International
Chine : les multiples défis de l’année du lapin
L’année du lapin vient de commencer, selon l’astrologie chinoise qui associe ce prolifique animal à la prospérité et la paix… Freddie Sayers (Unherd) a interviewé l’analyste financier français Louis-Vincent Gave, basé à Hong Kong, au sujet des multiples défis auxquels Pékin doit faire face (voir la vidéo en lien).
Covid : un tsunami qui n’a pas eu lieu (1’). Depuis la levée des restrictions drastiques en décembre, une nouvelle vague de contaminations a suivi en Chine. Les médias occidentaux ont relayé des prévisions catastrophiques : 2,2 millions d’infections et 25 000 morts par jour… Mais les statisticiens se sont lourdement trompés. Le pic a été atteint fin décembre, début janvier après une progression très rapide. Une particularité chinoise doit être prise en compte pour comprendre l’impact du Covid en Chine : les très inégales densités de population (8’). Les Chinois vivent massivement dans les mégalopoles de la zone côtière. Donc le virus a couru très vite dans ces grandes villes – touchant une majorité de gens qui étaient d’autant plus fragiles qu’on les avait enfermés pendant 3 ans… Il reste que le variant Omicron est de faible gravité, sauf pour les plus âgés. Et c’est là que la Chine a fait face à un problème majeur (11’) : les jeunes ont quitté en masse les campagnes depuis 20 ans, laissant derrière eux près de 40% de la population restée rurale et très âgée. Les victimes de cette épidémie se sont concentrées dans les régions reculées, abandonnées par le pouvoir central et les jeunes générations, sans accès à des structures de santé de qualité. Mais le tsunami prédit n’a pas eu lieu. Il a plutôt révélé des inégalités criantes.
L’impact des trois dernières années sur l’économie chinoise, et donc sur la croissance mondiale ? La relance est déjà là même si le redémarrage a été plus lent qu’espéré. Selon L.V. Gave, la reprise chinoise devrait s’accélérer dans les 3 à 6 mois (13’). D’abord, on doit s’attendre à une véritable frénésie de consommation intérieure – y compris en voyages. Beaucoup de Chinois ont vu la validité de leurs passeports expirer pendant le long confinement et leur renouvellement cause un embouteillage énorme : près de 6 mois pour obtenir un nouveau document. Les mesures anti-Covid ont certainement eu – comme ailleurs – un impact lourd sur la santé économique du pays. Ces mesures se sont révélées catastrophiques là où elles ont été les plus draconiennes. Mais la Chine garde des capacités de rebond exceptionnelles comme elle l’a démontré après la grave crise financière de 2009. La plupart des analystes s’attendaient à une dépression mondiale à l’échelle d’une décennie. Or, la Chine a permis une reprise mondiale bien plus tôt que prévu. Pour J.V. Gave, on devrait assister au même scénario en 2023, comme semblent le promettre les performances exceptionnelles du groupe LVMH (16’) portées par les promesses du marché chinois.
L’échec cuisant de Pékin dans la gestion du Covid signifie que le Parti doit absolument faire diversion en montrant aux Chinois que la croissance est de retour. Par exemple, les restrictions sur la construction immobilière ont été levées comme pour l’accès à l’emprunt. Les autorités locales sont encouragées à investir dans les infrastructures. Une invasion de Taïwan n’offrirait-elle pas une autre diversion pour remobiliser le peuple chinois (19’) ? J.V. n’y croit pas : le Parti a précipitamment cédé à la pression de quelque 50 000 manifestants pour lever les mesures anti-Covid. Cela montre la fragilité du pouvoir car les pressions de la population contre ses gouvernants sont quotidiennes. Le Parti craint une grave révolte en cas de mobilisation pour attaquer Taïwan : un pays de fils uniques ne veut pas partir en guerre. De plus, l’île rebelle est une forteresse naturelle sans points de débarquement suffisants, avec de hauts sommets et une jungle épaisse. Même l’US Navy avait laissé de côté cette île stratégique aux mains des Japonais en 1945.
La Chine fait face à des défis géostratégiques. D’abord à sa dépendance énergétique, mais le nouvel allié russe y pourvoit. La dépendance au dollar américain ensuite, mais on voit mal Washington interdire des échanges avec la Chine dans sa monnaie. Le coût serait tout autre qu’avec la Russie ou l’Iran ou le Venezuela (24’)… Le plus gros problème pour Pékin concerne les mesures prises par Washington pour couper la Chine des ressources en semi-conducteurs de pointe. Or Taïwan est un acteur majeur dans ce secteur. La seule porte de sortie pour la Chine est d’attirer des talents en y mettant le prix (27’) et en effaçant le souvenir des restrictions anti-Covid susceptibles de faire fuir les ingénieurs coréens ou taïwanais… Le rebond chinois bénéficiera avant tout aux pays émergents et à ses voisins, puis à l’Europe. Beaucoup moins aux États-Unis qui cherchent à isoler la Chine (29’). Pékin veut accélérer sa réouverture et revenir dans le jeu mondial, en commençant par la résolution du conflit ukrainien.
