
Coronavirus : on n'en fait pas trop
Alors, pourquoi paniquer si le risque statistique d'en mourir est très faible ? « Arrêtez la psychose », écrit sur son blog Philippe Devos, intensiviste au CHC de Liège et président du syndicat de médecins belges Absym. Son analyse s'appelle : « Coronavirus : Armageddon ou foutaise ? », article lu 50000 fois en une semaine. « Nous n’allons pas tous mourir, lance-t-il : dans le pire scénario, 0,4 % des Belges mourront, en large majorité dans les plus de 80 ans. »
Voilà pour le risque individuel.
Les choses se compliquent au niveau systémique : cette épidémie, poursuit-il, « est (…) 1,7 fois plus contagieuse que la grippe saisonnière. Or en Belgique, la grippe touche en moyenne 500 000 personnes par an. (…) On risque donc d’avoir 1,7 x 500000 = 850000 personnes infectées ». Le Dr Devos rapporte ce résultat à deux autres chiffres. Près de 20 % des patients atteints ont besoin d'être hospitalisés : « 13,8 % (…) ont une pneumonie nécessitant de l’oxygène (...) et 6,1% ont une pneumonie avec plusieurs organes défaillants (...) nécessitant [des] soins intensifs. » Faites le calcul : sur 850000 personnes, cela donne dans chaque catégorie 117000 et 52000. Et alors, me direz-vous ? La Belgique n’est pas en mesure de faire face à cette demande. Selon le Dr Devos, le pays ne dispose respectivement que de 30000 et de 1400 lits ! Appréciez l’écart… Le coronavirus est dangereux par ses effets moins sur la nature que sur les structures. À titre d’exemple, ajoute le médecin, « la mortalité du virus en Italie est de 2,6 %. Elle monte à 3,9 % dans les zones où les hôpitaux ont été saturés ». En clair, si on renvoie les patients chez eux pour se soigner, on aggrave mécaniquement l’épidémie. C‘est la spirale saturation-propagation, les deux se renforçant mutuellement.
Pourquoi ce médecin prend-il la peine de faire ces calculs ? Pour nous effrayer ? Pas le moins du monde. « Le but est de faire comprendre (…) qu’il fallait écouter les médecins et les autorités » puisque à ses yeux, le chiffre de 850000 ne sera pas atteint « grâce à notre action commune ». Autrement dit, les media et les politiques n’en font pas trop. Car, écrit-il, même avec des chiffres plus bas, le risque de saturation des hôpitaux persiste. » Les conséquences sont limpides : si les hôpitaux sont pleins avec du personnel réduit car lui-même en partie contaminé, on aura une augmentation du nombre de morts indirects, c'est-à-dire liés à d’autres maladies. On risquera de mourir d’autre chose car la pandémie monopolisera toutes les énergies et les structures disponibles.