
Alzheimer, cancer, diabète : l’aube d’une révolution
S’agissant par exemple du cancer, les progrès thérapeutiques passeront par « des associations d'immunothérapies, des traitements épigénétiques (visant l'ADN des cellules) et des traitements ciblés », de plus en plus individualisés grâce aux nouveaux algorithmes décisionnels issus de l'intelligence artificielle. Dans le traitement du cancer ou d’autres pathologies, pour être sûr qu’une molécule aura un effet bénéfique sur notre organisme, elle sera d'abord testée de façon virtuelle sur notre « jumeau numérique », une copie digitale de nos données de santé.
Dans le traitement du diabète, alors que les pompes à insuline et les capteurs collés sur la peau ont déjà amélioré la vie des patients, ceux-ci devraient bénéficier sous peu de « solutions intégrées combinant technologie numérique et injection d'insuline », une « insuline intelligente qui s'active lorsque la glycémie augmente ».
Et Alzheimer ? Les thérapies géniques commencent à être appliquées mais n’ont actuellement d’effet que dans 4 à 5% des cas. Toutefois, d’ici dix ans, on pourrait enfin comprendre d'où vient l'accumulation anormale de protéines dans le cerveau et y remédier grâce à la « microfluidique », la technologie des fluides à l'échelle micrométrique qui permet de simuler des réseaux de neurones. Un modèle emprunté à la nature, explique le Pr Patrick Tabeling, directeur de l'Institut Carnot Pierre-Gilles de Gennes : « C'est ainsi que la sève circule dans les arbres grâce à des microvalves ou que l'araignée utilise un bioréacteur microfluidique pour tisser sa toile ».
Où l’on voit que la médecine la plus en pointe de notre temps rejoint l’antique sagesse aristotélicienne ainsi formulée par saint Thomas d’Aquin : « Ars imitatur naturam in sua operatione in quantum potest » : l’art imite la nature dans sa façon d’opérer, autant que faire se peut (Thomas d'Aquin, In Post Analytica, I, 1, 5).