
Boris Johnson triomphe contre « le sens de l’histoire »
Le feuilleton du Brexit était devenu insupportable à tous les Britanniques. Nombre de « remainers » ont fini par joindre leurs voix aux « brexiters » ou « leavers » pour en finir avec les palinodies parlementaires et remettre sur les rails la vie politique au Royaume Uni. C’était là-dessus qu’avait misé Boris Johnson avec son simplissime slogan de campagne : « réaliser le Brexit ». Les travaillistes, eux, se sont divisés entre « brexiters » et « remainers », tout en s’enferrant dans le « politiquement correct » sur l’immigration, l’islam (jusqu’à verser dans l’antisémitisme), et la criminalité. Résultat, les couches populaires historiquement acquises au « Labour » ont basculé dans le camp pro-Brexit et donné leur voix à l’homme qui promettait de trancher le nœud gordien. Les travaillistes n’ont pas été les seuls humiliés : la défaite est cuisante pour les libéraux-démocrates, champions du « remain » qui n’ont plus que 11 sièges. On dira qu’elle est totale (0 siège) pour le Brexit Party, le parti nationaliste pro-Brexit de Nigel Farage, à ceci près que Farage avait choisi de ne présenter aucun candidat dans plus de 300 circonscriptions pour permettre aux conservateurs partisans du Brexit de l’emporter. Cerise sur le gâteau de Johnson : les dirigeants européens ne cachent pas leur soulagement et le lui disent ! Qui eût parié que le champion du Brexit se verrait gratifié, de Bruxelles, Paris, Rome ou Berlin, d’un tel concert de félicitations après sa victoire écrasante sur les remainers ?
L’avenir dira si son triomphe électoral donne à Johnson la stabilité politique et la latitude suffisante pour négocier avec l’UE un Brexit « soft » avant le 31 janvier (date à laquelle s’achève la période de transition selon les termes du traité de retrait - délai jugé « très ambitieux », par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen). Quoi qu’il advienne, une première conclusion s’impose : le « sens de l’histoire » n’est jamais écrit d’avance, relève l’essayiste canadien Mathieu Bock-Côté (dans une tribune au FigaroVox, en lien ci-dessous).
