Société
Avec la crise, le printemps dépeuple ou des peuples ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on ne se « mars » pas sur les pieds… Milan, Rome, Florence, Venise, sans Italiens ni touristes : « c’est un avant-goût de la mort des civilisations que l’on nous présente ces jours-ci. Une mort qui va fatalement nous frôler », prophétise Bruno Frappat, dans La Croix daté de ce vendredi 13, un signe. Une chronique intitulée le Grand confinement, autre signe, l’allusion au Grand remplacement cher à Renaud Camus paraissant évidente.
Y aurait-il des points communs entre les deux « thèses » ? Risquons-nous à en esquisser trois :
La peur de disparaître. Obsessionnelle. Les aînés seraient les premiers à y passer. On voit déjà leurs noms gravés sur les invisibles monuments aux morts de cette guerre silencieuse. Le coronavirus peut faire 200000 victimes, l’équivalent de la ville de Rennes… Comment ? La dernière épidémie de grippe en fit 8000 en France, soit 0,1 % des personnes contaminées. Pour le Covid-19, le taux de morbidité s’élève à 3 %, soit 25 fois plus (8000 x 25 = 200000). Mais au-delà des chiffres, que sait-on du risque sur les populations moins fragiles ? Et si le virus mutait dangereusement ? Et si on ne trouvait pas de vaccin ? L’incertitude réintègre subitement la mort dans le quotidien. Les peuples se posent la question différemment car si les hommes trépassent, les sociétés se transforment. Elles se remplacent les unes les autres, Pourquoi la Grèce antique fit-elle éclore son génie puis s'évanouit à tout jamais ? Pourquoi l’Empire romain disparut-il ? Des dizaines de thèses existent là-dessus. Toutes plausibles, toutes insuffisantes.
L’évidence de la frontière – qui rime avec barrière. Le président de la République appelle à « éviter le repli nationaliste ». Mais la réalité le place devant les contradictions de son modèle, l’ouverture à outrance. Les riches du Nord ne cessent de profiter des bas salaires du Sud. Le chef de l'État le dit : le virus « n'a pas de frontières », et c’est précisément ce qui le rend dangereux. Pour l'instant, on fait comme pour les retraites : on se rassure en cloisonnant les âges par des murs statistiques entre les catégories à risque et les populations protégées. Quid des frontières géographiques ? Elles sont béantes, comme à Menton, où tout Italien peut entrer en France alors que l'inverse est impossible. Les gouvernements tchèque et slovaque viennent de fermer leurs frontières, tandis que l'Autriche et la Hongrie instaurent des restrictions d’entrée, ce que déplore Ursula von der Leyen, présidente de la Commission. On s'étonne du décalage entre cette forme d’inaction volontaire et le plan de bataille annoncé hier soir. Emmanuel Macron affirme que toute éventuelle décision dans ce registre serait décidée « à l'échelle européenne », une manière de dire que la France n’exercerait aucune pression dans ce sens. Pourquoi refuser cette idée (qui n'est qu'un moyen parmi d'autres), alors que la vacance scolaire sert à installer la distance, tout comme n'importe quelle mesure sanitaire ? L’exécutif craint que la crise dope le populisme - qui joue sur toutes les peurs. Fermer les frontières reviendrait à tuer le rêve européen.
Le retour de l’instinct : quand la mort fait irruption, le corps humain, comme le corps social, réagit à la lumière crue de ses intérêts vitaux. L’instinct n’est pas régressif mais essentiel. C'est l'appel de la vie qui submerge tout. « L’homme est une corde tendue au-dessus de l’abîme », écrivait Nietzsche. Par quelle force les migrants s’embarquent-ils sur des canots de fortune ? L’instinct est le moteur de l’espérance. Mais les déferlements successifs de l’idéologie germanique nous convainquirent du contraire. Traumatisée, l'Europe nouvelle refoula l'instinct devenu synonyme de prédation, et on nous persuadait que le mâle blanc, bâtisseur et conquérant, n'était qu'un oppresseur. Les femmes devaient s’en passer et le traquer. Devant la mort qui rode, la vie reprendra-t-elle le dessus ? En tout cas, confinés, nous serions condamnés à nous entendre.
