Adoption du projet de loi de bioéthique : un triomphe du transhumanisme
Politique

Adoption du projet de loi de bioéthique : un triomphe du transhumanisme

Par Philippe Oswald. Synthèse n°783, Publiée le 17/10/2019
Qu’on ne parle plus de bioéthique en France ! Elle a été enterrée à l’Assemblée nationale le mardi 15 octobre par le vote du projet de loi dit de « bioéthique » mais qui en réalité achève le démantèlement de l’éthique qui procède de l’anthropologie judéo-chrétienne. C’est une victoire incontestable d’une pensée inspirée par la franc-maçonnerie, largement due au député LREM (ex-socialiste), Jean-Louis Touraine, franc-maçon assumé et ardent militant de la GPA et de l’euthanasie.

Le projet de loi (qui doit à présent être examiné par le Sénat) ne se résume pas à la « PMA pour toutes ». Cette mesure phare adoptée au nom de l’égalité peut en effet aveugler sur ce qui la sous-tend ou en découle : rupture entre la procréation et la sexualité par la PMA non-thérapeutique ; rupture avec l’horloge biologique par la légalisation de l’autoconservation des gamètes ; accélération de l’eugénisme par l’extension du diagnostic prénatal et préimplantatoire ; feu vert à l’exploitation et la modification génétique des embryons humains ; rupture de la frontière entre l’homme et l’animal par la greffe de cellules humaines sur des embryons animaux ; et finalement, toute puissance de la volonté sur la biologie comme fondement de la filiation.

Cette doctrine « transhumaniste » qui trouve pour la première fois dans l’Histoire les moyens de s’appliquer grâce aux progrès technologiques, est un rêve ancien. On peut même la faire remonter à l’antique tentation biblique : « Vous serez comme des dieux ». Dans les temps modernes, elle a été théorisée en France par « les philosophes des Lumières » du XVIIIe siècle pour lesquels l’homme doit s’affranchir de la nature par la toute puissance de son intelligence et de sa volonté. Dans cette conception, ce n’est pas le désir d’un progrès de l’humanité qui est problématique mais la rupture métaphysique qu’elle opère : l’homme ne doit plus se contenter des dons qu’il a reçus en naissant afin de les faire grandir et fructifier pour son bien propre et celui de la société, mais s’en affranchir pour être totalement « libre », sans aucune limite pourvu que la science lui en offre la possibilité : le transhumanisme entend faire de l’homme un mutant, capable de se libérer de sa propre espèce.

Le moteur de cette « libération » est la sexualité, dont on exalte le rôle hédoniste libéré par la contraception, en la déconnectant de sa fonction reproductrice, confiée à la technoscience. Celle-ci est chargée de produire un homme « parfait », débarrassé de tout ce qui pourrait entraver son autonomie, au prix d’un tri embryonnaire et de manipulations génétiques sans limites, sinon provisoires, la société n’étant pas encore « prête » à les franchir (simple affaire de temps et de campagnes d’opinions).

Le projet transhumaniste de totale maîtrise de la procréation passe par l’eugénisme. Tant pis si le prix à payer pour ce « progrès » est l’élimination des plus faibles, qu’il s’agisse d’embryons sans « projet parental » ou suspects d’être porteurs d’un gène déficient, ou encore de malades devenus une charge pour la société (charge financière mais aussi affective, mise en avant par l’euthanasie « compassionnelle » au nom du « droit à mourir dans la dignité »).  

Dans Valeurs Actuelles (en lien ci-dessous), Grégor Puppinck retrace dans un tableau saisissant les étapes du projet transhumaniste dont les « promoteurs les plus radicaux sont tous issus du milieu de la libre-pensée et de la franc-maçonnerie ». Tels Clémence Royer, fondatrice de l’obédience maçonnique Droit humain, qui prônait l’élimination des « représentants déchus ou dégénérés de l’espèce » (dans son introduction à « L’origine des espèces de Darwin » en 1862) et Paul Robin, fondateur en 1896 de la Ligue pour la Régénération humaine dont l’objet était de promouvoir la contraception, l’avortement et la liberté sexuelle, ou encore Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913 et vice-président de la Société française d’eugénisme, qui préconisait « l’élimination des races inférieures » et « des anormaux ». Quant à Margaret Sanger, la fondatrice du Planning familial, elle n’entendait pas seulement par la contraception « prévenir la naissance de ceux qui transmettraient leur imbécillité à leur descendance » (sic), mais disposer d’« un instrument de libération et de développement humain » car, écrivait-elle (en 1922), « par le sexe, l’humanité peut atteindre la plus grande illumination spirituelle qui va transformer le monde, qui va illuminer l’unique chemin vers un paradis terrestre ». L’histoire du XXe siècle, acharné à broyer les plus faibles (individus, classes ou peuples), a pourtant déjà montré que c’était plutôt l’enfer qui était au rendez-vous du « transhumanisme » (mot inventé -pour le promouvoir- par Julian Huxley, le frère d’Aldous, l’auteur du Meilleur des mondes…).
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