Boris Johnson triomphe contre « le sens de l’histoire »
International

Boris Johnson triomphe contre « le sens de l’histoire »

Par Philippe Oswald. Synthèse n°833, Publiée le 14/12/2019
365 sièges pour les « tories » sur les 650 de la Chambre basse du Parlement britannique aux élections législatives le 12 décembre. En focalisant sa campagne sur la promesse de mettre en œuvre le Brexit, Boris Johnson a offert au Parti conservateur sa plus large victoire depuis la victoire de Margaret Thatcher en 1987. Avec seulement 203 sièges, le Labour (parti travailliste) essuie, lui, sa défaite la plus cuisante depuis … 1935. En revanche, le Parti national écossais, anti-Brexit (ou « remainer ») remporte également un succès avec 48 des 59 sièges dévolus à l’Écosse : ce vote « remainer » des Ecossais est aussi ou surtout une manifestation d’indépendance. Les Anglais confirment leur volonté de quitter l’Union Européenne, les Écossais veulent quitter le Royaume Uni (ou du moins réclament un nouveau référendum d’autodétermination sans doute moins pour rompre que pour négocier plus de liberté, comme les Catalans ou les Corses), les peuples sont de retour. Ce vote sans appel est un nouveau démenti pour les beaux esprits chantres de la mondialisation heureuse qui annonçaient un retournement de l’opinion britannique égarée par le « populisme » des « déplorables » (selon la délicate expression d’Hillary Clinton à l’encontre des électeurs de Trump). Les mêmes nous avaient déjà prédit l’échec de Donald Trump, le revers de Viktor Orban en Hongrie, ou la défaite des conservateurs en Pologne…

Le feuilleton du Brexit était devenu insupportable à tous les Britanniques. Nombre de « remainers » ont fini par joindre leurs voix aux « brexiters » ou « leavers » pour en finir avec les palinodies parlementaires et remettre sur les rails la vie politique au Royaume Uni. C’était là-dessus qu’avait misé Boris Johnson avec son simplissime slogan de campagne : « réaliser le Brexit ». Les travaillistes, eux, se sont divisés entre « brexiters » et « remainers », tout en s’enferrant dans le « politiquement correct » sur l’immigration, l’islam (jusqu’à verser dans l’antisémitisme), et la criminalité. Résultat, les couches populaires historiquement acquises au « Labour » ont basculé dans le camp pro-Brexit et donné leur voix à l’homme qui promettait de trancher le nœud gordien. Les travaillistes n’ont pas été les seuls humiliés : la défaite est cuisante pour les libéraux-démocrates, champions du « remain » qui n’ont plus que 11 sièges. On dira qu’elle est totale (0 siège) pour le Brexit Party, le parti nationaliste pro-Brexit de Nigel Farage, à ceci près que Farage avait choisi de ne présenter aucun candidat dans plus de 300 circonscriptions pour permettre aux conservateurs partisans du Brexit de l’emporter. Cerise sur le gâteau de Johnson : les dirigeants européens ne cachent pas leur soulagement et le lui disent ! Qui eût parié que le champion du Brexit se verrait gratifié, de Bruxelles, Paris, Rome ou Berlin, d’un tel concert de félicitations après sa victoire écrasante sur les remainers ?

L’avenir dira si son triomphe électoral donne à Johnson la stabilité politique et la latitude suffisante pour négocier avec l’UE un Brexit « soft » avant le 31 janvier (date à laquelle s’achève la période de transition selon les termes du traité de retrait - délai jugé « très ambitieux », par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen). Quoi qu’il advienne, une première conclusion s’impose : le « sens de l’histoire » n’est jamais écrit d’avance, relève l’essayiste canadien Mathieu Bock-Côté (dans une tribune au FigaroVox, en lien ci-dessous).
La sélection
Boris Johnson triomphe contre « le sens de l’histoire »
Mathieu Bock-Côté : « Vive le Brexit ! »
Le Figaro
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