Y aurait-il des points communs entre les deux « thèses » ? Risquons-nous à en esquisser trois :
La peur de disparaître. Obsessionnelle. Les aînés seraient les premiers à y passer. On voit déjà leurs noms gravés sur les invisibles monuments aux morts de cette guerre silencieuse. Le coronavirus peut faire 200000 victimes, l’équivalent de la ville de Rennes… Comment ? La dernière épidémie de grippe en fit 8000 en France, soit 0,1 % des personnes contaminées. Pour le Covid-19, le taux de morbidité s’élève à 3 %, soit 25 fois plus (8000 x 25 = 200000). Mais au-delà des chiffres, que sait-on du risque sur les populations moins fragiles ? Et si le virus mutait dangereusement ? Et si on ne trouvait pas de vaccin ? L’incertitude réintègre subitement la mort dans le quotidien. Les peuples se posent la question différemment car si les hommes trépassent, les sociétés se transforment. Elles se remplacent les unes les autres, Pourquoi la Grèce antique fit-elle éclore son génie puis s'évanouit à tout jamais ? Pourquoi l’Empire romain disparut-il ? Des dizaines de thèses existent là-dessus. Toutes plausibles, toutes insuffisantes.
L’évidence de la frontière – qui rime avec barrière. Le président de la République appelle à « éviter le repli nationaliste ». Mais la réalité le place devant les contradictions de son modèle, l’ouverture à outrance. Les riches du Nord ne cessent de profiter des bas salaires du Sud. Le chef de l'État le dit : le virus « n'a pas de frontières », et c’est précisément ce qui le rend dangereux. Pour l'instant, on fait comme pour les retraites : on se rassure en cloisonnant les âges par des murs statistiques entre les catégories à risque et les populations protégées. Quid des frontières géographiques ? Elles sont béantes, comme à Menton, où tout Italien peut entrer en France alors que l'inverse est impossible. Les gouvernements tchèque et slovaque viennent de fermer leurs frontières, tandis que l'Autriche et la Hongrie instaurent des restrictions d’entrée, ce que déplore Ursula von der Leyen, présidente de la Commission. On s'étonne du décalage entre cette forme d’inaction volontaire et le plan de bataille annoncé hier soir. Emmanuel Macron affirme que toute éventuelle décision dans ce registre serait décidée « à l'échelle européenne », une manière de dire que la France n’exercerait aucune pression dans ce sens. Pourquoi refuser cette idée (qui n'est qu'un moyen parmi d'autres), alors que la vacance scolaire sert à installer la distance, tout comme n'importe quelle mesure sanitaire ? L’exécutif craint que la crise dope le populisme - qui joue sur toutes les peurs. Fermer les frontières reviendrait à tuer le rêve européen.
Le retour de l’instinct : quand la mort fait irruption, le corps humain, comme le corps social, réagit à la lumière crue de ses intérêts vitaux. L’instinct n’est pas régressif mais essentiel. C'est l'appel de la vie qui submerge tout. « L’homme est une corde tendue au-dessus de l’abîme », écrivait Nietzsche. Par quelle force les migrants s’embarquent-ils sur des canots de fortune ? L’instinct est le moteur de l’espérance. Mais les déferlements successifs de l’idéologie germanique nous convainquirent du contraire. Traumatisée, l'Europe nouvelle refoula l'instinct devenu synonyme de prédation, et on nous persuadait que le mâle blanc, bâtisseur et conquérant, n'était qu'un oppresseur. Les femmes devaient s’en passer et le traquer. Devant la mort qui rode, la vie reprendra-t-elle le dessus ? En tout cas, confinés, nous serions condamnés à nous entendre.
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