International
Argentine : le rejet de la libéralisation de l’avortement contrarie l’opinion occidentale
Le sénat argentin a rejeté, dans la nuit du 8 au 9 août, un projet de loi élargissant le droit inconditionnel à l'avortement jusqu’à la 14e semaine, y compris pour les mineures à partir de 16 ans, sans autorisation des parents. Cette décision est un choc pour l’opinion publique occidentale. Bien que l’IVG soit permise en Argentine en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, medias, associations féministes, ONG humanitaires, telle Amnesty International, et jusqu’aux instances de l’ONU avaient multiplié les pressions pour que l’Argentine rejoigne les nations qui ont fait de l’avortement un « droit des femmes » toujours plus extensif. Par exemple, le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies (UNCRC, United Nations Convention on the Rights of the Child) avait exhorté le gouvernement argentin à accorder « l'accès à l'avortement sécuritaire et aux soins post-avortement pour les adolescentes, en veillant à ce que leur avis soit toujours écouté et dûment pris en compte dans le processus décisionnel ».
La cause pro-IVG semblait entendue dans un pays qui avait été le premier d’Amérique latine à autoriser le mariage pour tous, en 2010, et qui avait accordé l’année suivante une existence légale au « troisième sexe ». Cependant, le 14 juin dernier, les députés argentins n’avaient adopté le projet de loi que d’une très courte majorité (129 voix pour, 125 contre), avant qu’il soit rejeté par les sénateurs (38 voix contre, 31 pour, 2 abstentions). Aucun parti n'avait réussi à définir une position commune, mais la majorité du gouvernement du président Maurico Macri avait pris position contre le texte. « La femme n'a pas droit à l'avortement, elle a droit à la santé. L'enfant à naître est biologiquement et scientifiquement un être humain », avait notamment déclaré Sebastián Bragagnolo, député de Cambiemos. «Nous savons qu'il y a des femmes qui prennent la tragique décision d'avorter. Mais sans maternité, nous n'avons pas de futur. L'avortement est un échec social. La maternité ne devrait pas être un problème» lui a fait écho le sénateur Estaban Bullrich.
Mais c’est la voix de la hiérarchie catholique qui a probablement fait la différence. « Ils veulent légitimer le fait qu'un être humain puisse en éliminer un autre » avait alerté dans son homélie l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Aurelio Poli, lors d’une messe célébrée pendant les débats. Son prédécesseur, devenu l’Argentin le plus célèbre depuis son élection sur le siège de Pierre, il y a cinq ans, avait publiquement et à plusieurs reprises pris position contre ce projet de loi. Non seulement le pape François avait dénoncé l’avortement comme une « culture du déchet », et comme un « eugénisme en gants blancs » qu’il a comparé à celui des nazis (16 juin 2018, lors d’une audience avec des associations familiales), mais il avait encouragé les Argentins à se mobiliser contre ce texte dans une lettre apostolique qui leur était destinée.
Combat d’arrière-garde ? Ultime résistance avant la prochaine offensive ? Après quatre tentatives infructueuses, c’était la première fois qu’un texte proposant la libéralisation de l’avortement arrivait jusqu’au Sénat. Nul doute qu’une nouvelle tentative aura lieu en 2020. En principe, le délai nécessaire pour qu'un nouveau texte soit soumis au vote des parlementaires est d’un an, mais les partis politiques éviteront vraisemblablement de reprendre ce débat en 2019, année d'élection présidentielle. Cependant, quel que soit l’avenir, ce coup d’arrêt impacte non seulement l’Argentine, mais aussi toute l’Amérique latine et l’ensemble des pays occidentaux : en cette année du cinquantième anniversaire de l’encyclique du pape Paul VI, « Humanae Vitae », les interventions du pape François confirment que l’Eglise catholique ne peut décidément pas s’accommoder de lois niant le droit à la vie d’un être humain dès sa conception.
Il n’y a là rien de surprenant : le pape François « va peser sur les consciences » car « c'est la mission de l'Église de préserver la vie », expliquait à la veille du vote, l'historien Philippe Levillain, spécialiste du catholicisme, sur Franceinfo.
La cause pro-IVG semblait entendue dans un pays qui avait été le premier d’Amérique latine à autoriser le mariage pour tous, en 2010, et qui avait accordé l’année suivante une existence légale au « troisième sexe ». Cependant, le 14 juin dernier, les députés argentins n’avaient adopté le projet de loi que d’une très courte majorité (129 voix pour, 125 contre), avant qu’il soit rejeté par les sénateurs (38 voix contre, 31 pour, 2 abstentions). Aucun parti n'avait réussi à définir une position commune, mais la majorité du gouvernement du président Maurico Macri avait pris position contre le texte. « La femme n'a pas droit à l'avortement, elle a droit à la santé. L'enfant à naître est biologiquement et scientifiquement un être humain », avait notamment déclaré Sebastián Bragagnolo, député de Cambiemos. «Nous savons qu'il y a des femmes qui prennent la tragique décision d'avorter. Mais sans maternité, nous n'avons pas de futur. L'avortement est un échec social. La maternité ne devrait pas être un problème» lui a fait écho le sénateur Estaban Bullrich.
Mais c’est la voix de la hiérarchie catholique qui a probablement fait la différence. « Ils veulent légitimer le fait qu'un être humain puisse en éliminer un autre » avait alerté dans son homélie l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Aurelio Poli, lors d’une messe célébrée pendant les débats. Son prédécesseur, devenu l’Argentin le plus célèbre depuis son élection sur le siège de Pierre, il y a cinq ans, avait publiquement et à plusieurs reprises pris position contre ce projet de loi. Non seulement le pape François avait dénoncé l’avortement comme une « culture du déchet », et comme un « eugénisme en gants blancs » qu’il a comparé à celui des nazis (16 juin 2018, lors d’une audience avec des associations familiales), mais il avait encouragé les Argentins à se mobiliser contre ce texte dans une lettre apostolique qui leur était destinée.
Combat d’arrière-garde ? Ultime résistance avant la prochaine offensive ? Après quatre tentatives infructueuses, c’était la première fois qu’un texte proposant la libéralisation de l’avortement arrivait jusqu’au Sénat. Nul doute qu’une nouvelle tentative aura lieu en 2020. En principe, le délai nécessaire pour qu'un nouveau texte soit soumis au vote des parlementaires est d’un an, mais les partis politiques éviteront vraisemblablement de reprendre ce débat en 2019, année d'élection présidentielle. Cependant, quel que soit l’avenir, ce coup d’arrêt impacte non seulement l’Argentine, mais aussi toute l’Amérique latine et l’ensemble des pays occidentaux : en cette année du cinquantième anniversaire de l’encyclique du pape Paul VI, « Humanae Vitae », les interventions du pape François confirment que l’Eglise catholique ne peut décidément pas s’accommoder de lois niant le droit à la vie d’un être humain dès sa conception.
Il n’y a là rien de surprenant : le pape François « va peser sur les consciences » car « c'est la mission de l'Église de préserver la vie », expliquait à la veille du vote, l'historien Philippe Levillain, spécialiste du catholicisme, sur Franceinfo.