
Accord Saint-Siège/Chine : le pari risqué du pape François
Au Vatican, on a toujours dit qu'accepter des compromis à propos de la nomination des évêques pouvait être un premier pas, certes difficile, mais à tenter, afin d'obtenir plus de liberté et de sécurité pour les communautés catholiques chinoises, qu'elles soient « clandestines » ou « patriotiques ». Les unes et les autres souffrent actuellement d'un regain de persécutions (cf. LSDJ n°457), ce qui rend le pari risqué. « C'est un processus qui a duré des années » a expliqué le pape François aux journalistes qui l'accompagnaient dans l'avion qui les ramenait de Tallinn à Rome, mardi 25 septembre. « Vous savez que quand on signe un accord de paix ou une négociation, les deux parties perdent quelque chose, c'est la règle. » Et d'ajouter : « Je pense à la résistance, aux catholiques qui ont souffert : c'est vrai, ils souffriront. Dans un accord, il y a toujours de la souffrance. Mais ils ont une grande foi (…) » Mais au bout du compte, a conclu le pape, « la nomination [des évêques] vient de Rome ; la nomination vient du pape, c'est clair. »
Est-ce si clair ? « Il faudra attendre de connaître les modalités concrètes de l'accord portant sur la nomination des évêques pour savoir qui tire son épingle du jeu » estime Jean-Marie Guénois qui penche pour une victoire du régime communiste dans l'analyse du Figaro (ci-dessous). Soulignons cependant, en citant le message du pape François aux catholiques de Chine et à l'Eglise universelle, qu'il s'agit d'un accord « provisoire », nouvelle étape sur « un chemin » entrepris par les prédécesseurs du pape François, qui « demande du temps et présuppose la bonne volonté des parties » (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4). Le régime dictatorial et répressif de Xi Jinping saura-t-il faire preuve de « bonne volonté » ?