Au Liban, révolte ou révolution ?
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Au Liban, révolte ou révolution ?

Par Judikael Hirel. Synthèse n°798, Publiée le 04/11/2019
Le Liban, jadis pays de miel et de lait, devenu patrie de la guerre éternelle... Depuis des décennies, ses voisins s'y battent par procuration. Mais cette fois, le pays du cèdre vit une mobilisation inédite. Pour la troisième semaine consécutive, bloquant les rues, face à la police anti émeutes, les manifestants protestent non seulement contre le coût de la vie, mais aussi contre la corruption et l’incompétence de la classe politique. Depuis le 17 octobre, des centaines de milliers de manifestants ont envahi les places des principales villes, tandis que la diaspora organisait des manifestations à travers le monde.

Après la mobilisation de dizaines de milliers de personnes à Beyrouth, plusieurs axes de circulation étaient encore bloqués ce lundi. Mais sur quoi peut déboucher ce soulèvement ? D'abord, sur le départ du Premier Ministre Saad Hariri, qui a démissionné suite aux manifestations. Ensuite sur un possible affaiblissement de l'emprise du Hezbollah, soutenu par l’Iran, sur le pays. Au président libanais, désormais, de tenter de calmer le peuple, et surtout de répondre à ses attentes. Michel Aoun, le vieux général jadis exilé en France, ex chef des Forces armées libanaises de 1984 à 1989, est en effet devenu chef de l’Etat en 2016, après deux ans et demi de crise politique. Mais que peut-il proposer dans un pays miné par la guerre et la corruption, où les services publics (eau, électricité, voirie…) sont en totale décrépitude ?

D'autant plus que le peuple semble ne plus vouloir de l’équilibre entre communautés religieuses et clans familiaux dont il est le reflet. Un équilibre sans cesse reconduit depuis la fin de la guerre civile, en 1990. Serait-ce la fin du sempiternel trio associant un président chrétien maronite, un Premier ministre musulman sunnite et un président du Parlement musulman chiite ? Un triumvirat fondé sur l’équilibre religieux qui oscille entre clientélisme, détournement de fonds et financement du Hezbollah pro-iranien. Les appels à un changement de régime, à une révolution, à un gouvernement de technocrates se multiplient. Si la classe politique, et le parti chiite, tablent sur l’essoufflement du mouvement, les Libanais de toutes classes sociales et de toutes religions, eux, semblent cette fois vouloir aller jusqu’au bout.
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