International
Armement, énergie... La double volte-face allemande
En à peine quelques jours d’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Europe a déjà changé de visage : la Suisse a abandonné sa neutralité et l’Allemagne se réarme et se détourne du gaz russe. Une véritable volte-face, alors que la toute nouvelle coalition au pouvoir au lendemain du départ d’Angela Merkel avait porté le parti écologiste au gouvernement, aux côtés des libéraux et des sociaux-démocrates. Les Verts héritaient alors, il y a quelques mois de cela, de cinq portefeuilles dont celui des Affaires étrangères et un "super-ministère" regroupant l’économie et le climat. Les écologistes prévoyaient alors la fin du charbon avancée « de manière idéale » à 2030, la fermeture des dernières centrales nucléaires du pays et "le développement massif des énergies renouvelables", censées représenter 80% du mix électrique en 2030. Les Verts parlaient aussi de construire "des centrales à gaz modernes afin de couvrir les besoins croissants en électricité et en énergie au cours des prochaines années à des prix compétitifs".
L’invasion de l’Ukraine est passée par là, révélant l’étendue de la dépendance de notre voisin d’outre-Rhin à la Russie de Vladimir Poutine. Si les sanctions économiques européennes contre la Russie sont du jamais vu en termes d’ampleur comme d’accord entre les 27, il aura aussi fallu, dans un premier temps, lever les réticences de l’Allemagne à les accepter. Sans doute du fait de cette très forte dépendance énergétique, qui d’ailleurs pose question. Les mouvements écologistes verts auraient-ils été financés par la Russie afin de l’accroître ? Et que dire de la construction de Nordstream 2 ? La nomination de Gerhard Schroder, ancien chancelier social-démocrate de 1998 à 2005, à des postes largement rémunérés au sein des conseils de surveillance des géants russes du gaz et du pétrole est en soi une réponse. Car c’est bien à lui que le président russe doit la construction de ces deux gazoducs géostratégiques, Nord Stream 1 et 2, passant sous la mer Baltique et destinés à contourner l’Europe centrale afin, justement, de remplacer les pipelines passant par l’Ukraine. Contrairement à François Fillon, Gerhard Schroder, lui, n’a pas abandonné ses mandats. Quant à l’Allemagne, afin de réduire sa dépendance au gaz russe, elle réfléchit d’ores et déjà à allonger la durée de vie de ses trois dernières centrales nucléaires. Robert Habeck, membre de l'Alliance 90/Les Verts, vice-chancelier et ministre fédéral de l'Économie et du Climat depuis décembre dernier, devra assumer cette décision.
"L'invasion de l'Ukraine a jeté une lumière crue sur l'irresponsabilité de l'Allemagne depuis le début du XXIe siècle, qui a délibérément sacrifié à ses intérêts commerciaux la sécurité de l'Europe et la protection de la démocratie, estime Nicolas Baverez. Elle a développé une diplomatie purement mercantiliste au service de ses exportations industrielles, avec pour premier client la Chine, et pour quatrième la Russie." Elle a aussi "désarmé massivement, réduisant durant des années son effort de défense, tout en cultivant une relation singulière et complaisante avec la Russie de Poutine." Pour autant, faut-il se réjouir de l’autre grande volte-face allemande ? L’Allemagne a en effet brisé un autre tabou : celui de son réarmement. En sus de fournir 1 400 lance-roquettes antichars, 500 missiles sol-air Stinger, 14 véhicules blindés et 10 000 tonnes de carburant à l’Ukraine, elle va immédiatement consacrer 100 milliards d'euros à la modernisation de sa propre armée. Elle consacrera ainsi plus de 2% de son produit intérieur brut (PIB) à sa défense. De quoi, demain, inquiéter de nouveau ses voisins, à commencer par la France ?
L’invasion de l’Ukraine est passée par là, révélant l’étendue de la dépendance de notre voisin d’outre-Rhin à la Russie de Vladimir Poutine. Si les sanctions économiques européennes contre la Russie sont du jamais vu en termes d’ampleur comme d’accord entre les 27, il aura aussi fallu, dans un premier temps, lever les réticences de l’Allemagne à les accepter. Sans doute du fait de cette très forte dépendance énergétique, qui d’ailleurs pose question. Les mouvements écologistes verts auraient-ils été financés par la Russie afin de l’accroître ? Et que dire de la construction de Nordstream 2 ? La nomination de Gerhard Schroder, ancien chancelier social-démocrate de 1998 à 2005, à des postes largement rémunérés au sein des conseils de surveillance des géants russes du gaz et du pétrole est en soi une réponse. Car c’est bien à lui que le président russe doit la construction de ces deux gazoducs géostratégiques, Nord Stream 1 et 2, passant sous la mer Baltique et destinés à contourner l’Europe centrale afin, justement, de remplacer les pipelines passant par l’Ukraine. Contrairement à François Fillon, Gerhard Schroder, lui, n’a pas abandonné ses mandats. Quant à l’Allemagne, afin de réduire sa dépendance au gaz russe, elle réfléchit d’ores et déjà à allonger la durée de vie de ses trois dernières centrales nucléaires. Robert Habeck, membre de l'Alliance 90/Les Verts, vice-chancelier et ministre fédéral de l'Économie et du Climat depuis décembre dernier, devra assumer cette décision.
"L'invasion de l'Ukraine a jeté une lumière crue sur l'irresponsabilité de l'Allemagne depuis le début du XXIe siècle, qui a délibérément sacrifié à ses intérêts commerciaux la sécurité de l'Europe et la protection de la démocratie, estime Nicolas Baverez. Elle a développé une diplomatie purement mercantiliste au service de ses exportations industrielles, avec pour premier client la Chine, et pour quatrième la Russie." Elle a aussi "désarmé massivement, réduisant durant des années son effort de défense, tout en cultivant une relation singulière et complaisante avec la Russie de Poutine." Pour autant, faut-il se réjouir de l’autre grande volte-face allemande ? L’Allemagne a en effet brisé un autre tabou : celui de son réarmement. En sus de fournir 1 400 lance-roquettes antichars, 500 missiles sol-air Stinger, 14 véhicules blindés et 10 000 tonnes de carburant à l’Ukraine, elle va immédiatement consacrer 100 milliards d'euros à la modernisation de sa propre armée. Elle consacrera ainsi plus de 2% de son produit intérieur brut (PIB) à sa défense. De quoi, demain, inquiéter de nouveau ses voisins, à commencer par la France ?