Politique
Bâillonner les réseaux sociaux pour désarmer les islamistes ?
Ils auront vite été déclarés coupables : quelques heures après l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, le gouvernement pointait – à nouveau – les réseaux sociaux qui véhiculent « la haine ». Dès dimanche soir, lors du Conseil de défense et de sécurité nationale, le président de la République réaffirmait sa volonté « d’intensifier l’action de détection et de veille sur les plateformes en ligne et les mécanismes de riposte, face aux appels à la violence », selon l’entourage du chef de l’État. Il faut « encadrer les réseaux sociaux », a confirmé au Parisien (19 octobre, en lien ci-dessous) le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
Le gouvernement nourrit donc l’idée d’exhumer la loi Avia retoquée en juin dernier par le Conseil constitutionnel comme attentatoire « à la liberté d'expression et de communication ». Paradoxe : la première mouture de la proposition de loi Avia (Laetitia Avia, député LREM) mettait « l’islamophobie » (pas question, naturellement, de « christianophobie ») au premier rang des « idéologies haineuses », alors que c’est après avoir été désigné comme ennemi de l’islam que Samuel Paty a été égorgé et décapité. Cette fois, selon le gouvernement, c’est pour trouver les moyens de contrer le « cyberislamisme » que les patrons France de Facebook Twitter, Google, Tiktok et Snapchat avaient été convoqués ce mardi matin, 20 octobre par la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Mais on voit mal les algorithmes chargés de la police sur les plateformes se concentrer sur le « cyberislamisme » sans faire de dégâts collatéraux, alors qu’Emmanuel Macron, dont le gouvernement n’est pas que l’on sache composé de robots, avait invoqué le péril islamique pour brimer les écoles hors contrat et interdire l’enseignement à la maison. Surtout ne pas séparer le bon grain de l’ivraie pour ne pas être accusé de « discrimination », mais tout interdire à tout le monde.
Au fond, le réflexe du pouvoir est toujours le même. Face au coronavirus ou face au virus islamique, le naturel liberticide revient au galop. Il est en effet plus facile de confiner une population ou de lui imposer le couvre-feu que de la tester efficacement, d’isoler les personnes fragiles et d’ouvrir des lits de réanimation dans les hôpitaux. De même, il est moins embarrassant de s’attaquer aux réseaux sociaux que de remettre en cause l’Éducation nationale pour le dénuement auquel elle abandonne les enseignants (« seuls 6% des enseignants ont reçu une formation pour faire face aux atteintes à la laïcité », s'alarmait l'ancien inspecteur Jean-Pierre Obin, le 1er octobre dernier) et pour sa lâcheté (« surtout pas de vagues ! ») à l’égard du chantage islamique auquel ils sont soumis (dans une enquête de l'IFOP du 1er septembre, 40% des professeurs déclaraient s'autocensurer dans leurs cours pour « éviter des incidents »).
Alors, verra-t-on resurgir une loi Avia revue et corrigée dans le projet de loi de « lutte contre le séparatisme », qui sera présenté en décembre ? « Il y a un équilibre à trouver entre le texte initial et la position du Conseil constitutionnel » indique-t-on à l’Elysée. Qui plus est, précise-t-on au gouvernement, « tout doit se faire en cohérence avec le Digital Service Act », à savoir un projet que la Commission européenne présentera à la fin de l’année, visant à infliger aux plateformes numériques des sanctions financièrement « proportionnées aux dommages créés », selon Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur. Pas de quoi effrayer les terroristes islamiques, ni au demeurant les géants du numérique du type GAFA, mais de nouveaux soucis en perspective pour les défenseurs de la liberté d’expression.
Le gouvernement nourrit donc l’idée d’exhumer la loi Avia retoquée en juin dernier par le Conseil constitutionnel comme attentatoire « à la liberté d'expression et de communication ». Paradoxe : la première mouture de la proposition de loi Avia (Laetitia Avia, député LREM) mettait « l’islamophobie » (pas question, naturellement, de « christianophobie ») au premier rang des « idéologies haineuses », alors que c’est après avoir été désigné comme ennemi de l’islam que Samuel Paty a été égorgé et décapité. Cette fois, selon le gouvernement, c’est pour trouver les moyens de contrer le « cyberislamisme » que les patrons France de Facebook Twitter, Google, Tiktok et Snapchat avaient été convoqués ce mardi matin, 20 octobre par la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Mais on voit mal les algorithmes chargés de la police sur les plateformes se concentrer sur le « cyberislamisme » sans faire de dégâts collatéraux, alors qu’Emmanuel Macron, dont le gouvernement n’est pas que l’on sache composé de robots, avait invoqué le péril islamique pour brimer les écoles hors contrat et interdire l’enseignement à la maison. Surtout ne pas séparer le bon grain de l’ivraie pour ne pas être accusé de « discrimination », mais tout interdire à tout le monde.
Au fond, le réflexe du pouvoir est toujours le même. Face au coronavirus ou face au virus islamique, le naturel liberticide revient au galop. Il est en effet plus facile de confiner une population ou de lui imposer le couvre-feu que de la tester efficacement, d’isoler les personnes fragiles et d’ouvrir des lits de réanimation dans les hôpitaux. De même, il est moins embarrassant de s’attaquer aux réseaux sociaux que de remettre en cause l’Éducation nationale pour le dénuement auquel elle abandonne les enseignants (« seuls 6% des enseignants ont reçu une formation pour faire face aux atteintes à la laïcité », s'alarmait l'ancien inspecteur Jean-Pierre Obin, le 1er octobre dernier) et pour sa lâcheté (« surtout pas de vagues ! ») à l’égard du chantage islamique auquel ils sont soumis (dans une enquête de l'IFOP du 1er septembre, 40% des professeurs déclaraient s'autocensurer dans leurs cours pour « éviter des incidents »).
Alors, verra-t-on resurgir une loi Avia revue et corrigée dans le projet de loi de « lutte contre le séparatisme », qui sera présenté en décembre ? « Il y a un équilibre à trouver entre le texte initial et la position du Conseil constitutionnel » indique-t-on à l’Elysée. Qui plus est, précise-t-on au gouvernement, « tout doit se faire en cohérence avec le Digital Service Act », à savoir un projet que la Commission européenne présentera à la fin de l’année, visant à infliger aux plateformes numériques des sanctions financièrement « proportionnées aux dommages créés », selon Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur. Pas de quoi effrayer les terroristes islamiques, ni au demeurant les géants du numérique du type GAFA, mais de nouveaux soucis en perspective pour les défenseurs de la liberté d’expression.