International
Algérie : après la joie, la gueule de bois !
Une explosion de joie avait salué l’annonce, au soir du 11 mars, que le président Abdelaziz Bouteflika renonçait à briguer un cinquième mandat. Quelques heures plus tard, la population ayant pris connaissance du long et alambiqué communiqué présidentiel qui détaillait cette annonce, c’était la douche froide ! Les Algériens, médusés, découvraient qu’en réalité, le président ou plus vraisemblablement ses frères Saïd et Nacer et leur entourage avaient feint de céder à la rue pour reporter sine die les élections du 18 avril, prolongeant ainsi le quatrième mandat présidentiel… On les prenait pour des idiots ! « On voulait une élection sans Bouteflika, on se retrouve avec Bouteflika sans élection », résume Sofiane, une étudiante (Le Monde du 13 mars). Sans attendre de réitérer vendredi prochain, 14 mars, de nouvelles manifestations monstres dans les villes, les rassemblements se sont multipliés dans tout le pays sur le thème : « Le peuple algérien veut le départ de Bouteflika et des symboles de son régime corrompu », rapporte le quotidien algérien El Watan.
Un petit chef-d’œuvre d’hypocrisie, ce communiqué présidentiel ! Un exorde compréhensif et compatissant - « Je comprends tout particulièrement le message porté par les jeunes en termes, à la fois, d'angoisse et d'ambition pour leur avenir propre et pour celui du pays » - précède l’annonce par le président qu’en raison de son âge et de son état de santé, « il n'y aura pas de cinquième mandat et il n'en a jamais été question pour moi » (affirmation totalement invraisemblable : Bouteflika notoirement candidat et assuré d’être réélu faute d’adversaire crédible, était rentré de Suisse où il se faisait soigner deux jours avant l'expiration du délai donné au Conseil constitutionnel pour valider les candidatures). Mais après ce coup de théâtre du pseudo renoncement, répercuté sur les ondes, les Algériens n’avaient pas pris connaissance de la suite : concrètement, c’est bien l’actuel président (82 ans, et très diminué depuis un AVC en 2013) ou plutôt son entourage qui pilotera la transition, laquelle exige une modification de la Constitution car aucune disposition juridique ne permet de différer les élections. A cette fin, une conférence nationale « inclusive » et « indépendante » sera organisée pour élaborer une nouvelle Constitution soumise à un référendum, puis, au bout du bout, enfin, si tout se passe bien, à l’horizon 2020, l’élection d’un nouveau président … Un remaniement ministériel a bien eu lieu dans la foulée, mais il a principalement consisté à nommer premier ministre le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, fidèle entre les fidèles du clan Bouteflika, un choix qui n’est pas de nature à rasséréner les Algériens, d’autant que le chef d'État-major des Armées et le chef des renseignements restent en place.
« Il faut que tout change pour que rien ne change » : le clan Bouteflika aura pratiqué de main de maître la célèbre formule du livre de Giuseppi Tomasi, dit Lampedusa, popularisé par le film de Visconti, « Le Guépard ». Sur Europe 1 (12 mars), le spécialiste du monde arabo-musulman Mohamed Sifaoui, auteur de « Où va l'Algérie ? ... et les conséquences pour le France » (éditions du Cerf) dénonçait « la continuité d'un processus de mascarade mis en place par le pouvoir algérien depuis 1962 » pour maintenir à tout prix la quasi dictature des oligarques du FLN.
Un petit chef-d’œuvre d’hypocrisie, ce communiqué présidentiel ! Un exorde compréhensif et compatissant - « Je comprends tout particulièrement le message porté par les jeunes en termes, à la fois, d'angoisse et d'ambition pour leur avenir propre et pour celui du pays » - précède l’annonce par le président qu’en raison de son âge et de son état de santé, « il n'y aura pas de cinquième mandat et il n'en a jamais été question pour moi » (affirmation totalement invraisemblable : Bouteflika notoirement candidat et assuré d’être réélu faute d’adversaire crédible, était rentré de Suisse où il se faisait soigner deux jours avant l'expiration du délai donné au Conseil constitutionnel pour valider les candidatures). Mais après ce coup de théâtre du pseudo renoncement, répercuté sur les ondes, les Algériens n’avaient pas pris connaissance de la suite : concrètement, c’est bien l’actuel président (82 ans, et très diminué depuis un AVC en 2013) ou plutôt son entourage qui pilotera la transition, laquelle exige une modification de la Constitution car aucune disposition juridique ne permet de différer les élections. A cette fin, une conférence nationale « inclusive » et « indépendante » sera organisée pour élaborer une nouvelle Constitution soumise à un référendum, puis, au bout du bout, enfin, si tout se passe bien, à l’horizon 2020, l’élection d’un nouveau président … Un remaniement ministériel a bien eu lieu dans la foulée, mais il a principalement consisté à nommer premier ministre le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, fidèle entre les fidèles du clan Bouteflika, un choix qui n’est pas de nature à rasséréner les Algériens, d’autant que le chef d'État-major des Armées et le chef des renseignements restent en place.
« Il faut que tout change pour que rien ne change » : le clan Bouteflika aura pratiqué de main de maître la célèbre formule du livre de Giuseppi Tomasi, dit Lampedusa, popularisé par le film de Visconti, « Le Guépard ». Sur Europe 1 (12 mars), le spécialiste du monde arabo-musulman Mohamed Sifaoui, auteur de « Où va l'Algérie ? ... et les conséquences pour le France » (éditions du Cerf) dénonçait « la continuité d'un processus de mascarade mis en place par le pouvoir algérien depuis 1962 » pour maintenir à tout prix la quasi dictature des oligarques du FLN.