Politique
Une démission au nom de la vérité
La polémique suscité par Emmanuel Macron à l’encontre de son chef d’état-major des armés s’achève donc par la démission du Général Pierre de Villiers. Une première sous la Ve République, et un beau gâchis sur fond de crise budgétaire, estime et décrypte Jean Guisnel, l'un des journalistes spécialisés Défense les plus reconnus.
Quels sont les faits lui ayant été reprochés par le Président de la République, allant jusqu’à lancer un étonnant « je suis votre chef » devant les armées le 13 juillet au soir à l'hôtel de Brienne ? Ses déclarations le 12 juillet devant les parlementaires de la commission de la défense et des forces armées, « à huis clos », comme il l’a lui-même rappelé dans le communiqué annonçant son départ. Car le casus belli entre les deux hommes est budgétaire : le coût des opérations extérieures (OPEX), qui n’a jamais été aussi important, n'avait été budgétées lors de la loi de finances 2017 qu'à hauteur de 450 millions d'euros. Or elles coûteront 1,3 milliard cette années. Il manque donc 850 millions. Ces « surcoûts » sont habituellement payés par un collectif budgétaire en fin d'année, et pris en charge par le gouvernement, en sus du budget de la défense. Pour 2017, Bercy a demandé et obtenu de l’Elysée que ces « surcoûts » soient financés par le budget d'équipement des armées.
Les équipements concernés par les réductions budgétaires, dont il faudra décaler la commande ou la livraison, seront sans doute très nombreux. Les armées citent au premier chef les avions ravitailleurs et les avions de transport, les patrouilleurs hauturiers de la marine et de nouveaux équipements de l'armée de terre. Avec cette décision de coupes budgétaires drastiques quand, en même temps, on trouve 1,5 milliard d’euros pour refinancer Areva, Emmanuel Macron allait à la fois à l’encontre de ses promesses de campagne, et des besoins des efforts actuels afin de mener une guerre longue, et coûteuse. Durant la campagne électorale, en décembre 2016, le Général Pierre de Villiers avait d’ailleurs lancé un cri d'alarme explicite : alors que nous avons « le devoir de nous préparer à une guerre longue, il faut comprendre que le moindre décalage de cohérence entre les menaces, les missions et les moyens s'apparente au grain de sable qui grippe le système et conduit à la défaite. C'est le danger auquel nous nous exposerions si rien n'était fait. Tout le monde l'a compris : on ne gagne pas une guerre sans effort de guerre. » Il l’aura dit en vérité et dans le respect du fonctionnement de la V e République, qui suppose que la représentation nationale soit au fait de la situation de l’armée. Mais il n’aura pas été entendu.
Quels sont les faits lui ayant été reprochés par le Président de la République, allant jusqu’à lancer un étonnant « je suis votre chef » devant les armées le 13 juillet au soir à l'hôtel de Brienne ? Ses déclarations le 12 juillet devant les parlementaires de la commission de la défense et des forces armées, « à huis clos », comme il l’a lui-même rappelé dans le communiqué annonçant son départ. Car le casus belli entre les deux hommes est budgétaire : le coût des opérations extérieures (OPEX), qui n’a jamais été aussi important, n'avait été budgétées lors de la loi de finances 2017 qu'à hauteur de 450 millions d'euros. Or elles coûteront 1,3 milliard cette années. Il manque donc 850 millions. Ces « surcoûts » sont habituellement payés par un collectif budgétaire en fin d'année, et pris en charge par le gouvernement, en sus du budget de la défense. Pour 2017, Bercy a demandé et obtenu de l’Elysée que ces « surcoûts » soient financés par le budget d'équipement des armées.
Les équipements concernés par les réductions budgétaires, dont il faudra décaler la commande ou la livraison, seront sans doute très nombreux. Les armées citent au premier chef les avions ravitailleurs et les avions de transport, les patrouilleurs hauturiers de la marine et de nouveaux équipements de l'armée de terre. Avec cette décision de coupes budgétaires drastiques quand, en même temps, on trouve 1,5 milliard d’euros pour refinancer Areva, Emmanuel Macron allait à la fois à l’encontre de ses promesses de campagne, et des besoins des efforts actuels afin de mener une guerre longue, et coûteuse. Durant la campagne électorale, en décembre 2016, le Général Pierre de Villiers avait d’ailleurs lancé un cri d'alarme explicite : alors que nous avons « le devoir de nous préparer à une guerre longue, il faut comprendre que le moindre décalage de cohérence entre les menaces, les missions et les moyens s'apparente au grain de sable qui grippe le système et conduit à la défaite. C'est le danger auquel nous nous exposerions si rien n'était fait. Tout le monde l'a compris : on ne gagne pas une guerre sans effort de guerre. » Il l’aura dit en vérité et dans le respect du fonctionnement de la V e République, qui suppose que la représentation nationale soit au fait de la situation de l’armée. Mais il n’aura pas été entendu.