Apple mérite-t-elle ses 1000 milliards ?
Économie

Apple mérite-t-elle ses 1000 milliards ?

Par Judikael Hirel. Synthèse n°418, Publiée le 03/08/2018
En bourse, on disait jusque-là que "les arbres ne montent pas au ciel". Pourtant, Apple est devenue la première entreprise privée au monde à franchir durablement le cap des mille milliards de dollars de valorisation boursière. Un record qui place le géant de Cupertino loin devant Amazon (894, milliards) et Alphabet, maison mère de Google (857,8 milliards). Mais quel sens donner à une somme aussi inimaginable ?


Pour en arriver là, la marque jadis cofondée en 1976 par Steve Jobs aura frôlé la liquidation avant de se réinventer, lançant des produits qui ont effectivement changé la donne et les comportements, de l’iPod à l’iPhone, l’engin qui aura littéralement inventé le concept même de smartphone il y a déjà dix ans de cela, suivis par la révolution de l’Appstore, et la montée en puissance progressive de l’Apple Watch. Pour autant cela mérite-t-il une valorisation boursière égale à deux fois le PIB de la Belgique ? La force de la marque à la pomme est d’être au fond plus une marque de luxe qu’une marque high tech, le prix de vente et le prix de revient de ses produits étant sans aucun rapport. L’entreprise la plus chère du monde peut jouer sur la dimension statutaire du fait de posséder et exhiber ses produits, plus encore désormais que sur leur design, leurs fonctionnalités ou leur ergonomie. C’est ainsi qu’elle peut réaliser 20 milliards de dollars de profits sur le dernier trimestre 2017, et 53,3 milliards de chiffre d’affaires et 11,5 milliards de bénéfice net au deuxième trimestre de 2018...

Mais si l’on y regarde de plus près, les valeurs véhiculées par une telle valorisation, et par un tel comportement de consommation, sont-elles saines ? Payer un iPhone X neuf plus de 1000 euros, est-ce bien raisonnable, quand le premier coûtait moitié moins, tout en étant véritablement novateur ? Un terminal est vendu en 2018 environ une centaine d’euros de plus qu’il y a cinq ans afin d'augmenter les marges de la société. Pour asseoir sa réussite, Apple doit aujourd’hui ralentir l’essor de la prochaine révolution technologique, l’ère du post-smartphone, elle qui a jadis tant contribué à changer la donne. Malgré ses 116.000 salariés, elle garantit aussi ses bénéfices exponentiels en sous-traitant à coût réduit l’ensemble de sa production en Chine, dans des conditions de travail souvent des plus extrêmes, en termes de cadences et de sévérité. Et ceci en veillant, dans le monde entier, à payer le moins d’impôts possibles malgré ses ventes. Derrière l'apparente magie d’Apple, la marge n’est pas une question de morale.

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