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Les chiffres marquants du port d'armes en France
En France, les chasseurs sont l'un des premiers groupes auxquels on pense lorsqu'il s'agit de port d'armes. Selon la Fédération Nationale des Chasseurs (contactée par LSDJ), ils seraient 4 millions, incluant les anciens. Mais les dernières données de 2023 font état de seulement 963 571 licenciés (dont 33 200 femmes). Les chasseurs en activité détiendraient environ 2 millions d'armes. Les anciens peuvent garder les leurs à condition de les déclarer au Système d'Information sur les Armes (SIA). Le nombre de chasseurs a cependant chuté depuis les années 1970, où ils étaient 2,5 millions de pratiquants. La chasse reste une passion et rien n'indique que ce soit devenu aujourd'hui un moyen privilégié d'armement, comme en témoigne le déclin constant du nombre de licenciés et leur âge moyen élevé.
Le tir sportif, à l'inverse, est en pleine expansion. La Fédération française de Tir comptait 275 117 licenciés en 2024, soit une hausse de plus de 100 % en 20 ans. Cette augmentation du nombre de pratiquants interroge sur leurs motivations, notamment dans un contexte d'insécurité croissante déplorée par une majorité écrasante des Français. Surtout qu'elle est accompagnée d'une montée en puissance du Krav Maga, du self defense et d'autres sports de combat.
Il y a ensuite les près de 245 000 policiers et gendarmes, armés pour la plupart d'entre eux. Un décret publié en octobre 2023 les autorise désormais à porter leur arme dans les établissements recevant du public, tels que les musées, salles de spectacle ou enceintes sportives hors de leurs heures de service. Si de nombreuses armes existent dans les armureries des casernes ou des bases militaires, les membres de l'Armée ne sont en principe pas autorisés à les détenir dans leur domicile.
Le contrôle des armes comprend d'autres voies légales : armes héritées, collectionneurs, reconstitutions historiques, autodéfense sous autorisation exceptionnelle (bijoutier par exemple).
Selon le ministère de l'Intérieur, environ 4 millions d'armes sont légalement détenues par des particuliers en France en 2025, pour un total de près de 5,4 millions incluant celles des forces de l'ordre. En parallèle, le Fichier National des Personnes Interdites d'Acquisition et de Détention d'Armes (FINIADA) recense chaque année 20 000 nouveaux individus. L'interdiction ne s'applique pas seulement à des criminels ou des déséquilibrés. Des personnes condamnées pour des délits comme des vols mineurs ou de la dissimulation d'argent aux services fiscaux sont concernées. Tout comme les individus qui n'aurait pas déclaré détenir une arme ou des munitions de catégorie C.
L'État reste méfiant face à une population armée, comme le montre la campagne de désarmement citoyen lors de la crise du Covid-19, qui avait permis de recueillir près de 150 000 armes sur tout le territoire. Mais cette opération n'aura que peu servi à désarmer un public dangereux : « Les citoyens qui ont fait cette démarche d'abandonner leurs armes sont pour une grande partie des personnes âgées qui ne savaient pas comment s'en débarrasser, et qui avaient une méconnaissance du cadre réglementaire. En tout cas, un public éloigné du monde des armes. », précise un officier.
Ceux qui veulent s'armer se tournent en majorité vers le marché noir. Permis de chasse ou tir sportif restent des procédures fastidieuses, chronophages et contrôlées. Les banlieues où les lois peinent à s'appliquer abritent le gros du trafic. (Voir LSDJ 2331).
De toutes les filières d'approvisionnements connues, celle qui retient particulièrement l'attention est l'Ukraine... Avec plus de 100 milliards d'euros d'armement envoyés par les pays occidentaux, elle est devenue un réservoir qui semble quasi inépuisable pour les trafiquants. Il faut dire que, depuis le début des années 1990, le pays était reconnu comme une plaque tournante des trafics en tous genres, surtout celui des armes. Selon un rapport de l'ONG suisse Global Initiative (spécialisée dans la lutte contre le crime organisé international), tout serait parfaitement sous contrôle et aucune d'entre elles n'aurait été détournée. On y affirme notamment que « 593 000 armes volées ou perdues » sont « toutes tracées » et qu'aucun trafic d'armes organisé vers les pays de l'UE n'a été vérifié jusqu'à présent. Mais peut-on vraiment y croire ?
Aujourd'hui les circuits de l'armement illégal sont aussi nombreux que difficiles à démanteler. Le Darknet, l'usage de plateformes cryptées comme Telegram, les imprimantes 3D, le rôle croissant des gangs étrangers comme les réseaux nigérians ou celui de la Turquie dans la prolifération des armes modifiables alimentent ce marché.
Des initiatives comme Basegun, développée depuis 2022 pour classifier automatiquement les armes saisies, montrent les efforts de l'État en matière d'innovation. Mais il s'agit simplement d'un projet de reconnaissance photo, qui n'a pas encore abouti et qui témoigne du retard qu'ont les forces de l'ordre sur les trafiquants.
Les saisies d'armes illégales en France, souvent le fruit de perquisitions ou de contrôles ponctuels, restent faibles. Elles varient entre 6 000 et 8 000 par an sur plus de 7 millions d'armes illégales en circulation.