Santé
À quand un vrai déconfinement dans les EHPAD ?
La gestion de la crise du coronavirus dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) risque d’occuper longtemps la chronique judiciaire. Les informations éparses qui finissent par filtrer confirme l’hécatombe dont ont été victimes les personnes âgées que le confinement était pourtant destiné prioritairement à protéger. Entre le tiers et la moitié des presque 30 000 morts de la Covid-19 en France sont décédés dans des EHPAD (bilan approximatif, n’incluant pas les personnes mortes à leur domicile, ni les décès dans les EHPAD antérieurs au 2 avril, date à laquelle ils ont commencé à être inclus dans le décompte quotidien officiel). Trop de ces pensionnaires des EHPAD sont morts dans des conditions inhumaines : privés des soins qu’aurait nécessité leur état, de promenade, de leurs familles, et d’assistance spirituelle – malgré le dévouement des personnels soignants dont beaucoup ont été contaminés et parfois ont succombé au virus. Les causes de cette tragédie sont à présent bien connues : absence de tests, de masques, de vêtements de protection, d’appareils et de lits de réanimation, entraînant le « tri » des malades.
Dès le début du confinement, au mois de mars, des responsables d’EHPAD alertaient sur ses conséquences pour les résidents et le personnel : l’enfermement des personnes âgées dans leurs chambres, la privation de contacts, de repas collectifs, de sorties, même dans les couloirs, le face-à-face anxiogène avec la télévision, les appels angoissés de la famille… « C'est d'une violence inouïe » témoignait Jean-Bernard Prim, directeur général de l'association Chemin d'espérances en charge d’une vingtaine d’établissements, dans le Point du 24 mars : « Non seulement nous n'avons nous-mêmes plus le temps matériel de leur tenir la main, mais nous n'avons plus le droit de laisser venir les familles pour les accompagner. » Quant aux soins funéraires, ajoutait-il, « les corps ne sont plus habillés, ils sont directement placés dans des housses mortuaires et mis en bière immédiatement. Cela aussi, c'est extrêmement dur. »
Les agences régionales de santé (ARS) sont sur la sellette pour leur gestion de la crise et l’opacité sur le nombre des victimes dans les EHPAD. Dominique Bussereau, le président du Conseil départemental de Charente Maritime, a poussé un « coup de gueule » retentissant après avoir appris incidemment, en lisant Sud-Ouest, le décès de 16 résidents d’un EHPAD à Tonnay-Charente. Ni lui, ni ses services, ni le maire, ni le préfet de Région n’avaient été informés de ces décès alors qu’ils constituent le tiers de ceux liés à la Covid-19 dans le département. Il dénonce les dysfonctionnements de l’Agence régionale de santé, « une machine devenue extrêmement technocratique ».
Beaucoup de familles estiment que la dureté du confinement, au lieu de protéger les personnes âgées, a précipité leur déclin quand bien même elles avaient été épargnées par le coronavirus. L’assouplissement des règles en vigueur dans les EHPAD à compter du 5 juin n’a pas suffi à les rasséréner. Les « recommandations » du ministère de la Santé aux directions des établissements d’autoriser une reprise des visites des proches à condition que la situation sanitaire le permette, sont laissées à l’appréciation des directeurs des EHPAD, et certains se montrent fort rigides. Face à cette situation, un collectif a envoyé à Emmanuel Macron et au ministre de la Santé une pétition : « Pour un déconfinement humain dans les maisons de retraite (EHPAD et résidences) ». Les auteurs dénoncent un « enfermement et une atteinte discriminatoire à la liberté et au droit de sociabilité des personnes âgées ainsi que de leurs proches ». Dans Le Quotidien du Médecin (en lien ci-dessous) un ancien généraliste exprime sa colère de ne pas avoir pu fêter les cent ans de sa mère, pensionnaire d’un EHPAD dans la banlieue de Rouen (Seine-Maritime), à cause « d’une conduite bureaucratique dénuée de sentiment humain. »
Dès le début du confinement, au mois de mars, des responsables d’EHPAD alertaient sur ses conséquences pour les résidents et le personnel : l’enfermement des personnes âgées dans leurs chambres, la privation de contacts, de repas collectifs, de sorties, même dans les couloirs, le face-à-face anxiogène avec la télévision, les appels angoissés de la famille… « C'est d'une violence inouïe » témoignait Jean-Bernard Prim, directeur général de l'association Chemin d'espérances en charge d’une vingtaine d’établissements, dans le Point du 24 mars : « Non seulement nous n'avons nous-mêmes plus le temps matériel de leur tenir la main, mais nous n'avons plus le droit de laisser venir les familles pour les accompagner. » Quant aux soins funéraires, ajoutait-il, « les corps ne sont plus habillés, ils sont directement placés dans des housses mortuaires et mis en bière immédiatement. Cela aussi, c'est extrêmement dur. »
Les agences régionales de santé (ARS) sont sur la sellette pour leur gestion de la crise et l’opacité sur le nombre des victimes dans les EHPAD. Dominique Bussereau, le président du Conseil départemental de Charente Maritime, a poussé un « coup de gueule » retentissant après avoir appris incidemment, en lisant Sud-Ouest, le décès de 16 résidents d’un EHPAD à Tonnay-Charente. Ni lui, ni ses services, ni le maire, ni le préfet de Région n’avaient été informés de ces décès alors qu’ils constituent le tiers de ceux liés à la Covid-19 dans le département. Il dénonce les dysfonctionnements de l’Agence régionale de santé, « une machine devenue extrêmement technocratique ».
Beaucoup de familles estiment que la dureté du confinement, au lieu de protéger les personnes âgées, a précipité leur déclin quand bien même elles avaient été épargnées par le coronavirus. L’assouplissement des règles en vigueur dans les EHPAD à compter du 5 juin n’a pas suffi à les rasséréner. Les « recommandations » du ministère de la Santé aux directions des établissements d’autoriser une reprise des visites des proches à condition que la situation sanitaire le permette, sont laissées à l’appréciation des directeurs des EHPAD, et certains se montrent fort rigides. Face à cette situation, un collectif a envoyé à Emmanuel Macron et au ministre de la Santé une pétition : « Pour un déconfinement humain dans les maisons de retraite (EHPAD et résidences) ». Les auteurs dénoncent un « enfermement et une atteinte discriminatoire à la liberté et au droit de sociabilité des personnes âgées ainsi que de leurs proches ». Dans Le Quotidien du Médecin (en lien ci-dessous) un ancien généraliste exprime sa colère de ne pas avoir pu fêter les cent ans de sa mère, pensionnaire d’un EHPAD dans la banlieue de Rouen (Seine-Maritime), à cause « d’une conduite bureaucratique dénuée de sentiment humain. »