Bangladesh : brûlée vive pour avoir dénoncé une agression sexuelle
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Bangladesh : brûlée vive pour avoir dénoncé une agression sexuelle

Par Judikael Hirel. Synthèse n°631, Publiée le 19/04/2019
Elle s’appelait Nusrat Jahan Rafi, et elle n’avait que 19 ans. Son courage pourrait contribuer à changer les choses au Bangladesh ... Son meurtre atroce souligne aussi à quel point certains pays ont encore un long chemin à parcourir en termes de respect de la personne humaine, et notamment des femmes. Dans ce pays, souligne l’association Human Right Watch, "le taux de condamnation dans les affaires de viol n’était que 0,5% en 2016, et a même diminué davantage encore par la suite, chutant à 0,3% en moyenne en 2018."

Autant dire qu’en déposant plainte le 27 mars dernier contre Siraj-Ud-Daula, le directeur de son établissement scolaire, pour agression sexuelle, cette jeune et courageuse Bangladaise avait bien peu de chances d’obtenir gain de cause. Pourtant, le 6 avril dernier, elle a été emmenée sur le toit de la madrassa où elle étudiait. Ses 17 agresseurs, dont certains faisant partie de ses camarades de classe, lui ont demandé de retirer sa plainte, ce qu'elle a refusé de faire. Ils l'ont alors attachée avec une écharpe avant de l'asperger de kérosène et de mettre le feu à ses vêtements, leur plan était de faire croire à un suicide.

Mais l'écharpe a brûlé, libérant les pieds et les mains de Nusrat Jahan Rafi qui est parvenue à redescendre du toit. Souffrant de brûlures sur 80% de son corps, elle a fini par décéder le 10 avril à l'hôpital. Mais elle a eu le temps et la force d’enregistrer dans l'ambulance une vidéo dans laquelle elle maintenait ses accusations contre son directeur et identifiait certains de ses agresseurs. Il s’avère, selon les aveux de l’un d’entre eux, que le directeur de l'école islamique était le commanditaire de ce meurtre, qui a soulevé une vague d’émotion dans le pays. Des manifestations ont appelé le gouvernement à renforcer les lois relatives aux agressions sexuelles, mais aussi à faire respecter la législation déjà en vigueur.

La Première ministre, Sheikh Hasina, a promis qu'aucun "coupable n'échapperait à l'action légale". Les statistiques de condamnation dans le pays permettent hélas d’en douter. "Le meurtre horrible d'une jeune femme courageuse qui demandait la justice reflète la faiblesse du soutien apporté par le gouvernement bangladais aux victimes d'agressions sexuelles", a déclaré Meenakshi Ganguly, directrice pour l’Asie du Sud à Human Rights Watch. "Le meurtre de Nusrat Jahan Rafi, qui a été assassinée après avoir déposé une plainte pour tentative de viol, devrait inciter les autorités à prendre des mesures concertées face au problème des violences sexuelles dans ce pays. Toutefois, le bilan à ce jour du gouvernement à l’égard des affaires de violence sexuelle est extrêmement médiocre."
La sélection
Bangladesh : brûlée vive pour avoir dénoncé une agression sexuelle
Nusrat Rafi burned to death for reporting sexual abuse
Al Jazeera
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