Covid : un tsunami qui n’a pas eu lieu (1’). Depuis la levée des restrictions drastiques en décembre, une nouvelle vague de contaminations a suivi en Chine. Les médias occidentaux ont relayé des prévisions catastrophiques : 2,2 millions d’infections et 25 000 morts par jour… Mais les statisticiens se sont lourdement trompés. Le pic a été atteint fin décembre, début janvier après une progression très rapide. Une particularité chinoise doit être prise en compte pour comprendre l’impact du Covid en Chine : les très inégales densités de population (8’). Les Chinois vivent massivement dans les mégalopoles de la zone côtière. Donc le virus a couru très vite dans ces grandes villes – touchant une majorité de gens qui étaient d’autant plus fragiles qu’on les avait enfermés pendant 3 ans… Il reste que le variant Omicron est de faible gravité, sauf pour les plus âgés. Et c’est là que la Chine a fait face à un problème majeur (11’) : les jeunes ont quitté en masse les campagnes depuis 20 ans, laissant derrière eux près de 40% de la population restée rurale et très âgée. Les victimes de cette épidémie se sont concentrées dans les régions reculées, abandonnées par le pouvoir central et les jeunes générations, sans accès à des structures de santé de qualité. Mais le tsunami prédit n’a pas eu lieu. Il a plutôt révélé des inégalités criantes.
L’impact des trois dernières années sur l’économie chinoise, et donc sur la croissance mondiale ? La relance est déjà là même si le redémarrage a été plus lent qu’espéré. Selon L.V. Gave, la reprise chinoise devrait s’accélérer dans les 3 à 6 mois (13’). D’abord, on doit s’attendre à une véritable frénésie de consommation intérieure – y compris en voyages. Beaucoup de Chinois ont vu la validité de leurs passeports expirer pendant le long confinement et leur renouvellement cause un embouteillage énorme : près de 6 mois pour obtenir un nouveau document. Les mesures anti-Covid ont certainement eu – comme ailleurs – un impact lourd sur la santé économique du pays. Ces mesures se sont révélées catastrophiques là où elles ont été les plus draconiennes. Mais la Chine garde des capacités de rebond exceptionnelles comme elle l’a démontré après la grave crise financière de 2009. La plupart des analystes s’attendaient à une dépression mondiale à l’échelle d’une décennie. Or, la Chine a permis une reprise mondiale bien plus tôt que prévu. Pour J.V. Gave, on devrait assister au même scénario en 2023, comme semblent le promettre les performances exceptionnelles du groupe LVMH (16’) portées par les promesses du marché chinois.
L’échec cuisant de Pékin dans la gestion du Covid signifie que le Parti doit absolument faire diversion en montrant aux Chinois que la croissance est de retour. Par exemple, les restrictions sur la construction immobilière ont été levées comme pour l’accès à l’emprunt. Les autorités locales sont encouragées à investir dans les infrastructures. Une invasion de Taïwan n’offrirait-elle pas une autre diversion pour remobiliser le peuple chinois (19’) ? J.V. n’y croit pas : le Parti a précipitamment cédé à la pression de quelque 50 000 manifestants pour lever les mesures anti-Covid. Cela montre la fragilité du pouvoir car les pressions de la population contre ses gouvernants sont quotidiennes. Le Parti craint une grave révolte en cas de mobilisation pour attaquer Taïwan : un pays de fils uniques ne veut pas partir en guerre. De plus, l’île rebelle est une forteresse naturelle sans points de débarquement suffisants, avec de hauts sommets et une jungle épaisse. Même l’US Navy avait laissé de côté cette île stratégique aux mains des Japonais en 1945.
La Chine fait face à des défis géostratégiques. D’abord à sa dépendance énergétique, mais le nouvel allié russe y pourvoit. La dépendance au dollar américain ensuite, mais on voit mal Washington interdire des échanges avec la Chine dans sa monnaie. Le coût serait tout autre qu’avec la Russie ou l’Iran ou le Venezuela (24’)… Le plus gros problème pour Pékin concerne les mesures prises par Washington pour couper la Chine des ressources en semi-conducteurs de pointe. Or Taïwan est un acteur majeur dans ce secteur. La seule porte de sortie pour la Chine est d’attirer des talents en y mettant le prix (27’) et en effaçant le souvenir des restrictions anti-Covid susceptibles de faire fuir les ingénieurs coréens ou taïwanais… Le rebond chinois bénéficiera avant tout aux pays émergents et à ses voisins, puis à l’Europe. Beaucoup moins aux États-Unis qui cherchent à isoler la Chine (29’). Pékin veut accélérer sa réouverture et revenir dans le jeu mondial, en commençant par la résolution du conflit ukrainien.