationale avec un raz-de-marée de drapeaux algériens et de slogans agressifs du type : « Nique la France ! », assorti de multiples dégradations, pillages, et « débordements routiers » dont un, mortel, à Montpellier. La soirée s’était soldée par l’arrestation de 282 personnes et 249 gardes à vue dans plusieurs villes de France. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avait fait les gros yeux et promis que, pour la finale, on allait voir ce qu’on allait voir, grâce aux mesures préventives prises à Paris, Lille, Metz, Lyon, Marseille. Strasbourg, Toulouse, ou Nice.

Le succès de ces mesures semblait donc avéré après la finale, selon les premières informations répercutées par des chaînes d’information comme France info ou BFM-TV. Hélas, le temps passant, le bilan s’est passablement assombri : 198 interpellations, 177 gardes à vue, 171 verbalisations pour infraction au Code de la route après les rituels rodéos (108 automobilistes verbalisés rien qu’à Toulouse !) causes d’au moins un accident mortel à Montceau-Les-Mines, dégradations (dont le déboulonnage d’une statue du Général de Gaulle à Evreux et des actes de vandalisme dans l’église Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville, à Paris), voitures brûlées, vols et agressions. Plus un meurtre, particulièrement odieux. Il aura fallu trois ou quatre jours aux médias « mainstream » pour répercuter une information qui circulait quelques heures après le drame sur les réseaux sociaux : l'agression mortelle dont avait été victime dans la banlieue de Rouen, le soir du 18 juillet, peu avant le match, Mamoudou Barry, un jeune enseignant-chercheur guinéen, docteur en droit, très estimé de ses collègues de l’Université de Rouen, massacré devant sa femme à coups de poing et de bouteille par un franco-turc ayant des antécédents psychiatriques mais connu des services de police pour des affaires de stupéfiants. Les injures proférées par l’agresseur étaient de surcroît d’un racisme caractérisé, reconnu comme tel par le parquet.

Le fond du problème est une fois encore l’intégration d’immigrés qui, quelles que soient leurs origines, maghrébines, turques ou autres, vivent en France sans vouloir en adopter les mœurs, ni en respecter les lois.  S’agissant des algériens, majoritairement naturalisés ou binationaux, ces floraisons de drapeaux algériens surgies à l’occasion de ces matchs, et les slogans qui les accompagnent, rappellent fâcheusement cette Marseillaise sifflée au Stade de France en prélude à l’affrontement des équipes de football de la France et de l’Algérie, le 6 octobre 2001. Près de dix-huit ans ont passé… et le fossé n’a cessé de se creuser comme en témoigne l’attitude de nombre d’immigrés algériens de la troisième génération, dont la plupart n’ont jamais traversé la Méditerranée. Trouver les remèdes à un mal si profond et oser les mettre en œuvre ne sera évidemment pas une mince affaire. Encore faut-il cesser de regarder ailleurs pour oser un diagnostic. L’exemple d’une parole de vérité nous vient de l’autre côté de la Méditerranée, du romancier algérien Boualem Sansal déclarant à Marianne : « Les supporters algériens violents ont trahi la France », ou encore de l’écrivain marocain Driss Ghali, diplômé en sciences politiques dans cette tribune à Causeur (en lien ci-dessous), véritable « savon » passé à ces supporters « mal élevés ».
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Ecoute-moi bien, toi le « supporter » algérien…
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