Brunei, la charia, toute la charia
Islam

Brunei, la charia, toute la charia

Par Judikaël Hirel. Synthèse n°617, Publiée le 03/04/2019
Il aura finalement fallu qu’une star hollywoodienne, George Clooney, s’en émeuve pour que le monde se soucie soudain de la décision du sultanat de Brunei de faire entrer en vigueur, le 3 avril, un nouveau code pénal très largement inspiré de la charia.

Mais si la plupart des médias se focalisent sur le fait que les relations homosexuelles pourront désormais être punies de mort par lapidation, ce nouveau code pénal prévoit également des châtiments corporels voire la peine de mort pour apostasie, blasphème et adultère. Ce n’est là, en fait, que la poursuite d’un projet annoncé dès 2013 par le richissime sultan Hassanal Bolkiah, visant à appliquer au niveau national, comme en Arabie Saoudite, un code pénal appliquant strictement la charia, et toute la charia. Dès 2014, des amendes et des peines de prison avaient déjà été introduites pour exhibitionnisme ou manquement à la prière du vendredi.

La population du sultanat de Brunei ne compte que 435.000 habitants, à 70% musulmans. Ce nouveau code prévoit également, loi islamique oblige, l’amputation d’une main ou d’un pied pour les voleurs. Le ministère français des Affaires étrangères s’est élevé contre les dispositions de ce nouveau code pénal, estimant cette législation est "contraire aux engagements internationaux pris par Brunei en matière de droits de l’Homme, que ce soit à l’ONU et au sein de l’Association des nations l’Asie du Sud-Est (Asean)."

L’acteur américain George Clooney, le chanteur britannique Elton John et des élus américains, focalisant sur l’atteinte aux droits des homosexuels, ont lancé un appel à boycotter les neufs hôtels de luxe appartenant au sultan de Brunei, dont deux se trouvent à Paris : le Meurice et le Plaza Athénée. Mais pourquoi, dans ce cas, ne pas faire de même à l’égard des avoirs de l’Arabie Saoudite, pays où les mêmes textes sont d'ores et déjà appliqués ? Au-delà du caractère violent et rétrograde d’une application stricte de la charia au sein du petit état situé sur l'île de Bornéo, il n’est pas certain que quiconque y soit un jour lapidé : pour que cette peine de mort particulièrement cruelle soit appliquée, l’accusé devra avoir avoué son crime, ou l'avoir commis devant au moins quatre témoins. Pour autant, la législation islamique relative au blasphème au Pakistan, et le cas dramatique d’Asia Bibi, montrent à quel point des témoins peuvent parfois être prêts à mentir.
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